Dernière veillée Rochereau : trois podiums pour une ambiance soutenue

Samedi 14 Décembre 2013 - 8:45

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

Sous la direction du maestro Souzy Kasseya, plusieurs orchestres se sont succédé sur les trois scènes occupant le devant du Palais du peuple à Kinshasa depuis l’après-midi du dimanche 8 décembre jusqu’aux petites heures du lundi 9 décembre pour l’hommage mérité au baobab de la musique congolaise, le seigneur Ley

Guitariste, programmeur et arrangeur de premier plan de la musique africaine, congolaise en particulier, Souzy Kasseya s’est montré très actif lors de la dernière veillée mortuaire, le 8 décembre. Il devait gérer simultanément les trois podiums érigés devant le Palais du peuple car, du public, il y en avait devant chacune des scènes. Le podium central en face du hall d’entrée transformé en lieu mortuaire, à l’arrière duquel étaient érigés deux autres aux couleurs de la Bralima et de la Bracongo, les deux grandes sociétés brassicoles qui s’arrachent le sponsoring des vedettes congolaises, n’était pas le seul à attirer l’attention.

L’office de Souzy n’était pas de tout repos, comme il le confiait aux Dépêches de Brazzaville. « Ce n’est facile, l’engouement était le même du côté de tous les artistes. Et le véritable casse-tête était d’arriver à les classer par rapport à l’espace », nous a-t-il dit sur le moment. Quant à la disposition et au nombre des podiums qui, au premier abord, avait surpris plus d’un, il a déclaré : « Je me suis dit qu’il fallait trouver le moyen de tout simplement respecter le vœu de l’illustre disparu. Il aurait voulu que ses funérailles se fassent dans un cadre festif. Ici, tout se fait par rapport à cette configuration festive que j’ai voulu imprimer à la soirée. » Et donc, a poursuivi le maestro : « Pour cela, il ne fallait pas un seul podium mais plusieurs éparpillés sur le site de sorte que plusieurs groupes puissent jouer simultanément. Il fallait alors prendre soin de bien calculer les angles et apprécier les distances à respecter pour éviter tout chevauchement. C’était cela le challenge auquel j’étais confronté. »

Pas de discriminationLe Wenge BCBG sur le podium Bralima

Néanmoins, le réalisateur de la soirée a souligné qu’il lui est arrivé de faire fi, en raison de la circonstance, du fait que certains orchestres sont soumis au respect de leurs contrats exclusifs avec l’une ou l’autre des brasseries de la place. « Je prendrai l’exemple de Zaïko qui bénéficie du sponsoring de la bière Primus et qui ne se produira pas sur le podium de la Bralima mais la scène centrale. Pareil pour Werra, qui va également s’y produire alors qu’en temps normal, il ne leur est pas permis de livrer un show populaire hors du podium de leur sponsor », a-t-il expliqué. Félix Wazekwa a joué sur le podium Bralima, le maestro ayant jugé qu’à « l’heure où il s’était présenté, il était préférable qu’il l’occupe plutôt que le podium central », objet de la convoitise de tous. Ainsi, même si Papa Wemba l’avait occupé, précédé par le groupe d’interprétation The Best succédant à Koffi Olomide, sans oublier que Pegguy Tabu y avait livré un show fort apprécié l’après-midi, il n’était pas réservé aux superstars. Pour Souzy Kasseya, ce n’était pas de la discrimination, « il était essentiel de tout gérer par rapport au temps, à l’ambiance du moment et aux susceptibilités ».

Au final, Werrason et JB Mpiana avaient également presté sur le podium Bralima. Des problèmes techniques avaient contraint le premier cité à ce choix alors que le second avait commencé à s’y produire pendant que Papa Wemba occupait le podium principal. Il y avait de quoi avoir le tournis. Le public s’en allait d’un podium à l’autre à sa convenance. Au bout du compte, l’organisation de Souzy Kasseya a permis qu’il n’y ait pas de temps mort puisqu’il y avait toujours au moins un autre podium animé pendant qu’un orchestre succédait à un autre sur l’un des trois. Tous les groupes à l’affiche, des plus jeunes aux plus vieux, avaient quartier libre. Nul n’était tenu à l’interprétation du répertoire de Tabu Ley, à moins d’un choix personnel. Car, a expliqué Souzy Kasseya, il était convenu que « chacun vienne rendre hommage avec ses armes, avec son identité ». D’un à trois morceaux, voire quatre pour certains, là encore c’était selon, il n’y avait pas de règle quelconque à respecter. Juste avoir à l’esprit que l’affiche était longue et permettre à chacun d’avoir le temps de s’exprimer et participer à la fête qu’était ce dernier hommage à Rochereau, le bel artisan de la rumba congolaise. Papa Wemba, qui de tous les temps a toujours clamé son appartenance à l’école de Tabu Ley, ne pouvait s’empêcher de piocher un air dans son riche répertoire. Un exercice auquel plusieurs se sont donnés à cœur joie, à l’instar de Werrason. L’ambiance duré une bonne partie de la nuit jusqu’à ce que les artistes soient fatigués. À l’intérieur, à quelques mètres de la chapelle ardente, le relais était assuré par les artistes chrétiens, particulièrement le chanteur Paul Balenza et son orchestre Vie nouvelle.

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Le public assis sur les marches du hall d’entrée du Palais du peuple, en face du podium central. (© DR) ; Photo 2 : Le Wenge BCBG sur le podium Bralima. (© DR) ; Photo 3 : Werrason sur le podium Bralima. (© DR)