Commémoration : Essolomwa Nkoy ea Linganga un an déjà

Samedi 10 Mai 2014 - 15:14

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Le président directeur général de l’un des plus grands quotidiens de la deuxième République a tiré sa révérence le 9 mai 2013 à 5 h du matin, après une carrière pleine de plus de cinquante ans.

Né le 25 décembre 1938 en Équateur, le jeune Essolomwa a abordé très tôt sa carrière professionnelle, juste après ses études à la mission catholique de Basankusu. Mais son parcours professionnel a débuté ailleurs, a relaté Clément Itokua, ancien cadre de la Banque centrale et proche du disparu.

En effet, après des stages professionnels et les premiers pas à la Compagnie du Congo Belge comme Commis voyageur, une page s’est vraiment tournée dans son parcours professionnel avec son arrivée à la société Macodibe Falanga, en territoire de Befale, où son oncle maternel lui a appris à taper à la machine. Le bouillant Essolomwa a appris aussi à superviser les travaux de bureau, au point de remplir désormais tous les critères d’un bon secrétaire de direction. Avec ce nouveau profil, il est recruté à la société Hévéa de Boende, chef-lieu de la Tshuapa, et son directeur, de nationalité Belge, l’a aidé à maîtriser toutes les ficelles de son nouveau métier. Mais son mentor est assassiné par une rébellion qui a éclaté au chef-lieu de la Tshuapa. Forcé de quitter Boende, il a rejoint Basankusu, son territoire d’origine, avant d’arriver finalement dans la capitale de province, Coquilathville (la ville de Mbandaka), en 1961.

Avec des amis, Essolomwa s’est alors lancé dans les activités politiques. Puis, il a créé son tout premier journal « Le Peuple ». Arrêté à cause de ses démêlés avec les autorités de la Cuvette centrale, il est transféré à Léopoldville qui était considéré comme une zone neutre à l’époque. Cette nouvelle étape dans sa vie a pris cinquante ans, soit de 1963 jusqu’à sa mort en 2013. Dès son arrivée dans la capitale, il s'est rendu à Brazzaville pour suivre une formation en journalisme. À son retour, il est engagé au journal « Le Courrier d’Afrique ». Ce journal, au départ réservé aux blancs, avait un supplément qui accordait la parole aux Congolais évolués : « Présence Congolaise ». Tous les Congolais disposant d’un talent en écriture ont écrit dans ce supplément. Essolomwa y a aussi pris ses marques.

Ambitieux, il a fini par créer son propre journal « La Tribune africaine » qui lui a permis de pénétrer les cercles politiques les plus feutrés. Avec le changement de régime intervenu en 1965, ce journal a pris l’appellation de «Elombé », puis d’Elima en 1972. Il est resté le journal le plus lu sous la deuxième République et le parti unique. Vers les années 1990, il s’est écarté du pouvoir. L'illustre disparu est l’un des artisans de l’Union sacrée de l’opposition radicale.

En plus d’une plume bien acérée qui a imposé tout un style à son journal, perçu à ce jour comme une grande école qui a formé la plupart des journalistes en vue dans la presse écrite, Essolomwa a aussi le mérite d’avoir développé un sens élevé d’organisation et une capacité de synthèse hors pair. Dans les années 1960, il a réalisé en exclusivité des interviews phares de grandes personnalités, notamment la sud-africaine Myriam Makeba depuis Brazzaville, et le premier président Congolais, Joseph Kasa-Vubu au lendemain de sa mise à l’écart du pouvoir. Il a interviewé aussi des personnages historiques comme les anciens présidents Chinois, Mao Zedong, et Coréen, Kim Il Sung. En cette date commémorative, les anciens d'Elima ont eu une pensée pieuse pour leur ancien éditeur.

Laurent Essolomwa

Légendes et crédits photo : 

Essolomwa, jeune éditeur, dans les années 1970