Interview. Basile Ngangue Ebelle « Le Congo doit avoir beaucoup de confiance en la culture »

Samedi 10 Janvier 2015 - 12:45

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Basile Ngangue Ebelle est le fondateur du Festival internationale du film panafricain de Cannes et aussi producteur animateur d’Ebne show qui valorise les musiques et cultures du monde. Créé depuis 2004, son festival reste pour certains artistes une passerelle avec le Festival international de cannes. En 2014, il a connu la participation d’une importante délégation congolaise. Arrivé à Brazzaville à la 2e édition du festival Tazama, il nous fait connaître la vision de son festival et aussi celle du cinéma.

Les Dépêches de Brazzaville : Présentez-nous le Festival international du Film panafricain de cannes

Basile Ngangue Ebelle : Le Festival international du film panafricain de Cannes a été créé, il y a onze ans, en 2004. Lorsque je suis arrivé à Cannes, la capitale internationale du cinéma il y a une quinzaine d’années, je me suis rendu compte de l’absence du cinéma panafricain dans ma ville et je  me suis dit que je pouvais faire quelque chose en tant que citoyen français et africain afin que nos cultures puissent se rencontrer. La meilleure des choses était de créer un festival. Et  aujourd’hui, je suis heureux de voir qu’il grandit . En onze ans, il reste encore un festival qui se développe et trouve son rythme de croisière.

LDB : Pourquoi avez-vous eu l’initiative de mettre en place ce festival ?

BNE : Nous avons la chance d’être dans la ville où il y a l’un des plus grands festivals au monde. Cannes est une ville de cinéma mais aussi une dynamique entrepreneuriale, une ville de congrès, l’une des belles vitrines françaises dans cette dynamique entrepreneuriale. j’ai pensé à ce qui pouvait faire du bien au cinéma panafricain et au reste du monde. Faire ce festival était pour moi un moyen de montrer à la face du monde qu’il existe une créativité africaine importante et qu’elle fait  partie intégrante de ce patrimoine et de ce monde dans sa globalité. L'objectif de ce festival est aussi de servir de passerelle. Parfois pour certaines personnes, pour arriver au festival de Cannes, il y a beaucoup d’appréhension et ce qui fait que généralement les panafricains font de mon festival une entrée au festival de cannes. Cela leur permet de voir, de palper, de sentir un autre environnement et surtout un bon palier parcequ’il leur donne une expertise de voir comment les  choses peuvent se passer . Le fait de rencontrer d’autres réalisateurs aussi bien panafricains que d’ailleurs les rassure et leur donne la dynamique de continuer. Nombreux qui sont passés à mon festival ont enclenché au festival de Cannes. Cette année, il se tiendra du 29 avril au 03 mai et il y a ceux qui viennent et restent jusqu’au festival de cannes. Car l’industrie culturelle en général s’interinfluence. Ce sont des continuités et des complémentarités.

LDB : Comment êtes-vous arrivé au cinéma ?

BNE : On vient  avec des modèles. Et je fais partie de cette génération d’Africains qui sont nés après les indépendances africaines et qui, en grandissant, ont bénéficié aussi jusqu’à la fin des années 70 le fait d’aller au cinéma. Car on trouvait encore de nombreuses salles de cinéma en Afrique. Nous avons appris à voir des films et apprécier cette façon de communiquer. L’Afrique a eu une belle plate-forme comme le Cameroun et la Côte d’ivoire qui étaient des belles plates-formes culturelles et on y rencontrait beaucoup la diaspora africaine. Un moment, le cinéma américain m’a fait beaucoup de bien. Et par la même occasion, la naissance d’un cinéma africain m’a donné l’envie de rêver et par l’image on fait passer beaucoup de choses, elle nous permet de reconnaître l’autre, s’identifier et se réaliser. Pour exister, nous avons besoin de l’image et le cinéma est une expression de ce qui va devenir le monde demain. En tant que cinéphile et entrepreneur, le monde de demain, nous allons le construire par l’image.

LDB : Pourquoi à la dernière édition de votre festival y a-t-il eu une présence remarquable des Congolais ?

BNE : il faut dire que cette délégation était aussi dirigée par Claudia HaÏdara Yoka.  Elle a fait une excellente démarche et je reviens en amont au travail fait par Marcelle avec son journal. Elles sont partenaires de mon festival. Elles ont impulsé des projets.  J’apprécie le Congo pour cela et çà été un moment important. Tima, Amog, Roch, Claudia et Marcelle se sont retrouvés à Cannes et ont mis en place une belle plate-forme qui n’aurait peut-être pas vu le jour si les choses s'étaient passées à Brazzaville. Et cela nous a permis de montrer ce que le Congo veut faire. Car nous avons eu la présence importante de  la présidente du palais des festivals de Cannes Mme  Anne Pierre Rex qui représentait le maire de Cannes. C’était une rencontre du Congo avec les décideurs cannois, c’était une passerelle qui a donné naissance à pas mal de fruit. Et si on regarde la diversité que l’on retrouve dans le festival Tazama, on voit cette belle et fructueuse collaboration.

LDB : Que pensez-vous du festival Tazama ?

BNE : Ce festival a beaucoup d’avenir.  Lorsque je vois la dynamique des femmes africaines d’hier,  d’aujourd’hui et de demain, on ne peut que voir la chose rose. C’est  une idée magnifique et extraordinaire qu’a eue Claudia, l’Afrique a  besoin de ses femmes pour avancer.  Le Congo doit avoir beaucoup de confiance en la culture qui est un tout et aussi le sens du monde.

 

 

Hermione Désirée Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Basile Ngangue Ebelle