Essai : Jean Moutambaka ouvre le débat sur le concept de nation

Sont intervenus lors de la présentation : Anne Marie Kibongui, critique littéraire, Joseph Ona Sondjo, le préfacier de l'ouvrage, Georges Mavouba-Sokate, des Éditions LMI, ainsi qu'Alphonse Kala, directeur départemental du livre et de la lecture publique du Kouilou. 

Le régime présidentiel tournant, à savoir le mandat présidentiel de six ans couplé et conjoint, pourrait être amélioré au terme d’une expérimentation de trente ans. « Le vivre ensemble » de Jean Moutambaka met l’accent sur la vertu du partage, trait de caractère de la vie au village. « Nous sommes des villageois, au regard de la perversion que nous enseigne le modèle de gestion occidental, aujourd’hui pris à défaut par le temps et les vertus civilisatrices africaines appelées à renverser l’ordre des choses pour être exportées en Occident. Sa mise en œuvre permettrait à notre beau pays, le Congo, que chacun aime de tout son cœur, de vivre une paix qui tranchera définitivement avec l’égoïsme, trait de caractère du modèle de démocratie à l’occidentale, où celui qui gagne a la main mise sur tout, au détriment des perdants, occupant, du coup, la position des exhérédés. Est-ce cela notre culture ? » s’interroge Jean Moutambaka.     

« La démarche de Jean Moutambaka est d’abord celle d’une recherche sur les formes de démocraties ayant existé par le passé et les échecs que les pays ayant adopté ces systèmes, ont connu ou connaissent encore », a insisté pour sa part Anne Marie Kibongui.

L’auteur commence ses écrits en déroulant quelques faits d’actualité mondiale ou questions brûlantes de l’heure. Puis il aborde les rapports possibles entre l’histoire et les faits d’actualité, tels la Conférence de Berlin, l’avènement de la V^e république en France, l’échec de l’expérimentation du fédéralisme des États en Europe, etc. « S’il y a un bilan à dresser sur l’expérimentation des démocraties africaines copiées et calquées sur le modèle occidental : il est catastrophique. Les foyers de tension, qui existent à travers le continent, ont entre autres causes, le caractère inadapté aux réalités africaines de la démocratie à l’occidentale. Le bilan, c’est le fait que l’Afrique peine à trouver un modèle de gestion qui lui convienne, en observation de sa double culture dont une composante a été influencée par l’école introduite par les Blancs, de l’orientation que les Africains, eux-mêmes veulent donner à leurs États, de ses réalités traditionnelles », a ajouté Jean Moutambaka. « L’ethnie ou la tribu constituent une réalité sauf que nous ne donnons à ces concepts qu’un contenu totalement négatif », a renchéri Alphonse Kala.

À propos de l’attitude blâmable consistant à prioriser dans toute démarche la question Qui est qui, Georges Mavouba-Sokate répond : « L’environnement dans lequel nous nous trouvions dans la période d’avant et post indépendance n’était pas propice à s’attacher aux origines dans son contexte négatif. Mais aujourd’hui, si ces aspects négatifs existent et que l'on s’y attache, c’est simplement parce que l’on a instrumentalisé cela. » 

« Jean Moutambaka a fait un rêve qu’il partage avec tout le monde. Ce chercheur nous invite à replonger dans l’Afrique d’hier qui voulait que le commandement s’identifie à la chose globale vue par tous. Peut-être que de grandes nations commenceront à germer à partir de cette roue politique : la roue de Moutambaka », a renchéri Joseph Ona Sondjo, qui a signé la préface de l’ouvrage.  

Jean Moutambaka, de son vrai nom Justin Romuald Zalima, est né à Kellé le 17 septembre 1964 en République du Congo. Journaliste et auteur de nombreux articles de presse, l’auteur a un cursus atypique : enseignant, militaire, travailleur social, journaliste, inspecteur des navires, juriste des assurances maritimes, et administrateur en chef du travail. Diplômé de l’École nationale d’administration et de magistrature et de l’Institut du droit maritime international, il est marié et père de quatre enfants. Il est officier et commandeur dans l’ordre du Dévouement congolais.