6e art : Pierre Kroll fait rimer caricatures et humourJeudi 25 Août 2016 - 15:46 Sur scène, dans une sorte de one-man-show atypique où il s’est plu à raconter sa vie et les difficultés de son métier tout en crayonnant de temps à autre, le dessinateur attitré du plus important journal francophone belge, Le Soir, a amusé la galerie la nuit du 23 août dans la Salle Brel du Centre Wallonie-Bruxelles. Le spectacle Pierre Kroll en scène avait duré près de deux bonnes heures sans que la salle ne s’en lasse. En effet, alors qu’il n’est pourtant ni humoriste ni comique de scène, l’artiste a pourtant bien réussi à faire rire le public venu assister à ce show qu’il a assurément trouvé à son goût. C’est dire que l’astuce du dessinateur de presse a bien marché, à savoir qu’il a su présenter, sur un ton à la fois drôle et réfléchi, son discours à propos de son métier. Aux Dépêches de Brazzaville, le caricaturiste a résumé sa représentation de la sorte : « On me demandait très souvent de parler du métier de caricaturiste, d’expliquer comment je suis devenu dessinateur et ce que je fais, comment je pratique le métier, de parler des difficultés de ce métier auquel tout le monde s’intéresse depuis l’attentat à Charlie Hebdo où cinq caricaturistes ont été tués par des islamistes. Et, depuis lors, on ne cesse de me demander, en Europe et même au-delà, d’expliquer ce métier. J’ai choisi de le faire sous forme d’un spectacle où je raconte un peu ma vie, comment je suis devenu ce que je suis et les difficultés du métier du caricaturiste ». Pierre Kroll a livré son spectacle dans un décor assez sobre. Occupait le centre de la scène un pupitre haut orné de quelques caricatures alignées sur son petit rebord en face du public, juste derrière était visible un écran géant. Sur le côté gauche, Ariane Coquelet affairée sur son ordinateur de sorte que tout le long du spectacle, elle assure en synchronisation avec le discours du caricaturiste, la projection des dessins. Un petit écran également placé à même le sol participait au show qui ne manquait pas d’animation. Pierre Kroll effectuait d’incessants va-et-vient entre le pupitre et le côté droit de la scène, le temps d’esquisser rapidement un croquis ou de commenter un dessin réalisé à l’avance et projeté en illustration d’un sujet. Là, le public fait l’expérience de la dextérité du dessinateur dont la spécialité et la force réside dans les dessins qu’il a coutume de réaliser en direct à la télévision pendant les débats politiques. Politiques et people y passent Comme le but c’est de se raconter quitte à parler de sa vie et de son métier, Kroll est parti de sa propre histoire. Évoquant des souvenirs d’enfance avec le père athée, la mère catholique, c’est en même temps un prétexte pour parler de la religion, sa vraie place, ses excès, ses absurdités. Il a un mot sur les catholiques, les Juifs, les musulmans, qu’en est-il du blasphème au juste. Dans ce chapitre, il fait intervenir Salman Rushdie dont il a fait la rencontre… Des sujets de société, il en aborde un certain nombre. Il suffit alors d’un dessin banal d’une crèche, de Marie et Joseph pour mettre sur le tapis le mariage gay, le propos sur les mères porteuses, etc. La subtilité du discours, dessins à l’appui n’échappe pas au public qui ne se retient pas de rire.
Kroll ne fait surtout pas l’impasse sur la politique. Celle d’hier et d’aujourd’hui est passée sous les projecteurs. Un aperçu des caricatures d’autrefois avec en vedette Léopold II et les politiques actuels de Belgique dont la famille royale. L’on se souvient qu’il est le plus connu des dessinateurs politiques en Belgique. Et alors, dans la foulée des dessins du genre apparaissent notamment celles du roi Albert en pantoufles, DSK, Louis Michel, Sarkozy, Maggie De Block et De Gaulle. Le caricaturiste précise que les dessins sur les politiques se rattachent plus à leur manière de gouverner et qu’il s’emploie alors à la relier à leur physique. Des sujets sensibles comme la pédophilie, les handicaps, le terrorisme ou autres catastrophes naturelles et accidents sans oublier les anecdotes autour sont également abordés. Ce, avec notamment l’affaire Marc Dutroux, le déraillement du train à Saint-Jacques de Compostelle, etc. Les people ne sont pas oubliés, dans ce registre, il y a ce dessin sur la mort de Michaël Jackson où l’on voit deux croque-morts indécis face à deux cercueils, l’un noir et l’autre blanc... Rires et exclamations fusent. Kroll parle des commandes de la rédaction du Soir et invite le public à se substituer à elle, quitte à lui proposer un sujet d’actualité à paraître dans le journal du lendemain. Coup de bol, il y en a un justement qui fait la une. Le caricaturiste le sait et y avait songé : cette journée de mardi était ville morte. Ils sont tous unanimes au moins sur un point, elle a eu l’avantage de contribuer à la fluidité du trafic routier. C’est sur un croquis instantané de cette journée que s’achève le spectacle. Ce, sous les amusements nourris d’un public amusé. Nioni Masela Légendes et crédits photo :Photo 1 : L’affiche du spectacle Pierre Kroll en scène
Photo 2 : Pierre Kroll illustrant l’actualité de Kinshasa
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