Institut français : coup de projecteur sur le catch congolaisSamedi 6 Septembre 2014 - 6:00 La Halle de la Gombe réserve pratiquement un mois, du 19 septembre au au 18 octobre, à l’exposition photo de Colin Delfosse Les sorciers du ring et catcheurs congolais dont le vernissage sera suivi d’un spectacle de catch À n’en point douter, la série de photos de Colin Delfosse que l’Institut français (IF) s’apprête à exposer mérite bien son titre : Les sorciers du ring et catcheurs congolais. L’unique cliché dévoilé jusqu’ici, repris dans la programmation, en livre un aperçu qui laisse deviner la suite. Plus proche d’un personnage d’outre-tombe qu’autre chose, la photo du guerrier Maséké (cornes), nom attribué assurément en référence aux cornes d’antilope dont il se coiffe, en est une illustration parlante. Ainsi, plus que tout, l’exposition devrait confirmer qu’en RDC, mais beaucoup plus particulièrement encore à Kinshasa, catch rime avec fétiche, n’en déplaise au catcheur Mwimba Texas, qui constitue l’une des rares exceptions dans le milieu où les pratiques occultes ont acquis leur droit de cité. À Kinshasa, comme partout ailleurs dans le monde, le catch est avant tout un spectacle, mais à la différence qu’ailleurs on parle tout de même de sport-spectacle alors que dans notre capitale la part du spectacle l’emporte toujours. Si ailleurs, le catch est pratiqué par des professionnels s’inspirant de différentes techniques de lutte, le plus souvent ici c’est à la vue de pratiques peu orthodoxes que le public se déchaîne. Qu’importe que cela plaise aux uns et pas autres ! Du reste, comme l’annonce l’IF, le spectacle programmé à la suite du vernissage devrait suffire pour donner raison à Colin Delfosse. En effet, la Halle de la Gombe accueillera bien des « sorciers » sur le ring qu’il érigera la soirée du 19 septembre, car c’est en costumes traditionnels que les catcheurs s’y affronteront. Et ici, il y a lieu de s’imaginer les accoutrements les plus étranges faits en majeure partie de peaux de bêtes alors que les corps peinturlurés ou badigeonnés d’on ne sait quelle mixture contribuent à créer l’ambiance mystique propice aux incantations et autres pratiques du genre. Sur ce point, la Halle n’aura pas menti quand elle a fait savoir qu'à l’occasion de la rencontre de vendredi le public aura droit à « un spectacle où l’apparence compte davantage que la performance ». Rien de bien étonnant en cela s’il faut considérer le fait que de nombreux féticheurs se sont improvisés catcheurs. Avec en tête de file le légendaire Edingwe moto na Ngenge qui a fait son temps. Ce n’est en tout cas pas un Kinois qui sera surpris de la présentation que l’IF fait du catch congolais qu’il présente comme « l’un des sports les plus étranges et décalés de la planète », n’en déplaise encore une fois ici au célèbre catcheur albinos Mwimba Texas, farouche opposant aux catcheurs-féticheurs. Il fait partie de ceux pour qui le catch classique reste de mise, sachant que la priorité reste l’entraînement sportif. Mais dans la réalité du quotidien, il n’y a pas à dire, le fait est que le mélange fétiches et techniques de combat est flagrant et la part belle est souvent faite aux fétiches. Les catcheurs ne s’en cachent pas. Face à des pratiques qui frisent la magie noire ou apparentées à des comportements de zombies comme se planter une machette dans la tête ou arracher les tripes de son adversaire ou aller jusqu’à sortir son œil de son orbite et à le manger, on ne peut pas en déduire autre chose. La Halle aurait donc raison de dire que le catch congolais n’a pas son pareil sous d’autres cieux. À coup sûr, pour l'IF, « il ne ressemble à aucune autre discipline ». Nioni Masela Légendes et crédits photo :Photo : Guerrier Maseke (cornes en lingala). (© C. Delfosse)
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