France : La commune de Loudun, première étape de la tournée européenne du groupe Ndima

Lundi 4 Juillet 2016 - 16:00

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Unique groupe africain invité au Festival du film ethnographique du Loudinais (centre-ouest de la France), l’orchestre traditionnel congolais Ndima, composé essentiellement des autochtones Akas et conduit par le manager Bantou Sorel Eta, s’est produit le samedi 2 juillet devant un public qui le découvrait pour la première fois. Cette prestation marque la première étape de sa tournée européenne qui va durer près de deux semaines.

C’est dans la salle des spectacles du centre culturel René Monory de Loudun que le groupe Ndima s’est produit. Peu avant la prestation des artistes de Ndima le public, qui a occupé les trois quarts des 400 sièges du centre culturel, a d’abord eu droit à la projection du film intitulé « les pygmées du Congo » du réalisateur français Francis Salvador.

Ce film d’une durée de cinquante minutes a été tourné en deux séquences ces deux dernières années chez les Mbendzélés de la Sangha et les Akas de la Likouala dans le nord du Congo où certains de ces peuples autochtones demeurent conservateurs.

D’après Francis Salvador les premières traces des peuples autochtones (longtemps connus sous l’appellation pygmées) remontent à plus de 2.000 ans avant Jésus Christ.

A ce jour, a-t-il affirmé, on dénombre quelque 250.000 individus répartis sur les territoires du Cameroun, de la Centrafrique, du Gabon, du Congo et de la République démocratique du Congo.

C’est à la fin du film que les six artistes du groupe Ndima vêtus de raphia et des cache-sexes ont fait leur apparition sur la scène sous une fraîcheur estivale ‘’supportable’’.

Pendant un peu plus d’une heure ils ont joué aux tambours et à l’arc musical, puis dansé sans s’arrêter ou presque sous des applaudissements nourris. Le yodle (genre musical dont les autochtones détiennent seuls le secret) a retenti pendant longtemps devant un public composé des personnes adultes et des petits enfants venus des quatres coins de Loudun, une joviale communauté urbaine de 7.000 habitants.

« Ces chants du groupe Ndima sont quelque chose de merveilleux », s’est réjoui Patrick Bernard, président de la Fondation Anako organisateur du Festival du film ethnographique du Loudanais qui n’est qu’à sa deuxième édition.

« Ce n’était pas du tout   évident de faire venir autant de gens d’une petite ville pour assister au spectacle. Ils ont vu et écouté  des gens dont ils ignoraient la provenance », a-t-il commenté.

« Mon petit doigt me dit que c’est le début d’une longue histoire avec Sorel Eta et les Akas », a laissé entendre Patrick Bernard qui porte un regard sensible et se consacre depuis 40 ans aux peuples des traditions orales les plus menacées.

La Fondation Anako a placé son festival sous  le signe des derniers chasseurs cueilleurs itinérants de la planète. Elle lutte pour la survie de leur mode de vie, en préservant leur patrimoine immatériel et culturel.

« Aujourd’hui les dernières tribus autochtones sont menacées par les déséquilibres engendrés  par notre mode de développement », a reconnu Joël Dazas, maire de Loudun.

« Participer à leur protection et les écouter dans le message qu’ils ont à nous transmettre fait partie des clés de notre avenir, pour que nous retrouvions cet équilibre entre l’homme et la nature que nous avons si souvent mis au second plan », a soutenu M. Dazas.

Peu avant de quitter Loudun pour Paris (France)  et Rudolstadt (Allemagne) pour la suite de sa tournée, le groupe Ndima  a été honoré : son manager Sorel Eta s’est vu octroyer la toute première bourse de la Fondation Anako pour poursuivre son travail de collecte et de conservation de la mémoire des populations autochtones Akas. La Française Lauria Lorillard, qui a souvet travaillé sur les Senoufos en Côte d’Ivoire, est également lauréate de cette bourse.

En plus un accord de jumelage devra être signé entre l’ethno musée de la Fondation Anako, logé dans le château de Verrière près de Loudun, et celui de Sorel Eta basé à Brazzaville.

« Avec le peu de moyens il nous faut aider Sorel », a promis Patrick Bernard.

Ndima a fait du tourisme  

Les jours qui ont précédé la première prestation de Ndima ont été marqués par des visites touristiques près de Loudun, notamment dans la ferme de Sèmechoux où le couple Sarah et Quentin Sigonneau tient un élevage de chèvres depuis 2009. Dans cette chèvrerie de 12 hectares on dénombre une centaine de bêtes dont 55 laitières.  Au terme de la visite, les autochtones ont pu goutter du fromage fraîchement sorti de la fromagerie.

Dans la ferme de Lassay opérationnelle depuis 1972, ils ont pu voir quelque 140 vaches destinées au renouvellement du troupeau laitier.

Dans la commune de Berrie les autochtones ont pu visiter une parcelle de vigne avant de se rendre dans un Chai (endroit où se fabrique du vin) tenu par Isabelle Saumur. Les locaux abritant le Chai datent du VIIème siècle. Une dégustation a été organisée à leur honneur dans une cave.

La grande immersion a eu lieu à l’ethno musée de la Fondation Anako dans le château de Verrière (vieux de sept siècles) où les Akas ont visité des expositions sur les ‘’mondes en sursis’’ y compris le leur. Il s’est agi en principe d’un voyage au cœur de l’humanité.

L’ethno musée d’Anako est un espace d’expositions et de documentation sur plus de 600 mètres carrés disposant de six salles d’expositions et de projections…

« On est là pour montrer les peuples qui n’ont pas pu écrire ; qui n’ont pas leurs histoires gravées dans les vieilles pierres », a expliqué Patrick Bernard aux visiteurs.

« On change les expositions tous les deux ans. Après l’exposition sur les Amérindiens, nous montrons cette fois-ci les chasseurs cueilleurs itinérants qui ne sont plus que quelques Indiens en Amazonie, des pygmées en Afrique centrale et quelques individus en Asie », a-t-il ajouté.

Loudun en quelques mots

La cité de Loudun est bien visible sur la carte de la France, mais elle est apparemment peu connue de certains Français. Pour s’en rendre compte, il suffisait de dire à un correspondant au bout de fil que le groupe Ndima a pris ses quartiers à Loudun pour qu’il réponde à son tour : « Loudun ! Aucune idée ».

Cette cité de 7.000 âmes doit, entre autres, sa célébrité à son enfant Théophraste Renaudot qui y naquît en 1586 et donna son nom plus tard à un célèbre prix de littérature.

Dans le hall de la mairie est installé un tableau sur lequel on peut lire tous les noms des Loudinais morts pendant les deux grandes guerres mondiales. Loudun est une importante zone agropastorale : on trouve presque partout des champs de blé, de maïs ou encore des fleurs appelées ‘’soucis’’ et surtout des fermes où sont élevés des vaches laitières, des bovins, des chèvres.

 

La Rédaction

Légendes et crédits photo : 

Le groupe Ndima du Congo sur scène dans la salle des spectacles du centre culturel René Monory de Loudun en France/ photos DR

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