Exposition: Brazzaville au rythme de Bomoy’a sika

Vendredi 20 Avril 2018 - 20:33

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Bomoy’a sika ou Nouvelle vie en français est l’exposition ouverte, depuis quelques jours, par l’association Art Kintuadi au Pefaco hôtel Maya-Maya pour une durée de deux mois.

L'exposition vente du collectif d’artistes Art Kintuadi, tant par sa représentation de la réalité que par l’utilisation des matériaux issus de la récupération, s’inscrit dans une dynamique de recycler les objets tels les fils de fer, papiers, bouteilles, chaussures, tissus. Ils retrouvent une nouvelle vie à travers des œuvres d’art contemporain afin de leur apporter une autre image qui concourt au bien-être de la société par la création de la beauté et à une meilleure préservation de l'environnement.

Autant de réalités réinventées pour une nouvelle vie, Bomoy’Asika est donc une démarche que les artistes d’art Kintuadi ont adoptée afin d’assurer l’assainissement dans « nos vies et dans nos villes ». C’est aussi un moyen de véhiculer un message auprès des peuples et des gouvernants pour les sensibiliser à l’importance du recyclage et de la transformation des matériaux ou des objets usés qui encombrent l’environnement et polluent la nature.

Dans son mot de bienvenue, Alexandre Becher, nouveau directeur général du Groupe Pefaco hôtels au Congo, en remplacement de Dominique Viard, a précisé : « Cette exposition vente qui sera présente pendant deux mois va vous emmener dans un monde de couleurs, de chaleur, d’émotions, de beauté et d’interrogations. Pourquoi s’interroger ? Parce que l’art est un outil universel et puissant par lequel on peut faire passer des messages plus ou moins engagés. Le collectif Art Kintuadi nous délivre le message suivant : protéger notre planète par tous les moyens car nous pouvons tous contribuer à ce challenge mondial par de tout petits gestes du quotidien... ».

Le plasticien, critique d’art et communicateur artistique, Sigismond Kamanda Ntumba Mulombo, a retracé le sens de cette exposition. Il a rappelé que le monde célébrait, le 21 mars dernier, pour la septième année consécutive, la « Journée internationale des forêts ». Au cours du même mois, la communauté scientifique déplorait la mort de Sudan, le dernier rhinocéros blanc encore en vie. Réchauffement climatique, catastrophes naturelles, disparition des espèces animales ou végétales, fontes des glaciers sont autant des fléaux qui menacent le monde, sinon l’humanité tout entière. Les forums internationaux en parlent. Mais combien d’individus se font entendre là-dessus ?

Suffit-il absolument d’être Al Gore, l’ancien vice-président américain, ou Léonardo Di Caprio, l’acteur aux multiples Oscars, ou encore Nicolas Hulot, le désormais ministre français de l’Environnement, pour élever la voix face à la menace ? s’est-il interrogé. Heureusement, a-t-il ajouté, il existe des milliers d'anonymes qui refusent de rester aphones, malgré l’absence d’outils médiatiques appropriés.

« À force de vivre dans un milieu où il n’est tout simplement pas possible de porter haut sa voix, on peut beau s’appeler Dyclo M’Boumba, Gildas Mimbounou ou Van’ Cruz, on partage le même sort que ces milliers d’anonymes. Mais on crie quand même avec toute la force de ses poumons. Ou plutôt, avec toute l’ardeur de son inspiration car il est bel et bien question de l’imagination. L’imagination créatrice s’entend. Les trois artistes dont nous venons à peine de citer les noms sollicitent aujourd’hui, ce soir, notre particulière attention », a-t-il poursuivi.

Leurs cris se font écho et se répandent à travers la création plastique et pas seulement. Ils ont su rallier à leur idéal le slameur traditionnel Chris Moubola; le rappeur Fall Nkua Ndouenga; le danseur Francis Mpandzou; les percussionnistes Bougerol, Armel Melo et Djovi le Papillon  et l’atelier d’artisanat B.G. (Benj et Nganou Gabriel). Leurs diverses contributions ont été saluées au cours de cette soirée de vernissage.

L’esprit du Ki Ntuadi est l’union, la communion, la solidarité qui les anime depuis quatre ans. Ce collectif s’assigne présentement la mission de plaider pour un monde meilleur par le truchement de l’art. « Bomoy’a sika », leur nouveau concept, les pousse à œuvrer pour une existence nouvelle vilipendant les attentats perpétrés contre l’environnement et la négligence des gouvernants.

Art comme utopie, art comme espace de résistance, espace de rébellion. Mais l’art comme refus de la résignation ou du statu quo. C’est ce que cette exposition a fait découvrir, par l'intermédiaire de Dyclo, Gildas et Van qui ont offert, à travers les trois dimensions de la sculpture, un monde idyllique mais dramatique. Avec la fragilité du papier mâché, c’est la fragilité même de notre existence qu’il nous faut prendre conscience. Le bestiaire et la statuaire convergent vers ce même objectif : nous rappeler que des espèces s’éteignent, que d’autres sont en sursis parmi lesquelles l’espèce humaine, alors qu’un autre monde demeure toujours possible. Un monde guéri de ses blessures et outrages. « La peinture, avec l’utilisation de l’acrylique, souligne davantage le drame qui se joue devant nous, drame dont nous sommes à la fois acteurs et témoins, coupables et innocents mais plus coupable d’innocents. Voilà notre déplorable condition humaine. Soyons tant soit peu utopiques. Refusons de croire que la situation soit irréversible. Accordons-nous pour ne serait-ce que sensibiliser ceux qui peuvent l’être », a lancé Sigismond Kamanda Ntumba Mulombo. Étonnante, vibrante, forte, riche, cette exposition nomade est amenée à voyager au Congo et dans bien d’autres pays.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photos : Les objets d’art exposés

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