Dénidé productions : « la musique congolaise a de l'avenir »

Vendredi 12 Juin 2015 - 16:04

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Le 19 juin prochain, Dénidé célèbre ses 30 ans de sa carrière dans la production musicale tandis que le groupe Patrouille des stars dont il est le président d’honneur célèbre ses 17 ans. A l’orée de cet évènement prévu au chapiteau Bentsi, il se livre à nous dans un entretien à battons rompus.

 Dépêches de Brazzaville (DB). Trente-ans dans le monde musical. Pouvez-vous retracer votre cheminement ?

Dénidé productions (DP). J’ai commencé comme commerçant à  19 ans. Ceux de ma génération me connaissent très bien. J’ai commencé par le petit commerce, j’avais un dépôt. Parallèlement j’exerçais le métier de producteur officieusement. Pendant neuf ans, j’ai produit pas mal d’artistes dont Chairman avec la chanson « CTB ». Je l’ai aidé notamment à améliorer quelques sujets de la chanson « MJ Alembi » pour qu’il puisse les vendre. Aujourd’hui, à 48 ans tout compte fait cela me fait 30 ans au service des artistes. Mes neuf premières années dans la production restent peu connues du fait du régime communiste. Plus tard avec l’avènement de la démocratie, l’économie libérale aidant, j’ai créé la maison Dénidé Productions il y a vingt et un an.

DB. Vous êtes passé du petit commerce à la production musicale. Avec quel groupe aviez-vous commencé votre nouvelle aventure ? Et comment cela est né ?

DP. Quand j’ai commencé à vendre, j’étais dans la masse avec mes mamans commerçantes à Moungali. C’était rassurant pour elles de me voir en train venir travailler au  marché où j’avais un dépôt. Elles étaient abasourdies de voir un jeune de mon rang social venir vendre avec elles. Ensuite,  je me suis rendu en France pour approfondir ma profession. Quand je rentre au pays, à cette époque-là, nous nous retrouvons après les matchs de football derrière la mairie de Poto-Poto pour s’amuser. C’est là que je découvre un groupe d’interprétation appelé  Extra Musica. Je leur propose alors de produire un album Extra musica. « Nouveau missile » est né. C’était le début de la grande aventure.  Jusqu’aujourd’hui le contrat avec le groupe Extra musica demeure. Il n’a jamais été rompu. J’ai reçu Roga-Roga  plusieurs fois même à l’époque où on n’était en froid. Il m’a demandé gentiment de le laisser travailler et je l’ai fait. C’est dire que la marque Extra musica appartient à Denis Nguesso et non à quelqu’un d’autre.

L.D.B. Pourquoi vous êtes- vous séparé ? Aviez-vous de la nostalgie ?

DP. Posez-leur la question ! Ce qui est vrai, ils étaient gamins quand je les ai pris. Roga-Roga devait avoir 17- 18 ans, Espé bass, Quentin Moyascko étaient  tous des jeunes plein d’avenir. Mais alors que j’étais à Paris pour la promotion de l’album « Nouveau missile », à coller leurs affiches, il y a eu des gens ici à Brazzaville qui les ont soudoyés, des crocodiles de fond. Ils étaient, inexpérimentés et donc  influençables. Cependant, nous sommes dans un monde où chacun peut émerger à sa manière. S’ils pensent qu’ils peuvent émerger sur la voie qu’ils ont choisi je n’ai rien à dire. Moi aussi, je suis mon chemin. Nous n’avons qu’un seul carrefour : Dieu.

L.D.B. Quelle orientation aviez-vous prise après Extra musica ?

DP. Après Extra musica, j’ai pris les « Tomawak », des Congolais de Kinshasa pour essayer de contre-attaquer les missiles qu’ils nous envoyaient. Mais la grande aventure c’est avec Patrouille des stars. Un jour, je quittais Oyo pour Brazzaville. Arrivé au  rond-point du terminus de Mikalou, je vois un attroupement qui attire mon attention. Un groupe y jouait fort bien. C’était « Patrouille des stars ». En tant que producteur, j’ai apprécié le style musical de ce groupe. Ce sont des paroliers. Je décide ainsi de les produire puis arrive le premier album  « Obus kanga bisaka ».

LDB. Avec le groupe Patrouille des stars avez-vous signé un contrat ? En outre on a l’impression que Dénidé productions est devenu l’otage de Patrouille des stars et vice-versa. Comment expliquez-vous cela ?

DP. Nous avons signé un contrat qui demeure jusqu’à présent. Le mariage est bien scellé puisque jusqu’à présent, je suis toujours leur producteur et leur président d’honneur. Par ailleurs, je ne suis l’otage de personne. Ce n’est qu’une question de fidélité.  

LDB. Quel est votre combat et quelles sont les ambitions de votre maison de production ?

DP. Mon combat c’est de dénicher ceux les artistes inconnus pour en faire des stars. Je l’ai fait avec l’album de DJ Nono (paix à son âme) et les chasseurs de Kata-Kata, l’écurie qui a fait découvrir le petit Migo One. Tout ceci pour  dire que j’ai également produits d’autres artistes. Ce n’est pas de ma faute si Dieu m’a donné cette possibilité de donner de la valeur à un album quand je le produit. Quant à mes ambitions, elles sont multiples. Déjà pour les artistes, je me suis battu pour me doter des outils professionnels pour eux. La maison Dénidé aura trois studios d’enregistrement ouvert à toutes les bourses.

LDB. Comment entrevoyez-vous l’avenir de la musique congolaise ?

DP. Si on garde ce standing-là, je pense qu’on a de l’avenir. Il faut un peu de conscience chez les artistes. C’est un métier d’esprit, il faut y mettre du sérieux. Je pense que la musique congolaise a de l’avenir.

Propos recueillis par Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photos 1 & 2: Denis Nguesso dit Dénidé productions

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