Émile Biayenda : « J’aimerais revenir partager mon expérience avec les jeunes »Mardi 24 Juin 2014 - 17:15 Co-fondateur du mythique groupe Les tambours de Brazza, le musicien sera à Brazzaville le mois prochain où il accompagnera la chanteuse congolaise de jazz Helmie Bellinie. Ce percussionniste confirmé nourrit toujours l’envie de se produire dans la ville capitale qui a vu naître et éclore son talent. Il revient sur son activité et les projets des Tambours de Brazza Les Dépêches de Brazzaville : Depuis 1997 nous n'avons plus vu les Tambours de Brazza sur scène à Brazzaville. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ? Émile Biayenda : Tout simplement pour des problèmes de production. Jusque-là, nous n'avons pas pu trouver une production assez solide pour nous faire jouer au pays. J'ai toujours pensé que si nous devions nous produire au Congo, il fallait que cela se fasse de manière professionnelle avec toutes les conditions réunies afin de montrer à nos compatriotes ce que les autres voient. Le dernier concert des Tambours à Brazza date de 1997 car le groupe a sillonné le monde, de Hong Kong en Chine au Japon, en passant par les USA et l'Europe. Nous avons 7 albums à notre actif, dont le dernier est sorti cette année. LDB : Quels sont ces albums ? E.B. : Congo Drums ; Ahaando ; Zangoula ; Ahaando version japonaise ; Tandala ; Brazza ; Sur la route des caravanes. En ce moment j'ai une nouvelle équipe composée de jeunes. Nous sommes dix sur scène mais en réalité nous sommes seize, plus les réservistes. LDB : Fonctionnez-vous comme un groupe qui se forme selon les opportunités vu que chacun évolue de son côté ? E.B. : Le groupe fonctionne normalement comme tout groupe professionnel. Avec un directeur artistique : moi-même. Nous avons une boîte de production -LMD productions- qui s'occupe de tous nos contrats et organise toutes nos tournées. Les musiciens sont engagés par un contrat d'artiste qui les lie au groupe via la boîte de production. Le groupe reste une entité solide et soudée mais chacun fait ses projets en tenant compte du calendrier et de l'agenda du groupe. En plus, chaque poste est doublé, ce qui nous permet de jouer quelque soit les occupations de chacun. Ce qui permet par exemple à Fredy Massamba de poursuivre sa carrière solo puisqu'il y a Soly qui prend le relais au besoin. LBD : Dans vos albums on retrouve uniquement de la percussion, ou bien vous chantez aussi ? E.B. : Il y a une évolution sur nos albums. Les trois premiers comportent de la percussion et des chants ; ensuite il y a l'apparition de la guitare basse. Et dans le dernier, il y a des arrangements avec des orchestrations modernes. Ce dernier disque, je l'ai travaillé avec Francky Moulet (qui a produit le premier album de Sheryl). Il y a des invités prestigieux comme Ray Léma, Regis Gizavo, Marc Berthoumieux, Gino sistson, Angélou Chevauchet. Il y a, entre autres, l'arrivée des violons, violoncelles, contrebasses, piano et cuivres. C'est une vraie rencontre entre les tambours et les instruments modernes. Le résultat est époustouflant. C'est pour cela que nous avons signé chez Buda Music avec une distribution Universal-France. LDB : Quelle est l’actualité du groupe en ce moment ? E.B. : Nous sommes en pleine tournée d'été, et nous venons de rentrer de Pologne. Samedi prochain, nous serons à Marseille, et le dimanche dans la région parisienne. Ce sera ensuite les vacances et chacun va jouer dans ses projets respectifs. Puis nous nous retrouverons pour une grosse tournée au Brésil durant tout le mois de novembre, suivie d'une autre en janvier au Canada, aux USA et au Mexique. Je vous signale aussi un film documentaire sur les Tambours de Brazza dont une partie a été tournée en février dernier au Congo, qui sortira chez Fireland. LDB : Pouvez-vous faire la genèse des Tambours de Brazza en quelques mots ? E.B. : Sa création remonte à 1991 autour des ami(e)s mordants de la percussion. Il y avait à l'origine Mesmin Nkounkou avec qui je jouais chez ZAO. Moi je suis intervenu comme compositeur arrangeur. Nous répétions au tout début au bar Macedo, ensuite nous somme allés au cercle culturel de Bacongo -actuellement Cercle culturel Sony Labou Tansi. Après les événements de Brazzaville, nous sommes allés au CCF. Au début il y avait 53 artistes. Avec ce parcours, nous sommes fiers, sans la grosse tête, mais nous sommes aussi conscients de la chance que nous avons. J’aimerais revenir partager mon expérience avec les jeunes. Pour leur montrer les exigences de la scène mondiale. Quelque soit son niveau, il y a des règles à respecter, ne serait-ce que la ponctualité sur scène, la durée du spectacle... Mais mon rêve le plus profond est de revenir un jour faire découvrir le spectacle actuel des Tambours de Brazza et de partager notre expérience. Pour cela, il faudra des sponsors. Hermione Désirée Ngoma Légendes et crédits photo :Émile Biayenda. |