Interview. Jean Goubald : « Chercher des stratégies pour continuer »

Mercredi 6 Août 2014 - 17:27

Attendu depuis plus de trois ans, Norme, le nouvel opus du guitariste tout aussi habile de ses doigts que de sa voix et expert en vers face au micro, est dans les bacs comme s’il n’y était pas encore. Un défaut de promotion serait à la base de cette méconnaissance du grand public, et, comme si cela ne suffisait pas, les pertes successives, en l’espace d’une semaine, de Clovis Sombete et Lando Batibuka respectivement manager et producteur de l’artiste ne sont pas d’ordre à lui faciliter la tâche. C'est ce qu’il nous confie dans cette interview.

Les Dépêches de Brazzaville : Comment expliquez-vous la sortie en douce de Norme sur le marché du disque depuis quelques mois sans que la plupart des mélomanes ne se doute de rien ?

Jean Goubald : C’est partiellement vrai. Nous avons commencé avec un premier lot d’essai mais la sortie officielle de l’album a été retardée parce que j’étais en pleine période de session. Mais voilà qu’au moment où nous pensions le faire, le producteur s’en va. Il meurt. Le pire, j’ai subi un double drame. Il y a d’abord eu la disparition du manager, Clovis Sombete et quelques jours plus tard, Lando Batibuka, le producteur. C’est pourquoi nous sommes à présent obligés d’essayer d’assurer la suite des affaires par nous-mêmes.

LDB : Un coup dur en un laps de temps, une semaine …cela doit avoir porté un coup sur la machine… ?

JG : En une semaine, oui. En l’espace d’une semaine, nous avons perdu deux personnes avec qui nous travaillions. Ils étaient d’ailleurs les piliers de cette tâche que je m’efforce de réaliser pour la promotion et la vulgarisation de l’album. C’est vraiment un choc.

LDB : Comment y faites-vous face en ce moment ?

JG : Nous sommes humains de toute façon. Nous savons que la mort frappe quand elle veut, cela nous a fait mal. Mais l’on se doit de regarder de l’avant, chercher des stratégies pour continuer.

LDB : Peut-on avoir une petite idée de ce que vous envisagez de faire ?

JG : Il y a des demandes dans les provinces et un peu partout ailleurs. Nous serons obligés de nous y mettre pour assurer une grande production. Entre autres, sortir un lot important de disques pour répondre à la demande de l’intérieur du pays, en expédier en Europe et un peu partout dans le monde.

LDB : Norme est-il disponible chez les disquaires ici à Kinshasa ?

JG : Il y en avait là où je me produisais assez régulièrement, aux « Extrêmes », à l’« Extrême- Ma Campagne » et à l’« Extrême- Kasa-Vubu ». Il y en a à Mikeno Lodge, à Kasa-Vubu. Mais l’on pouvait aussi en trouver auprès des marchands ambulants et vendeurs à la sauvette. Ils traitaient directement avec le producteur, je ne sais pas de combien d’exemplaires se constituait le lot qui leur avait été fourni et combien il en reste. Et donc, les gens qui œuvraient avec le producteur devraient me fixer sur la sujet de sorte que j’en aie une idée claire pour savoir de quelle manière procéder pour la suite de la distribution.

LDB : Comment pensez-vous procéder pour prendre les choses en mains et ne pas accuser un plus grand préjudice encore ?

JG : Je vais me faire aider par une équipe des gens que je connais déjà. Nous avons en vue de nous y mettre à fond. Pour l’heure, il y a des rôles qui ne seront pas tenus par des personnes spécifiques. Nous devrons assumer les tâches dévolues au manager et au producteur. Nous prévoyons de nous y consacrer sérieusement car personne d’autre ne le fera à notre place.

LDB : Outre l’album, n’y aurait-il pas aussi des soucis à gérer au niveau de l’agenda régulier des productions planifié par le producteur ?

JG : Certes, oui. Mais là nous verrons comment va se faire la gestion des « Extrêmes ». Je ne sais pas qui va s’occuper de la succession, comment il va s’y prendre. Mais, entre-temps, nous allons continuer à jouer ailleurs.

Propos recueillis par

Jean Goubald