Burundi : campagne en cours pour le référendum constitutionnel

Mercredi 2 Mai 2018 - 15:00

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Partis politiques et organisations sont à pied d'oeuvre, depuis le 1er mai, pour tenter de convaincre leurs partisans à voter le 17 mai pour ou contre la réforme de la Constitution. Une opération qui, selon un décret présidentiel, durera quatorze jours.

Rendu public, il y a une semaine, le décret prévoit une peine de « un à trois ans de prison » pour quiconque tentera de convaincre les électeurs de « s’abstenir de voter », même s’il n’est pas obligatoire dans le pays de participer au vote. Seule la campagne pour le « oui » ou le « non » (« Ego » et « Oya en kirundi) est autorisée, précise le décret.

D’après une liste publiée récemment par la Commission électorale, au total, vingt-six partis politiques, en majorité proches du parti au pouvoir CNDD-FDD, et la coalition d’indépendants Amizero y’Abarundi (« Espoir des Burundais ») sont autorisés à faire campagne. Quant à l’opposition en exil, regroupée au sein de la coalition Cnared, elle a d’ores et déjà appelé la population à « boycotter » un référendum qui va, selon elle, signer « l’arrêt de mort » de l’Accord de paix d’Arusha de 2000. Ce texte avait ouvert la voie à la fin de la guerre civile (1993-2006) ayant fait plus de trois cent mille morts.

Si la Constitution burundaise prévoit que toute révision de cette dernière doit être approuvée « à la majorité des quatre cinquièmes des membres qui composent l’Assemblée nationale et des deux tiers des membres du Sénat », un décret signé le 18 mars s’était opposé à cette démarche. Il prévenait plutôt que la réforme sera adoptée si la proportion de votes favorables est de 50% plus une voix, une disposition critiquée par l’opposition et certains observateurs. « Tous les citoyens burundais remplissant les conditions requises par la loi, résidant au Burundi ou à l’étranger, sont appelés à participer au référendum constitutionnel », indiquait le texte.

Quelques partis d’opposition qui sont encore présents dans le pays ont appelé à voter « non » mais leurs dirigeants ont fait savoir qu’ils craignent les « représailles » du pouvoir en cas de boycott du scrutin. Parmi ces formations politiques, il y a le Rassemblement national pour le changement qui, par la voix de son porte-parole, George Nikiza, s’est dit « inquiet » parce que le gouvernement ne leur a pas communiqué officiellement le projet de Constitution révisée pour qu’ils puissent l’étudier et savoir avec certitude « quel est le texte qui sera soumis à l’approbation ou à la désapprobation ».

Une fois la réforme admise, elle va, selon l’opposition, permettre au président Pierre Nkurunziza de rester au pouvoir jusqu’en 2034.  En avril 2015, l’actuel président avait annoncé sa candidature à un troisième mandat. Une décision controversée qui avait plongé son pays dans une crise politique ayant fait au moins mille deux cents morts et plus de quatre cent mille réfugiés, et pour laquelle la Cour pénale internationale a ouvert une enquête.

Malgré le climat qui prévalait dans le pays, le gouvernement burundais avait adopté un projet de révision de la Constitution en octobre 2017, soumis à référendum, qui permettrait au président Nkurunziza, 54 ans et au pouvoir depuis 2005, de briguer, à partir de 2020, deux mandats de sept ans. Ce texte a été critiqué par la communauté internationale, notamment l’Union africaine.

 

 

Nestor N'Gampoula

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