En librairie, « Le français dans tous ses états » de Russel Morley Moussala

Paru il y a une semaine, Le français dans tous ses états est illustré de photos d’enseignes commerciales dont l’auteur, en fin observateur, a remarqué qu’elles comportaient de nombreuses fautes d’orthographe. Dans une démarche photographique, il a choisi de montrer le milieu dans lequel ces fautes « vivent ».

« Ces photos font office d'illustration. En montrant les images, on pousse le public à faire attention à ce qui est écrit. Certaines fautes sont faites par inattention, d'autres par ignorance. D’autre part, il s’agissait d'introduire une variante en se passant de la démarche habituelle “ne dites pas, dites…” Le visuel attire », explique Russel Morley Moussala.

La préface de Gabriel Mwènè Okoundji rapelle qu’au Congo, le lingala et le kikongo sont les langues véhiculaires permettant de communiquer. Toutefois, le français demeure la langue officielle. Mais le français, langue d’importation, tel qu’on le parle et l’écrit au Congo, présente des singularités, des emplois de mots, des tournures, des métonymies. Ces perles, ces déviations sémantiques abusives, ces néologismes, cette syntaxe malmenée, ces « congolismes » puisent leur sève dans les réalités sociales congolaises doublées de la confrontation du français avec les langues locales.

« Je suis exactement dans mon rôle d'historien en tant que témoin et passeur d'histoire. Ces écrits vivants dans un milieu de vie chargé d'histoire, côtoient des hommes qui sont appelés à évoluer dans le temps et l'espace. Outre les fautes, l'historien montre le décor de vie ou l'ambiance dans laquelle ces fautes vivent. Par ailleurs, je suis né d'un père photographe et mon frère jumeau Steven Lumière Moussala s'est exprimé très tôt dans la photographie d'auteur et d'art », explique Russel Morley Moussala.

Russel Morley Moussala est historien de formation. Actuellement, il poursuit sa démarche photographique d’intégrer le contexte de vie où le sujet vit et s’épanouit avec un documentaire photographique consacré à l’obamaphilie à Brazzaville.