Débat sur la Constitution de 2002 : Claude-Richard Mbissa présente les « Enjeux sociaux et stratégies politiques »

Lundi 8 Septembre 2014 - 17:30

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Longtemps débattue dans les rues et autres salons de rencontres informelles, la question est désormais au centre des échanges politiques et son intérêt ne laisse pas indifférents les intellectuels. Parmi ceux-ci, Claude –Richard Mbissa qui vient de publier un essai dans lequel il scrute les « enjeux sociaux et les stratégies politiques » qui entourent le « débat sur la Constitution du 20 janvier 2002 ».

 

Publié chez L’Harmattan-Congo, cet ouvrage de 157 pages, annexes et table de matière compris, offre au lecteur de riches informations sur les différentes constitutions du Congo, de 1960, année de son indépendance, à aujourd’hui.

Du mode d’élaboration d’une Constitution aux conditions qui déterminent son changement ou sa révision en passant par la définition, Claude-Richard Mbissa a eu le temps et la finesse de remuer les archives du pays.

Au nombre de celles-ci, les journaux et revues dans lesquelles l’auteur s’arrête sur des interviews du président de la République, Denis sassou N'Guesso, dont il est utile de pénétrer la pensée. Sont passés en revue, le livre-programme Le manguier, le fleuve et la souris publié en 1997 ; le livre-interview Parler vrai pour l’Afrique sorti en 2009 ; les interviews dans Jeune Afrique.

Ce que pense le président de la République du Congo

Ici et là, grâce à des morceaux bien choisis, Claude-Richard Mbissa offre une meilleure perception des idées du président Denis Sassou N’Guesso sur la Constitution. Dans cette deuxième partie du livre (pages 25-30), l’auteur permet au lecteur de comprendre aussi la vision que le chef de l’État a de la politique congolaise et des acteurs appelés à assurer la relève, demain, comme on peut le lire dans cet extrait : «Beaucoup de partis politiques sont créés par des jeunes. Nous sommes d’ailleurs en train de les aider à monter en puissance et à s’intéresser davantage aux affaires publiques. De là à parler de la qualité des jeunes hommes et des jeunes femmes qui s’engagent en politique, c’est une autre chose ! »

Dans la troisième partie, Claude-Richard Mbissa analyse les constitutions du Congo précédant les événements du 15 août 1963. Au terme d’une série d’interrogations, il énonce que « L’histoire constitutionnelle congolaise est le reflet d’une vie politique quelque peu agitée. » Dans les pages qui suivent (47-80), l’auteur jette une lumière crue sur les différents textes ayant eu force de lois fondamentales au Congo sous le régime marxiste-léniniste que le pays a connu. Lumière crue ? Pas seulement, au regard de la dose d’analyse sans laquelle certains lecteurs, encore enfants à l’époque, n’auraient pu cerner les enjeux politiques qui décidèrent des options prises.

Au sujet du débat actuel…

On peut dire, sauf précision de l’auteur, que le livre commence réellement à partir de la page 83Dans cette sixième partie de l’ouvrage, consacrée à la genèse du débat qui secoue le Congo aujourd’hui, Claude-Richard Mbissa laisse parler certains acteurs. Scripta manent, verba volent, ils sont nombreux, intellectuels, hommes politiques, acteurs de la société civile peut-être et, surtout, des journalistes, à s’être exprimés sur la question.

Les uns sous la forme d’interviews accordées dans tel ou tel autre journal de la place, les autres sous la forme de déclarations ou de tribunes alors que pour les journalistes, l’auteur, qui est un grand consommateur et conservateur des journaux, s’est contenté d’épingler quelques éditoriaux ou autres « papiers d’opinions ». Jouant la carte de l’objectivité et de l’impartialité, Claude-Richard Mbissa présente « l’approche rénovatrice », c’est-à-dire celle favorable au changement avant de passer à « l’approche conservatrice », celle qui soutient le maintien de l’actuelle constitution. Dans la première, il aligne une personnalité intellectuelle, Germain Vincent N’Zoala, magistrat, des ministres et parlementaires de la majorité et, bien sûr, les journaux proches du pouvoir. Même démarche, ou presque, lorsqu’il examine l’opinion des « conservateurs ».

Le verdict de l’auteur lui-même 

Après avoir fait parler les autres et écouté les différents acteurs impliqués ou non dans le débat sur la Constituition du 20 janvier 2002, tel un juge, Claude-Richard Mbissa livre son opinion dans la « conclusion » de son livre.  Huit pages au total et à travers lesquelles, il présente les inconvénients et les avantages de telle et telle autre approches.

«Sans prétendre être un spécialiste du phénomène de l’adversité, on peut affirmer que les deux camps rivaux sont déjà passés du stade normal de la controverse politique à celui de la contradiction antagoniste pour aboutir à l’étape de la conflictualité morbide et s’apprêtent, si l’on y prend garde, à déboucher sur un affrontement suicidaire », peut-on lire à la page 148.

Claude-Richard Mbissa est licencié en sociologie (Université de Caen), diplômé en science politique de l’université de Paris (Sorbonne). Il a déjà publié, entre autres, chez L’Harmattan : Les élections législatives au Congo. Enjeux du découpage électoral (2013) ; L’élection du président de la République du Congo (2009) ; Le Ndjobi au Congo et au Gabon. Histoire et fonction sociale (2014).

Jocelyn Francis Wabout