Assalamalekoum : un festival en résistanceLundi 24 Juillet 2017 - 2:56 Nouakchott, la capitale de la Mauritanie, a vécu la 10e édition du festival Assalamalekoum, du 29 juin au 09 juillet, avec pour thème « Les Droits de l’homme au cœur des cultures urbaines »
Lancé en 2008 par le rappeur Mauritanien Monza, de son vrai nom Limam Kane, le festival Assalamalekoum est l’un des plus grand festivals de cultures urbaines en Afrique de l'Ouest. Cette année, la manifestation a célébré son dixième anniversaire malgré un environnement extrêmement défavorable. Associée à l’expression libre de la communauté noire-africaine constituée des peuples wolofs, soninké et peulhs, la musique hip-hop, le festival est l'unique tribune d’expression pour cette communauté. Les élites politiques exclusivement constitué des arabo-maures essayent de diminuer ou nier l'importante présence de la communauté noirs-africains La cohabitation des communautés noires africaines et arabo-maures est marquée par des étapes douloureuses : répressions, spoliations et expulsions des Noirs durant la décennie 1980. Des actes qui sont restés en impunité totale. La mutuelle mefiance reste palpable dans la vie quotidienne. Les deux communautés cohabitent dans des espaces parallèles. Et chaque année, le festival des cultures urbaines bouleverse cette cohabitation fragile à travers le rap en colère. Limam Kane, alias Monza, surnommé aussi «le président de la rue», est le président du festival Assalamalekoum. Engagé en faveur du développement des cultures urbaines, il plaide pour la cohésion sociale en Mauritanie. Les Dépêches de Brazzaville : Selon vous, cette édition revêt-elle un caractère particulier par rapport aux précédentes ? Monza : Oui et non. Car la 10e édition, pour nous, est une édition comme les autres, c’est-à-dire qu’elle joue de la résistance comme les précédentes. Comme vous le remarquez, on ne déroule pas un tapis rouge pour les stars, le seul tapis en ces lieux, c’est le sable. Ce qui correspond bien aux cultures urbaines. On a créé Assalamalekoum pour inscrire la Mauritanie sur la carte culturelle de l’Afrique comme un pays de hip-hop et de culture. Et cette année, pour marquer notre 10e édition, nous avons inscrit au programme Arterial Network African Creative City (Réseau des créateurs en Afrique, NDLR), comme label de promotion et de développement de la gouvernance culturelle. Ainsi, nous lançons aussi une première édition du Forum des cultures urbaines avec des représentants de structures de l’Afrique subsaharienne, du Maghreb et de l’Europe pour ancrer la culture au centre du développement local. Nous lançons également une exposition d’art urbain et la construction d'une maison des cultures urbaines, avec des matériaux écologiques sur la plage de Nouackchott. D’ici à deux ans, cette maison pourra accueillir des artistes en création. Le rap mauritanien est amputé de son potentiel à cause du manque de structures, où des artistes s’investissent dans la création. Hélas, nos meilleurs groupes sont partis en exil. Cette Maison des cultures urbaines, entièrement dédiée à la création, sera une réponse à l’État mauritanien qui n’assure pas de service public pour la culture. De quoi au juste a besoin d’un artiste ? un artiste n’a pas besoin de baby sitter, mais un cadre de travail, incitant au rêve pour éclore son talent. LDB : Quelles sont vos actions pour promouvoir les cultures urbaines, outre l’animation du festival ? Monza : Avec une importante superficie de 1 030 700 km2, la Mauritanie est un vaste pays. Certaines villes de Mauritanie ignoraient l’existence d’un studio d’enregistrement. En 2013, on a décentralisé notre festival dans 5 villes différentes et équipé 7 villes avec des studios d’enregistrement. Notre capacité de mobilisation parmi les jeunes n’est pas ignorée des politiques. Ainsi essaient-il de nous saboter en cachette… LDB : Vous avez réussi une programmation internationale pour la 10e édition : ONYX et le duo M.O.P des États unies, Médine de France, Iba One de Mali et Dip du Sénégal et forcément Awadi associé au festival depuis la première édition. Comment faites-vous sans subventions de l'État Mauritanien ? Monza : Nous sommes soutenus par différentes structures internationales, et on a réussi à synchroniser nos dates avec l’évènement « 2H à Dakar », pour pouvoir proposer aux artistes deux dates en un seul cachet. Les artistes se sont montrés très enthousiastes de pouvoir se produire dans deux pays différents. Le festival Assalamalekoum accorde aux jeunes rappeurs mauritaniens la première partie des grands concerts, pour les mettre en valeur, une façon de promouvoir les talents locaux comme le jeune rappeur Douze qui s’était engagé dans l’armée, avant de s’ouvrir à l’art. Sasha Gankin Légendes et crédits photo :Légende Image 1: Le rappeur Mauritanien Monza (deuxième à gauche) lors du lancement du programme Arterial Network African Creative City organisé pendant le festival
Légende image 2: Le rappeur Didier Awadi
Légende image3: Medine Notification:Non |