Lire aussi : |
Amref : des sages-femmes pour les mères africainesDimanche 2 Mars 2014 - 22:45 Chaque année, 162 000 femmes meurent en Afrique subsaharienne faute de soins basiques pendant la grossesse et l’accouchement. Une situation intolérable, qui affecte non seulement les enfants devenus orphelins, mais le continent africain dans son ensemble Et pour cause, les femmes sont au cœur des communautés africaines, car sources de vie, d’eau, d’éducation, de soins et de revenus pour leur famille. Elles sont l’assurance du développement économique et social du continent et leur santé doit être une priorité. Suivant l’Objectif du millénaire pour le développement n°5 dédié à améliorer la santé maternelle, l’Association pour la médecine et la recherche en Afrique (Amref), première ONG africaine de santé publique, s’est engagée à combattre cette injustice en lançant en 2011 la campagne Stand Up for African Mothers, avec pour marraine internationale Graça Machel Mandela. L’objectif : former 15 000 sages-femmes africaines d’ici 2015 pour contribuer à réduire la mortalité maternelle en Afrique. Grâce aux premiers fonds levés, plus de 5 300 sages-femmes ont déjà pu suivre une formation dans sept pays d’Afrique : Éthiopie, Kenya, Mozambique, Ouganda, Soudan du Sud, Tanzanie et bientôt Sénégal. Le prix Nobel pour les sages-femmes africaines La campagne comporte aussi un objectif symbolique : voir attribuer le prix Nobel de la paix 2015 aux sages-femmes africaines en reconnaissance de leur travail et de leur dévouement quotidiens pour sauver des vies, avec pour représentante Esther Madudu, une sage-femme ougandaise d’exception formée par l’Amref à la gestion des accouchements difficiles. L’Amref mobilise la communauté internationale autour de cette candidature symbolique, avec une pétition en ligne qui a déjà recueilli plus de 12 000 signatures. « J’aimerais que le monde entier comprenne que les mères africaines ont besoin d’être assistées par des sages-femmes qualifiées. Cela doit être montré, les gens doivent savoir ! », témoigne Esther Madudu. Elle-même, « prématurée et sauvée par les gestes de la sage-femme » à la naissance, la jeune femme a appris ces gestes qui peuvent sauver une vie grâce à une formation de l’Amref : « Pour compléter ma formation de base, l’Amref m’a apporté les compétences nécessaires pour faire face aux complications qui peuvent survenir lors de l’accouchement. » La jeune Ougandaise est passionnée par son métier, même si être sage-femme en Afrique est très dur, surtout en zone rurale. « Il y a beaucoup de travail, et nous sommes très peu nombreuses », regrette la candidate au prix Nobel. Mais Esther Madudu est consciente de l’importance de son métier et « fière de représenter le travail des sages-femmes africaines et de sensibiliser le plus grand nombre sur la situation des femmes ici ». En visite exceptionnelle en France en novembre dernier à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, Esther Madudu a d’ailleurs été nommée dans l’ordre national du Mérite par le gouvernement français en reconnaissance du rôle qu’elle joue en tant que sage-femme pour réduire la mortalité maternelle en Afrique. Stand Up for African Mothers en Afrique de l’Ouest Aujourd’hui, la mobilisation doit continuer pour atteindre l’objectif de 15 000 sages-femmes formées d’ici 2015. Il reste deux ans, et 10 000 sages-femmes à former, essentiellement en Afrique francophone où les besoins sont nombreux. Bénin, Burkina-Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Sénégal, Togo, sept pays d’Afrique de l’Ouest se sont d’ores et déjà engagés dans la campagne en décidant de mener un programme conjoint de formation offrant un diplôme reconnu dans toute la sous-région, en partenariat avec l’Organisation ouest-africaine de la santé. Dans un contexte où la grossesse et l’accouchement restent une cause de mortalité majeure pour les femmes africaines, la formation des sages-femmes doit s’effectuer le plus rapidement et le plus efficacement possible. L’Amref propose donc des formations en télé-enseignement visant prioritairement les sages-femmes exerçant en zone rurale, où le manque de sages-femmes est le plus important. Au Sénégal, la première promotion d’étudiantes débuteront leur formation dès la fin février 2014, et l’inauguration officielle du programme est prévue pour avril. La formation leur permettra de prodiguer des soins de meilleure qualité aux femmes et nouveau-nés et ainsi contribuer à réduire la mortalité maternelle et néonatale.
Pour plus d’informations sur l’AMREF : www.amref.fr Florence Gabay Légendes et crédits photo : Esther Madudu, candidate au Prix Nobel de la paix 2015 ©AMREF |