Interview. Elie Aganze : « Nous avons créé des modèles en fonction des physiques des mannequins »

Mardi 1 Mai 2018 - 15:24

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"Toza Fier", le défilé de mode organisé par la Fondation Kontinental dans le but de valoriser les personnes vivant avec handicap, a connu la participation de jeunes stylistes parmi lesquels les créateurs de Mode Monde venus de Kampala. Dans cette interview accordée au Courrier de Kinshasa, l’un des stylistes de cette nouvelle marque africaine apprécie le caractère exceptionnel de l’événement.

 Le styliste Elie Aganze, derrière Esther, le mannequin nain qu’il a habillé  Le Courrier de Kinshasa (L.C.K.)  : Comment pourrait-on vous présenter aux lecteurs ?

Elie Aganze (E. A.) : Je suis Elie Aganze Bishikwabo, fashion designer à Kampala. Avec Jean-Luc Baraka Bisimwa, nous sommes la maison Mode Monde, une nouvelle griffe créée par des jeunes africains qui espèrent devenir comme Gucci, Louis Vuitton ou bien d’autres grands noms de la mode. Nous avons l’ambition de porter l’industrie de la mode africaine au niveau de celle de l’Europe ou des Etats-Unis.  

L.C.K. : Qu’est-ce qui vous a conduit de Kampala à "Toza Fier" à Kinshasa ?

E A. : Après avoir vu notre travail sur notre page Facebook, la Fondation Kontinental l’a apprécié et nous a invités ici. Elle nous a envoyé les mensurations des mannequins et tous les détails nécessaires. De prime abord, nous étions surpris par le fait qu’il s’agissait de mannequins handicapés, ce n’est pas fréquent. Du reste, c’est la première fois que j’en entendais parler depuis que je suis dans l’industrie de la mode. Nous avons apprécié cette belle idée et comme nous sommes des Congolais d’origine, nous avons voulu revenir dans notre pays et la soutenir. Nous avons créé des modèles et avons cousu des vêtements sur mesure pour les mannequins. Nous les avons emmenés ici et ils ont été portés sur le catwalk, c’était vraiment très beau, merveilleux.

L.C.K. : Quel était le modèle le plus difficile à concevoir ou à réaliser et pour quel mannequin ?

E. A. : Ce n’était pas si difficile que cela mais il fallait nous focaliser sur la robe de la naine, Esther. Nous avons mis beaucoup d’intelligence et d’attention sur cela. Étant donné qu’elle est très courte, nous avons voulu l’élever à partir de ses vêtements. C’est ainsi que nous avons fait pour elle une robe exceptionnelle. Le travail n’était pas vraiment difficile, nous avons créé des modèles en fonction des physiques des mannequins. Nous avions reçu des photos et nous avons vu qu’il y en avait un qui n’avait pas de jambes et un autre pas de bras, nous avions eu tous les détails. Nous avons donc créé des modèles à partir des photos et mesures que nous avions reçues.

L.C.K. : Quel a été votre coup de cœur personnel à la suite du défilé ?

E.A. : Je n’étais pas dans le public, parce qu’il fallait que j’assure l’habillage des mannequins. Toutefois, j’ai adoré vraiment le gilet noir et or porté par Dorcas, la fille avec un demi bras, tout comme la robe d’Esther, son bleu, je l'ai adoré.  

L.C.K. : Sur quoi les créations de Mode Monde se fondent-elles habituellement ?

E .A. : Nos créations se fondent souvent sur la jeunesse et notre nouvelle collection Yani, un nom de feuilles. Nous avons voulu faire autre chose que des chemises ou des vestes. Yani est inspiré des feuilles, c’est un autre genre d’habit que nous perfectionnons au fur et à mesure. Nous voulons qu’au fil du temps, le yani soit aussi classifié comme un genre de vêtement à l’instar des vestes, gilets, etc.

 

 

Propos recueillis par Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo : Le styliste Elie Aganze, derrière Esther, le mannequin nain qu’il a habillé

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