Fally Ipupa conjugue musique et engagementSamedi 23 Mai 2015 - 9:07 Depuis le début de sa carrière solo en 2006, Fally Ipupa est devenu l'un des artistes les plus populaires et demandés d'Afrique. Un succès qui lui permet de parcourir le monde comme ambassadeur de la culture congolaise, entre musique et projets humanitaires. Si Fally Ipupa s’est d’abord fait connaître à la fin des années 90 avec le groupe Quartier Latin, dirigé par la star congolaise de la chanson Koffi Olomidé, aujourd'hui toute l'Afrique danse sur son dernier titre, Original vu près de 7 millions de fois en un an. Sorti de son folklore, Fally n'en demeure pas moins un artiste engagé. Une facette de sa personnalité encore peu exposée. « Je ferai tout pour aider mon peuple » En 2013, il donne son nom a une fondation qui envoie des ambulances dans la région du Kivu pour venir en aide aux nombreux déplacés de guerre et aux femmes victimes de violences sexuelles. L'hôpital de Denis Mukwege à Bukavu a bénéficié d'une ambulance. À l'époque, ce désormais célèbre docteur qui répare les femmes mutilées n'était pas encore récompensé par le prix Sakharov, Prix des droits de l'homme des Nations unies pour son honorable. Pour récolter les fonds nécessaires, Fally n'hésite pas à solliciter ses camarades artistes et sportifs, ainsi que les grands entrepreneurs. Pour l'heure, la Fally Ipupa Foundation termine la construction d'un forage pour faciliter l'accès à l'eau potable à Kisengo, dans un quartier défavorisé de Kinshasa, la capitale congolaise. « Je suis né à Kinshasa, j'aime ma ville et mon pays, et je ferai tout pour aider mon peuple », confie l’intéressé. Son prochain projet : la construction d’une maternité. Fally Ipupa est également engagé auprès de l'ONG One, cofondée par le leader du groupe U2 Bono, mais aussi de l’Unicef. « Je m'investis à travers ces ONG pour partager mon envie de lutter en faveur des plus démunis », avoue celui qui a participé à des campagnes de lutte contre le virus Ebola et pour l’éradication de la pauvreté grâce à l'alphabétisation et à l'éducation. Libre parcours, un passage de relai Fally est un boulimique de travail. Déjà auteur, interprète, guitariste et danseur, il vient de produire les artistes de son label F’Victeam. Son double album Libre parcours, dans les bacs depuis mars, est d’ailleurs le fruit d'un travail entre Kinshasa, où résident les musiciens, et Paris, où Leny Bidens a réalisé une grande partie du mixage. Les titres sont bien fidèles au style de l’artiste, et varient entre rumba douce et captivante, et rythmes plus enjoués, parfaits pour danser. « La musique, c'est comme l'athlétisme : on se passe le relai. C'est important d'être capable de donner de la force à ses collègues musiciens », affirme Fally. Les artistes ont donc écrit les chansons, tandis que Fally s'est chargé de peaufiner. Un rôle de chef d'orchestre qui lui tient à cœur. « À travers la musique, tu peux distraire le public, mais aussi le sortir de sa détresse. Ma recette est de faire de belles chansons qui parlent d'amour, parce que l'amour englobe tout. L'amour entre frères, entre un homme et une femme, pour sa nation… » Un quatrième album aux sonorités pop Après Power Kosa Leka, son troisième album sorti en 2013, Fally Ipupa achève son quatrième opus, dont la sortie est prévue cet hiver. Sa signature avec la maison de disque Universal laisse présager un nouveau tournant pour sa carrière. L'artiste congolais a teinté sa musique d’un soupçon de pop et a réalisé des duos audacieux et inédits, offrant à ses futurs auditeurs une rumba à la fois futuriste et métissée. Mais pas question de perdre son identité pour autant. « Je vais beaucoup chanter en français, mais le lingala sera toujours présent. Séance après séance, je crée quelque chose qui me dépasse », confie-t-il. Fally a composé quelques titres de son prochain album. Mais une grande partie des productions sonores a été confiée au faiseur de tubes que tout le monde s'arrache, Skalp, et à des membres de son équipe. Cerise sur le gâteau, l'incontournable Fally a été nominé pour la deuxième fois dans la catégorie « Meilleur artiste international africain » aux BET Awards de Los Angeles. Jamais encore un artiste francophone n'a remporté cette distinction. « Gagner ce prix, ce serait faire gagner toute l'Afrique francophone, mais aussi mon pays, la République démocratique du Congo, se plaît-il à rêver. Ce serait une belle victoire pour la musique congolaise, qui manque de visibilité en Europe. » Mais d’ici-là, pas de repos au programme. L’icône congolaise se produira avec les musiciens du Label F’Victeam au Festival des grillades, le 7 juin prochain, à Kinshasa.
Ekia Badou Légendes et crédits photo :Crédits photo: DR Notification:Non |