Interview. Caleb Djamany : « Le problème de la radicalisation aujourd’hui est lié à un manque de repères des jeunes »

Mardi 26 Juillet 2016 - 17:59

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Caleb Djamany est le président de l’ASBL Soleil Levant, basée à Charleroi en Belgique. Cette structure organise plusieurs évènements à caractère culturel et intergénérationnel contribuant au vivre ensemble. L’un des évènements phares est le gala d’humour « Rions ensemble contre le racisme », dont la septième édition aura lieu le 20 septembre.

Les Dépêches de Brazzaville : Pourquoi avoir initié le festival « Rions ensemble contre le racisme » ?

Caleb Djamany : l'un des objectifs de notre ASBL est de lutter contre toute forme de discrimination. Plutôt que d’indexer ceux qui se livrent au racisme, nous avons préféré organiser des rencontres interculturelles qui sont des moyens pour favoriser le brassage des cultures. Ces moments de partage peuvent nous permettre de respecter les différences et de connaître l’autre. Le festival « Rire ensemble contre le racisme », qui existe en France depuis une quinzaine d’années, nous avait intéressé. Nous avons proposé aux organisateurs de pouvoir délocaliser ce festival et de lui apporter une touche belge, précisément wallone, car le festival se déroule en français, même si nous recevons également des humoristes néerlandophones. Ils ont trouvé l’idée très intéressante. Nous avons donc donné une touche belge à « Rire ensemble contre le racisme » que nous avons nommé ici « Rions ensemble contre le racisme ». La première édition a été lancée en septembre 2012 et avait comme parrain Pascal Légitimus qui nous a apporté un grand soutien. Aujourd’hui, nous préparons la septième édition.

LDB : Quel bilan tirez-vous des six premières éditions ?

Le public continue à nous faire confiance et les gens continuent à venir aux évènements. On nous sollicite pour organiser des spectacles dans d’autres villes. Au mois de mars dernier, nous étions invités à Bruxelles. Nous étions également invités en septembre 2013 à Louvain-la-Neuve. C’est un bilan encourageant car cela démontre qu’il existe des personnes qui croient en notre démarche, la respecte et nous encourage. Cela nous permet également de créer des synergies avec d’autres structures et de grandir. Ce genre de rencontres constituent également une opportunité pour les artistes d’aborder largement la question du racisme, chose qu’ils ne peuvent toujours pas faire dans leurs œuvres, au risque de tomber dans une sorte de clichés. Cela permet également de créer une synergie entre les artistes. Ainsi, Pascal Légitimus a rencontré Richard ruben pour la première fois en 2012 à notre spectacle. En 2015, il a coécrit un nouveau spectacle pour Richard Ruben, avec lequel ce dernier tourne aujourd’hui aussi bien en Belgique qu’en France.  

LDB : Quel est l’impact du festival ?

CD : Chaque évènement que nous organisons s’accompagne toujours d’une démarche pédagogique qui donne une plus-value à l’évènement. Et « Rions ensemble contre le racisme » ne fait pas exception à la règle. Il faut combattre le racisme et la discrimination. L’un des moyens de le faire est d’approcher un public victime de racisme et discriminé avec des solutions pour faire face au racisme. Ainsi, chaque évènement que nous organisons est accompagné d’une conférence pédagogique destinée aux écoles principalement. Le travail que nous devons faire est important pour les jeunes. Pendant ces conférences pédagogiques, les débats sont animés par des personnalités issus de l’immigration, comme cela a été le cas avec Youssoupha par exemple, sur notre thème récurrent qui est « Quel est mon regard face au racisme et à la discrimination ?». Ces personnalités partagent ainsi leur expérience avec les jeunes. Le problème de la radicalisation aujourd’hui est lié à un manque de repères des jeunes. Leurs parents et eux-mêmes sont victimes de racisme et sont discriminés. En Belgique, ils sont considérés comme étrangers et, dans leur pays d’origine, ils sont considérés comme des Belges. Il fallait donc trouver un cadre pour permettre à ces jeunes de discuter avec des personnalités issues de l’immigration qui ont été confrontées à la discrimination mais qui ont trouvé le moyen de s’en sortir.

LDB : Quels sont les projets de l’ASBL Soleil levant ?

CD : Nous souhaitons créer des ponts de solidarité entre le Nord et le Sud. Nous travaillons sur un projet avec le Bénin en vue de rencontrer des humoristes béninois qui pourraient collaborer avec des humoristes belges sur des spectacles écrits ensemble. Ils pourraient ainsi partager leurs expériences. Nous avons été au Bénin l’année dernière et ils étaient très intéressés par le projet. Cela nous permet également d’avoir une représentation à l’extérieur de la Belgique. Au Bénin, la démarche ne sera pas relative à la lutte contre le racisme mais plutôt au brassage des cultures.

LDB : Et au Congo, où nous avons notamment le festival Toseka ?

CD : J’ai beaucoup de respect et d’admiration pour les organisateurs de ce festival car je sais que les choses ne sont pas toujours faciles. J’ai vu qu’ils ont reçu Rachid Badouri l’année dernière. J’apprécie d’autant plus que certains artistes, comme Kody, que nous avons produits à nos évènements ont également presté au festival Toseka. Ils ne nous ont dit que du bien de ces organisateurs.

Patrick Ndungidi

Légendes et crédits photo : 

Caleb Djamany

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