Fondation Calissa-Ikama : création d’un centre d’oncologie pédiatrique à Brazzaville

Samedi 17 Mai 2014 - 1:15

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Avec la réouverture de l’hôpital mère-enfant Blanche-Gomez prévue en 2015, la Fondation Calissa-Ikama veut solidifier ses acquis avec la signature prochaine d’un accord de partenariat tripartite en France mais aussi dans la recherche de fonds

Les Dépêches de Brazzaville : Quels sont les atouts du protocole d’accord qui va être signé sous peu en France entre votre fondation, le Groupe franco-africain d’oncologie pédiatrique (GFAOP) et l’hôpital Blanche Gomez ? 
Yolande Ketta-Mbanguyd : Le but de ce protocole d’accord est de permettre à la GFAOP et notre fondation d’avoir un support pour les prestations qui se réaliseront à l’avenir. Cet accord vient pour sécuriser la Fondation Calissa-Ikama et l’organisme d’État qui accueillera le centre afin de poursuivre notre démarche dans la légalité. Quand on s’engage dans de grands projets, il faut un support pour consolider et sécuriser ce qu’il y a à faire.

Mais l’hôpital mère-enfant demeure fermé. De quelle manière et quand la mise en œuvre de cet accord prendra-t-elle effet ?
L’hôpital est en pleine réhabilitation, mais devrait ouvrir à compter de l’année 2015. Le service d’oncologie pédiatrique ne pourra être installé qu’à la réouverture. C’est pour cette raison que la campagne d’appel à la solidarité continue, afin que la fondation puisse collecter l’argent qui permettra la mise en place du centre d’oncologie pédiatrique et du matériel. La capacité du service sera de trente, et même de trente-deux lits à la charge de la fondation.

Pour les collectes de fonds déjà organisées, quelles sont les initiatives prises et qui sont ceux qui vous ont soutenus ?
La collecte de fonds a été organisée le 15 févier pour la Journée internationale de lutte contre le cancer chez l’enfant. La Fondation Calissa-Ikama a lancé une journée de solidarité durant laquelle nous avons pu communiquer sur nos actions et faire comprendre aux donateurs que nous avions besoin d’eux. Nous avons pu regrouper près de 92 millions FCFA qui ont permis d’envoyer un pédiatre en formation à Dakar, d’acquérir les médicaments arrivés récemment et de lancer le projet Cancer Infoline qui permettra de répondre aux questions de la population qui manque de connaissances sur la maladie. La collecte a été soutenue par des entreprises du Congo grâce à qui des enfants vont être soignés dès cette semaine.

Que reste-t-il à faire pour soutenir ce projet de lutte contre le cancer chez l’enfant ? Et qu’entend faire la fondation pour réunir plus de fonds ?
De l’argent, il en faut et il en faudra encore. Nous avons besoin de près 80 millions pour créer le centre d’oncologie pédiatrique. D’ici la rentrée prochaine, nous avons prévu un marathon pour lancer une collecte de fonds. Nous avons aussi prévu une collecte dans des urnes. Nous pensons qu’il était nécessaire d’en installer dans les grands espaces de la ville. Les structures qui accepteront les urnes deviendront nos partenaires.

Que pouvez-vous nous dire de la genèse de la fondation ?
Elle a été créée à la mort de Calissa qui était atteinte d’un type de cancer rare chez l’enfant et pour qui nous avons créé la fondation. Après ce traumatisme, nous avons pensé que si nous étions victimes, d’autres parents aussi pouvaient souffrir. Nous voulions donner à d’autres la possibilité de soigner leurs enfants. Après six ans, nous commençons enfin à élaborer les grands projets de la fondation.

À quels autres projets la Fondation Calissa-Ikama entend-elle se livrer pour rester proche des personnes qui souffrent ?
Les champs d’action sont nombreux, mais la fondation se focalise sur la lutte contre le cancer chez l’enfant. Nous pensons aussi aux parents d’enfants malades qui sont parfois dans la détresse. Nous souhaiterions créer une Maison des parents. Ce serait un bâtiment construit pour recevoir ceux qui viennent au centre pour soigner leurs enfants. Il ne faut pas oublier que le traitement suivi par les malades du cancer dure environ six mois. Un parent qui accompagne l’enfant dans cette maladie abandonne tout pour se consacrer au suivi de l’enfant. La fondation va prévoir une Maison des parents pour abriter les familles qui vivent loin du centre. Cela permettra aux proches des malades de ne pas déprimer pas et de se sentir également suivis.

Vous venez d’effectuer une remise de médicaments pour une chimiothérapie gratuite au CHU. Qu’en est-il des autres hôpitaux de la ville ?
Pour le traitement du cancer, il n’y a que le CHU de Brazzaville qui rassemble la qualification nécessaire. Il est beaucoup plus structuré et beaucoup plus grand. Les médicaments utilisés sont des médicaments dangereux qu’il faut manipuler avec soin. Il faut donc des médecins expérimentés qu’on ne trouve que dans ce centre hospitalier.

Quelle vision avez-vous du service hospitalier congolais en proie à de nombreux manquements ? Quel est le service hospitalier que vous souhaitez pour le Congo ?
Tous les Congolais ont une idée du service de santé. Les résultats sont là, visibles, sous nos yeux, tout comme les manquements et les projets. On compte sur ces projets, sur le développement, l’avancement des travaux pour que le Congo sorte du gouffre sanitaire. C’est le seul moyen pour que l’on soit à l’aise dans notre pays et en confiance entre les mains des traitants.

Dans votre cheminement, quel a été le soutien des autorités congolaises ?
Nous n’aurions pas pu entreprendre d’aussi importantes démarches sans l’encouragement de nos autorités. Cela n’est pas un moindre soutien, et la création du centre d’oncologie dans une structure étatique témoigne de leur confiance.

Propos recueillis par Luce-Jennyfer Mianzoukouta et Maëva Bemba

Légendes et crédits photo : 

Photo : Yolande Ketta-Mbanguyd. (© DR)