"Beauté Congo, Congo Kitoko" : Le reflet de la créativité congolaise

Jeudi 23 Juillet 2015 - 15:48

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À Paris, la Fondation Cartier pour l’art contemporain expose sur la vitalité artistique de la République démocratique du Congo à travers quatre vingt dix ans d’histoire.  Une retrospective obtenue grâce à quarante et un artistes d’hier et d’aujourd’hui. Le public y est invité pour une immersion en eau profonde dans un Congo fantasmé et réel, entre joie, drame et fureur de vivre.

Albert Lubaki, Cheri Samba, Mosengo, Norbert Ilunga, Kiripi Katembo, Moke, JP Mika, etc. tels sont les artistes qui investissent jusqu’au 15 novembre 2015 le hall d’exposition de la fondation Cartier dans le quatorzième arrondissement de Paris. Des artistes sélectionnés au gré des rencontres et découvertes d’André Magnin, commissaire général de l’exposition.

Aussi, derrière cette exposition, laisse-t-il entendre, réside une « ambition  de raconter par les oeuvres elles mêmes une histoire artistique congolaise de quatre vingt dix ans qui a toujours été décrite partiellement et visuellement connue par les bribes mais jamais dans sa totalité. » Ainsi, le Congo qui est poétiquement raconté ici n’est pas que celle des Franco, Rochereau, Wemba, Koffi, Ferre Gola ou autres artistes ayant contribué internationalement au rayonnement de la riche épopée musicale de ce géant d’Afrique Centrale. Ce Congo est aussi celui de ces artistes peintres, sculpteurs, photographes, bédeïstes et écrivains que l'on connaît un peu moins mais qui, cependant, décrivent au travers de leurs oeuvres, et non sans humour, les réalités socio politiques de la RDC. 

Un défenseur de l'art africain, congolais

André Magnin est l’un des témoins européens de cette vitalité artistique congolaise. Sa passion ne faisant pas toujours l’unanimité dans le milieu des galéristes européens, notamment francais  épris d’Afrique. D'aucun l’accuserait de faire de ces « artistes africains » son fond de commerce. Mais il en faut plus pour l’en dissuader. Depuis son passage à Kinshasa en 1987, année ou il découvre « l’architecte maquettiste » Bodys Isek Kingelez et le peintre Cheri Samba, deux figures incontournables de la vie artistique kinoises, il multiplie les collaborations avec de nombreux artistes congolais. Et pour cause « j’étais au coeur d’un art sans théorie ni exégèse qui revelait, par l’évocation d’un moment politique ou social, d’un événement minuscule ou écrasant, toute une façon d’être culturelle » se dit t il convaincu que « seul en Afrique le Congo pouvait inspirer pareille effervescence de sensualité, de radicalité exprimés par le trait et la couleur ». 

Ensuite, c’est attiré par la beauté, la liberté et l’humour de cette scène des artistes dits « populaires » qu’André Magnin fait la rencontre d’autres valeurs sûres du genre : Chéri Cherin, Mosengo Shula, Chéri Benga, Maitre Syms…considérés comme des peintres reporters de l’urbanité. Au hasard des rencontres se sont tissées des liens et des histoires se sont créés. C’est ainsi que se dévoilent à André Magnin les précurseurs de l’art moderne congolais, ceux des années 1920, le couple Albert et Antoinette Lubaki ou Djilantendo. C’est l’époque du figuratif. La nature, la vie quotidienne, les fables locales demeurent leurs sujets de prédilection. À leur suite, arrivent les artistes Bela, Mwenze Kibwanga et Pilipili Mulongoy, dont on peut voir les oeuvres à la Fondation Cartier, qui laisseront « libre cours à leur imagination et créent, chacun dans des styles d’une étonnante inventivité, des oeuvres lumineuses et jubilatoires ». 

Beauté Congo témoigne aussi de la création contemporaine de la nouvelle génération d’artistes affranchis des principes académiques. Le collectif Eza Possible fondé en 2003 en est une parfaite illustration avec des artistes comme Freddy Mutombo, Eddy Ekete, Freddy Tsimba, Kura Shomali, etc. réputés pour avoir créé un pont reliant deux quartiers de la commune de Lingwala à Kinshasa. « Une oeuvre emblématique », saluée par l’écrivain Jean Bofane : « Le but n’est pas de suppléer des pouvoirs publics défaillants mais plutôt de porter sur la ville un regard neuf, alternatif. »

L’exposition Beauté Congo parle au monde avec les couleurs, les traits, les photographies et les mots de ces artistes congolais avec une certaine jubilation. On en sort émerveillés. Ici, on est loin des clichés véhiculés dès fois maladroitement sur ce pays qui possède une scène artistique des plus prolifiques du continent africain et une dynamique entrepreneuriale florissante. 

 

 

Exposition

Beauté Congo 

1926-2015

Congo Kitoko

Jusqu’15 novembre 2015 à la Fondation Cartier pour l’art contemporain

 

Meryll Mezath

Légendes et crédits photo : 

Photo 1: Monsieur Manuel Valls - Premier Ministre, Stanislas de Quercize - Président & CEO de Cartier International, André Magnin - Commissaire général, Chéri Samba - Artiste, Hervé Chandès - Directeur Général de la Fondation Cartier (de gche à dte) / © Jean Picon / SAYWHO Photo 2, 3 et 4: Beauté Congo, 1926-2015, Congo Kitoko - Jusqu’au 15 novembre 2015 à la Fondation Cartier pour l’art contemporain à Paris Le visa Schengen est-il plus que le paradis? - Planche 1. Par Papa Mfumu'eto 1er, pour l'exposition Beauté Congo – 1926-2015 – Congo Kitoko, présentée jusqu'au 15 novembre à la Fondation Cartier pour l'art contemporain.

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