Bélinda Ayessa : « Pour 2018, j'émets le vœu que soit rendu un hommage mérité au sergent Malamine Camara »

Mardi 13 Février 2018 - 19:00

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Le mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza vient de totaliser douze ans depuis qu’il a été inauguré, le 3 octobre 2006. Un deuxième module est sorti de terre et sera rendu opérationnel à la fin du premier trimestre 2019. Dans une interview exclusive accordée aux Dépêches de Brazzaville, la directrice générale de cette institution parle de l’évolution des travaux de ce module ; de la nécessité de rendre un hommage mérité au sergent Malamine Camara, de sa vision du mémorial pour cette année 2018 et de la nécessité d’acheminer sur le Congo les archives nationales qui se trouveraient dans quelques pays d’Europe, notamment en France et en Italie.

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.): En cette année 2018, le Mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza totalise ses douze ans d’implantation ; que du chemin parcouru avec toutes les difficultés que cela a pu comporter ! Pouvez-vous nous faire une rétrospection ?

Bélinda Ayessa (B.A.): Il ne me paraît pas opportun, au point où nous en sommes, de faire une rétrospection sous le mode d’une complainte concernant les difficultés qui accompagnent chaque œuvre humaine. Dès le début, nous savions qu’il nous fallait nous armer de patience, d’une bonne dose d’inventivité et, comme on dit aujourd’hui, de résilience pour mener à bien le projet culturel qu’est le mémorial. Je dis projet, parce que ce qui s’est accompli hier augurait tant soit peu de ce qui se réalise aujourd’hui. Et nous poursuivons toujours notre marche.

L.D.B.: Que projetez-vous pour cette année nouvelle ?

B.A.: Nous allons maintenir nos activités autour des pôles bien connus. Il y a d’abord l’animation culturelle, constitutive du fonctionnement normal de notre institution. Il faut y ajouter également la place faite à la présence de la création. Celle-ci concerne particulièrement l’hospitalité offerte à nos différents partenaires qui trouvent ici un espace de vitalité et de brassage, de croisement et de transversalité. A ce propos, je dois souligner la dimension interculturelle qu’appelle une telle ouverture au monde de la culture. Enfin, une trajectoire d’activités sera axée sur la vulgarisation de la mémoire de Pierre Savorgnan de Brazza à travers des événements significatifs par leur portée historique et leur insertion à résonance culturelle.

Pour 2018, j'émets le vœu que soit rendu un hommage mérité au sergent Malamine Camara, qui était un loyal et fidèle compagnon de Savorgnan de Brazza. C'est grâce à l'intrépidité de ce sergent sénégalais que l'explorateur Morton Stanley n'a pu implanter le drapeau belge sur la rive droite du Congo. Sans Malamine Camara, le Congo ne serait donc que le prolongement de Kinshasa (Léopoldville). L’ambassadeur du Sénégal au Congo et moi-même avions entrepris des démarches dans ce sens auprès de nos autorités respectives et avions obtenu leur assentiment. Je crois que nous sommes sur la bonne voie. C’est une question de temps. Nous restons persuadés que le drapeau sénégalais planera aux côtés des autres étendards et cela sera une façon de rendre justice à Malamine Camara, ce digne fils d'Afrique.

L.D.B. Etes-vous satisfaite de l’évolution des travaux du deuxième module du Mémorial Pierre- Savorgnan-de-Brazza ? Ce que vous souhaitez obtenir comme résultat se concrétise-t-il ? Et comment sera structuré ce deuxième module ?

B.A.: Les travaux gardent toujours leur cap de réalisation. Ils avancent et je me réjouis du niveau atteint maintenant. Cela nous rassure. Comme vous savez, ce deuxième module qui s’érige devra trouver sa place dans un ensemble architectural et fonctionnel, à la mesure du projet culturel qu’est le Mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza. Il nous appartiendra de lui donner une vie interne, avant d’en exposer le contenu au grand public. J’en avais déjà dit un mot dans ce même journal, il y a déjà plusieurs mois. La configuration que prendra le complexe en édification permettra de retrouver un nouvel élan et de renforcer la variété de nos activités. Tout ceci a été rendu possible grâce à l’intervention avisée du président de la République, Denis Sassou N’Guesso, à qui nous disons notre profonde reconnaissance pour son implication personnelle dans la réalisation de cet édifice, œuvre léguée à la postérité de notre pays.

L.D.B.. Depuis plusieurs mois déjà, nous parlons de la nécessité d’acheminer sur le Congo des archives congolaises qui se trouveraient dans quelques pays d’Europe, notamment en France et en Italie. Qu’en est-il à ce jour ?

B.A.: La préoccupation demeure. C’est une démarche de longue haleine. Comme je l’ai indiqué souvent, il y a deux initiatives à entreprendre : acquisition et restitution. L’une et l’autre ont un même objectif. Il s’agit de doter le Mémorial d’un patrimoine dont la conservation en ce lieu désormais reconnu contribuera à son rayonnement. Rien ne peut expliquer que ce qui revient au Congo puisse se réfugier ailleurs. En outre, le travail de quête et d’acquisition repose sur la nécessité d’enrichir notre fonds documentaire. Je reste persuadée que c’est en constituant un tel patrimoine que la valorisation de cet espace deviendra une réalité référentielle. Ce sera alors un grand réservoir où l’on viendra puiser la substance séminale des recherches historiques et culturelles.

L.D.B. Le ministre de la Culture et des arts, Dieudonné Moyongo, a fait une visite d’inspection, le vendredi dernier, dans le chantier de la construction de ce deuxième module. Quelles ont été ses premières impressions ?

B.A.: A l’issue de sa visite de terrain, le ministre de la Culture et des arts a accordé une interview à la presse. J’en retiens, pour ma part, le satisfecit qu’il a exprimé particulièrement autour de l’état d’avancement des travaux. Il a aussi fait une projection sur le rôle que ce deuxième module est amené à jouer dans l’espace culturel congolais qui, à ce jour, ne dispose pas d’une telle infrastructure. J’y ai trouvé encouragement et confiance pour le travail que nous accomplissons. Une telle visite est aussi une marque d’engagement de notre autorité de tutelle pour aider le mémorial à prospérer dans le champ d’action qui est le sien.

L.D.B. Aujourd’hui, nous trouvons dans les jardins du mémorial un bistrot dénommé « Le Bistrot de Brazza ». Qu’en est-il ?

B.A.: D’abord, je tiens à féliciter et à encourager les animateurs du « Bistrot de Brazza ». C’est un lieu très sympathique à l’image de Savorgnan de Brazza. En plus, comme dans tous les grands musées, il se crée un engouement autour de cette terrasse. Non seulement parce que c’est joli mais surtout parce que on y mange bien ! Vous y êtes donc convié. Plus sérieusement, nous avons voulu lier l’utile à l’agréable. Un coin gastronomique dans un tel cadre participe de la volonté de rendre possible une certaine convivialité entre celles et ceux qui viennent au mémorial. Vous avez sans doute remarqué que le positionnement du « Bistrot de Brazza » s’accommode adéquatement dans l’occupation de l’espace du jardin. Voilà ! C’est un espace d’utile convivialité. 

Propos recueillis par Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : La directrice du mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza Photo 2 : Pierre Savorgnan de Brazza Photo 3 : Les jeunes gens sillonnant dans la cour du mémorial

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