Violences à Bangui : la Minusca et le G5 appellent à résister aux manipulations

Mercredi 2 Mai 2018 - 18:30

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La capitale de la République Centrafricaine a connu une nouvelle flambée de violences, le 1er mai, jour de la fête internationale du travail. L’église de Fatima, située non loin du PK5, a été attaquée par des hommes armés en plein culte religieux. Le bilan  fait état d’au moins seize morts et près de cent blessés.

La Minusca accuse les hommes du groupe d’autodéfense de "Force", dont le chef aurait cherché à venger l’arrestation d’un de ses lieutenants il y a trois semaines, au PK5.
« La Minusca appelle au calme suite aux incidents regrettables, incompréhensibles » qui sont « encore une fois les exactions des éléments du groupe criminel Force et ensuite une foule qui a réagi en essayant de s’en prendre à des civils innocents », a déclaré Vladimir Monteiro, porte-parole de la force onusienne. « Nous réaffirmons notre présence aux côtés des forces de défense et de sécurité des autorités pour rétablir l’ordre public dans le PK5. Nous avons travaillé avec les autorités en déployant des patrouilles un peu partout pour ramener le calme », a-t-il ajouté.

Une autre réaction est celle du G5, l’organe qui regroupe l’ONU, l’Union africaine, l’Union européenne, les Etats-Unis, la France et la CEEAC. « La manipulation de la religion pour servir les intérêts de groupes criminels est inacceptable. Nous invitons tous les Centrafricains à faire preuve de modération et résilience et à résister aux manipulations qui veulent faire retomber le pays dans le piège de la violence et de la vengeance, ce que les criminels qui ont perpétré cet acte espèrent provoquer. Cela doit cesser », a déclaré le G5.

L’église de Fatima avait déjà fait l'objet d'une attaque en 2014, occasionnant la mort d'une quinzaine de personnes.  « Il s’agit ici d’une énième provocation de ceux qui ont pensé que le moment était venu de provoquer, de créer du trouble afin que l’on parle encore de conflit confessionnel dans notre pays. Le président de la République fait savoir, par ma voix, que notre gouvernement ne cèdera pas à ces chantages et nous voulons faire savoir à ces personnes qu’elles seront poursuivies jusqu’à leurs derniers retranchements comme ce fut le cas pour certains, et qu’elles seront amenées devant la justice », a réagi le porte-parole du gouvernement, Ange Maxime Kazagui. « Nous avons la conviction ferme qu’il s’agit là d’une manipulation des auteurs de la ruée vers Kaga-Bandoro, afin de créer une psychose, afin d’atteindre leurs desseins », a-t-il poursuivi.

Le président de la République et le gouvernement ont appelé la population à garder le calme « dans la grande tristesse qui est la leur ». « Que les Centrafricains ne tombent pas dans le piège des ennemis de la paix, de l’union et de l’unité. Car ce n’est pas par des vengeances que nous allons consolider cette paix », ont indiqué les autorités. 

Depuis cinq ans, la République Centrafricaine ne parvient pas à sortir de la crise ouverte par la chute du président François Bozizé, renversé en mars 2013 par les rebelles de la Séléka, disant défendre les musulmans. Ce qui avait entraîné une réaction de groupes armés d’autodéfense « anti-balaka ». Aujourd’hui, des groupes armés s’affrontent dans les provinces pour le contrôle de ressources naturelles et dans d'intenses luttes politiques dans un des pays les plus pauvres du monde.
 

Yvette Reine Nzaba

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