Africajarc 2016 : Pat Thomas & les Amazones d’Afrique au rendez-vousVendredi 29 Juillet 2016 - 22:43 La musique tient une grande place dans la programmation du festival Africajarc, c’était encore le cas cette année lors de la 18e édition du rendez-vous incontournable des cultures africaines en France qui a eu lieu du 21 au 24 juillet dans le Lot. Trois soirées de concerts exceptionnels qui nous ont fait voyager de sonorités en pays, à travers le continent Cette année était placée sous le signe de l’éclectisme. La première soirée du festival était dédiée à l’afro groove et nous a menés sur les rythmes entrainants du rock, de l’afrobeat ou du highlife. Kunbe, groupe afro groove mandingue mené par Mountaga Diabaté, a inauguré le festival en nous plongeant dans une ambiance bamakoise électrique. Le bofenia rock de Jupiter & Okwess International n’a malheureusement pas pu se faire entendre en terre cajarcoise cette année car le grand Jupiter n’a pu faire le déplacement depuis Kinshasa à cause d’un palu coriace. Il a été remplacé au pied levé par d’autres kinois, ceux du Mbongwana Star incarné par deux anciens du Staff Benda Bilili, le colonel et Coco, qui ont fait un détour par Cajarc dans leur grande tournée mondiale qui les mènera des Etats-Unis à la Suède cette année. Ils ont présenté leur premier album « From Kinshasa », qui mêle riffs de guitare électrique et énergie punk communicative. Ils explorent une nouvelle voie intéressante, mais qui a du mal à tenir le cap sur la durée. Le point d’orgue de cette soirée a été atteint avec Pat Thomas et son Kwashibu Area Band, ils ont littéralement enflammé le public présent. Pat Thomas est une figure emblématique du highlife ghanéen des années 70 et 80. Tony Allen dit d’ailleurs de lui : « Je suis un batteur afrobeat mais Pat Thomas EST le highlife. C’est ce qu’il fait de mieux ». Comme Ebo Taylor, c’est après un long silence que Pat Thomas revient en force avec un album sorti en 2015 accompagné de la jeune génération du Kwashibu Area Band dirigé par le multi-instrumentiste Kwame Yeboah. L’album fleure bon l'âge d'or de la musique highlife et afrobeat et poursuit la tradition des années 70 avec un son groove et authentique. Un régal ! La soirée du samedi était, elle, 100% féminine et dédiée aux « messagères d’Afrique ». Quatre groupes féminins au style bien distinct, un métissage de rythmes à l’essence africaine et un message commun : la défense des droits des femmes sur le continent. Le chant oriental de Sahra Halgan a hypnotisé le public en début de soirée, de sa belle voix et sa présence scénique solaire. Deux jeunes artistes révélées cette année ont entouré le groupe phare de la soirée, les Amazones d’Afrique. La chanteuse sénégalaise Awa Ly nous a livré sa soul jazz impeccable malgré une impression de déjà entendu. Le groupe d’Ester Rada, chanteuse israélienne d’origine éthiopienne, a clos cette soirée sur des rythmiques jazz afrobeat et des cuivres énergiques : une belle découverte. Les stars maliennes des Amazones d’Afrique, premier groupe uniquement féminin d’Afrique de l’Ouest, étaient au rendez-vous : Mariam Doumbia (du duo Amadou & Mariam), Mamani Keita, Rokia Koné et Kandia Konaté nous ont enchanté de leur chant mandingue et de messages forts à destination des femmes du continent. Ce collectif original s’est créé en 2015, il mêle les générations et rassemble des chanteuses de premier plan. « I Play the Kora » est la première chanson enregistrée par le collectif, dont le but est de dénoncer les violences infligées aux femmes. Ainsi, elles participent à une campagne de financement participatif dont les bénéfices seront reversés à la Fondation Panzi du médecin congolais Denis Mukwege. Destination, le Congo pour la soirée de clôture du festival avec le groupe Paris Kinshasa Express, créé en 2010 par le guitariste Patrick Pellé « Mundélé » et la danseuse Mama Cécilia. Ce collectif musical composé de près d’une dizaine de musiciens (des grandes pointures de la musique congolaise comme le guitariste Elvis Kunku qui officiait auprès de Pépé Kallé ou le percussionniste Oléko Esabé Masamba, mais aussi d’autres horizons avec le bassiste japonais Niwa Koshi) met en valeur les rythmes du Congo et propose une musique métissée qui s’inspire de l’âge d’or de la musique congolaise, de l’OK Jazz à Zaïko Langa Langa avec un zeste d’afrobeat et des textes souvent décalés parfois engagés en lingala et en français. Amoureux de la musique congolaise depuis tout petit, Patrick Mundélé a grandi à Kinshasa et a décidé de rassembler ces fameux musiciens pour livrer un set endiablé. Le Congo s’est définitivement installé à Cajarc ce soir-là, l’énergie communicative du groupe a fait mouche. Africajarc, oyé ! La révélation du festival s’est fait remarquer par deux spectacles en solo et un concert accompagné d’un quintet. Il s’agit du congolais Ki Bongo qui a présenté son premier album « Les Seigneurs de la terre ». Ce multi-instrumentiste passe du hang à la sanza avec talent, et nous fait découvrir son univers sonore original marqué par des rythmes soukous et des textes puissants et poétiques. Ce brazzavillois installé à Blois se produit dans de nombreux festivals en France cet été, il sera du 3 au 5 août au festival « Ingénieuse Afrique » à Foix. Pauline Pétesch Légendes et crédits photo :Photo 1 : Pat Thomas & Kwashibu Area Band (c) ADIAC
Photo 2 : Les Amazones d'Afrique - Mariam Doumbia (c) ADIAC
Photo 3 : Paris Kinshasa Express (c) ADIAC
Photo 4 : Ki Bongo (c) ADIAC Notification:Non |