« Demain, Kinshasa » : quand « L’homme universel » est une porte

Vendredi 24 Juin 2016 - 21:16

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Semblant faire bande à part, l’installation d’Alexandre Kyungu composée de deux battants de porte et d’un tabouret en bois représente l’humain dans l’exposition collective créée autour des Journées utopiques organisées par le bureau de liaison du Goethe-Institut et l’Institut français (IF).

L’homme universel d’Alexandre KyunguOuverte au grand public, la salle d’exposition de la Halle de la Gombe est en ce moment garnie d’œuvres futuristes qui laissent admiratifs les visiteurs. Demain, Kinshasa, c’est son nom, renferme notamment les maquettes de villes futuristes et les tableaux aux personnages hybrides qui en mettent plein les yeux, une œuvre plus sobre demande à être regardée de près  : L’homme universel d’Alexandre Kyungu.

Le plasticien est dans une démarche contemporaine, travaillant avec des portes auxquelles il dit donner une seconde vie. De seconde vie, il faut comprendre la signification personnelle qu’il leur accorde. Du reste, son choix pour les portes s’explique par l’interprétation qu’il fait de cet objet qui participe à notre quotidien. « Je comprends la porte comme un homme. J’en suis une, tout comme vous en êtes aussi une », nous a-t-il dit. « Pour moi, la porte symbolise l’ouverture, la découverte et la rencontre. L’ouverture entre les peuples, la découverte que l’homme fait de l’autre monde et rencontre entre les peuples et les cultures ». Et, en définitive, L’homme universel symbolisé par l’installation dont il porte d’ailleurs le nom, « c’est celui qui est ouvert au monde, qui a une attente portée vers l’autre et qui lui fait bon accueil », précise l’artiste. D’où le tabouret associé aux battants de portes qui constituent son œuvre.

Réunir et séparer les frontières 

Les incisions perceptibles sur les portes, sont inspirées des techniques ancestrales d’usage pour la pratique des tatouages fréquentes autrefois dans certaines tribus. Aux incisions, Alexandre Kyungu ajoute une sorte de cartographie qui, soutient-il : «  me permet de résumer ma démarche de rencontre vers les peuples, l’ouverture. J’essaie de récupérer plusieurs villes réelles, existantes que je recompose et décompose selon ma sensibilité ». L’objectif poursuivi par l’artiste ici c’est de « réunir et séparer les frontières » en prônant l’égalité dans sa démarche artistique assez utopiste, faut le dire, même s’il s’en défend un peu. Car, ce dont il rêve, c’est « le rester ensemble ». « Créer une ville où nous serons tous égaux pour ne pas sous estimer l’autre », explique-t-il. De poursuivre : « Après avoir récupéré plusieurs cartes que je juxtapose et mets ensemble, c’est une façon d’éliminer le racisme et les particularités qui nous portent à dire : je suis Congolais, je le reste ; je suis Parisien, Occidental ou Asiatique. Mais qu’importe cela, tous nous cherchons une ouverture et dès lors, nous sommes tous devant la porte et devons nous ouvrir au monde ». Autre détail qui n’échappe pas au regard des visiteurs, ce sont les silhouettes de visages qui se dessinent sur les fameuses portes d’Alexandre Kyungu. « Le visage est une porte de l’âme qui permet à ce que je partage et dialogue avec autrui », fait-il savoir.  

Après une exposition en solo lors de la Galerie mobile de Kin ArtStudio organisée en partenariat avec le Goethe Institut, Alexandre Kyungu présente son travail dans l’expo collective dont le vernissage opéré le 9 juin dernier marquait l’ouverture des trois Journées utopiques tenues jusqu’au 11 juin à la Halle de la Gombe. Dans cette exposition que l’on peut visiter encore en ce moment et même dans deux mois,(elle ferme le 25 août) vaut le détour. D’intéressantes œuvres surréalistes sont à voir parmi la cité du fleuve de Rigobert Nimi, le prototype de fusée et les robots de Bienvenue Nanga plutôt proche d’un univers de science-fiction qu’autre chose. Designers et plasticiens se sont aussi invités à la galerie, à l’instar de Pume Bilex, Vitshois Mwilambwe, Shula Monsengo, Mega Mingiedi et Steve Bandoma. Les peintures des deux derniers engagées dans la voie du questionnement de l’identité moderne sont faites de personnages hybrides.

 

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo : L’homme universel d’Alexandre Kyungu

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