Mali : quatre hauts responsables de l’ex-junte militaire arrêtés

Lundi 17 Février 2014 - 19:30

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et l’Association malienne des droits de l’homme (AMDH), parties civiles aux côtés des familles de victimes, dans l’affaire dite des bérets rouges, se sont félicitées, le 17 février, de l’avancée essentielle du dossier puisque les intéressés ont été jugés et inculpés de « complicité d’assassinat ». Ils ont été ensuite placés sous mandat de dépôt par un juge d’instruction pour leur responsabilité présumée dans l’assassinat de 21 bérets rouges en avril 2012

Les quatre hauts responsables de l’ex-junte qui ont été jugés les 13 et 14 février, sont le général Yamoussa Camara, actuel chef d’état-major particulier de la présidence ; le général Sidi Touré, ancien directeur de la Sécurité d’État ; le capitaine Amadou Konaré, ancien porte-parole de la junte ; et le lieutenant Tahirou Mariko, ancien aide de camp d'Amadou Sanogo. « Ces arrestations constituent un signal fort dans le processus de lutte contre l’impunité en cours au Mali et confirment que nul ne sera au-dessus de la loi », a déclaré Me Moctar Mariko, président de l’AMDH et avocat des victimes.

Le responsable du Groupe d’action judiciaire (GAJ) de la FIDH et avocat des victimes, Patrick Baudouin, a souhaité que les autorités maliennes assurent convenablement la sécurité des victimes, des témoins, des magistrats et de l’ensemble des acteurs judiciaires en charge de ces procédures judiciaires sensibles afin de « garantir l’exercice d’une justice sereine, impartiale et équitable ». L’AMDH et la FIDH, qui accompagnent devant la justice malienne les victimes de la junte comme celles du conflit au Nord du pays, estiment que les progrès accomplis dans les procédures judiciaires qui concernent des graves violations des droits de l’homme perpétrées au Mali, constituent « une priorité pour lutter contre l’impunité, rendre justice aux victimes et contribuer à une paix durable ».

Rappelons que le 22 mars 2012, le président Amadou Toumani Touré avait été renversé par un coup d’État militaire dirigé par le capitaine Amadou Haya Sanogo. L’auteur de ce coup d’État prit la tête du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNDRE). Ce comité resta l’autorité suprême du pays jusqu’au 12 avril 2012, date de la désignation de Dioncounda Traoré comme président de la transition. Le 30 avril de la même année, les bérets rouges fidèles au président déchu, tentèrent en vain de reprendre le pouvoir. Après 3 jours de combats, les pro-Sanogo réussirent à les arrêter et certains d’entre eux furent torturés dans les geôles. Selon les enquêtes menées par la FIDH, l’AMDH et d’autres organisations de défense des droits humains, le 2 mai, 21 militaires, majoritairement des bérets rouges, détenus au camp militaire Soundiata Keïta de Kati, le quartier général des forces de Sanogo, étaient emmenés dans des camions militaires et sont depuis lors portés disparus.

Saisie pour cette affaire, la justice malienne a ouvert le 26 juillet une procédure judiciaire y relative ; début novembre 2013, le juge d’instruction en charge de l’affaire, a inculpé 17 militaires, dont le général Amadou Haya Sanogo. L’AMDH et 21 familles de victimes des militaires des bérets rouges disparus s’étaient constituées partie civile dans la procédure. Le 27 novembre, à l’issue de son audition par le juge d’instruction, le général Amadou Haya Sanogo a été inculpé de « complicité d’enlèvement » et placé sous mandat de dépôt.

Le 3 décembre, le juge d’instruction a procédé à l’exhumation de 21 corps dans le village de Diago, non loin de Kati, qui correspondraient aux 21 militaires bérets rouges disparus le 2 mai 2012.  Le jour suivant, soit le 4 décembre, la FIDH et l’AMDH ont déposé auprès du juge d’instruction une demande de requalification des charges retenues à l’encontre des inculpés pour « assassinat et meurtre ».

 

Nestor N'Gampoula