Tchad: une nouvelle Constitution adoptée

Mardi 1 Mai 2018 - 14:17

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

Le texte voté le 30 avril instaure un régime présidentiel et renforce les pouvoirs de l’actuel  président, Idriss Déby. Le scrutin a été boycotté par l’opposition pour protester contre l’adoption du projet de révision constitutionnelle.

Le projet de la nouvelle loi fondamentale a été notamment voté par cent trente-deux voix pour et deux contre. Les trente-trois députés de l’opposition, sur les cent soixante-dix  que compte l’Assemblée, n’ont pas voté ce texte parce qu’ils ne voulaient pas que cela se fasse par voie parlementaire. Avec des organisations de la société civile et l’Eglise catholique, l’opposition voulait plutôt que le projet de révision constitutionnelle soit adopté par référendum.

Issu des résolutions du forum national rassemblant les forces politiques, religieuses et sociales du pays, tenu en mars et qui était boycotté par l’opposition et une partie de la société civile, le texte limite le nombre de mandats présidentiels. Il prévoit singulièrement que le mandat passera à six ans, renouvelable une fois, contre cinq ans renouvelable indéfiniment actuellement. Mais cette limitation ne convainc pas l’opposition qui relève qu’Idriss Déby, 65 ans, dont le cinquième mandat s’achève en août 2023, pourra rester au pouvoir jusqu’en 2033.

La nouvelle Constitution prévoit aussi que les ministres nommés par le président prêteront serment devant lui. Le chef de l’Etat pourra aussi « déléguer certains de ses pouvoirs aux ministres », précise le texte, ajoutant que le gouvernement est responsable devant l’Assemblée nationale et que les députés sont élus au suffrage universel direct.

L’Union nationale pour la démocratie et le renouveau, l’un des principaux partis d’opposition, a dénoncé un « vote quasi mécanique » et appelé les Tchadiens à protester. « Déby seul sera aux commandes, plus qu’il ne l’était déjà », a estimé cette formation politique. « L’ensemble des partis politiques de l’opposition a voulu manifester (…) devant l’Assemblée nationale pour protester contre le vote à l’Assemblée, mais les forces armées étaient présentes tout autour du parlement », a indiqué  le porte-parole du parti, Tchindebbé Patalle.

L’adoption du projet de révision constitutionnelle par l’Assemblée « risque de fausser gravement les règles du jeu démocratique », dans la mesure où le pouvoir y dispose d’une écrasante majorité, a relevé, de son côté, la conférence épiscopale.

Le projet de la nouvelle Constitution est adopté alors que des élections législatives, repoussées depuis 2015, devraient avoir lieu avant la fin de l’année. À l’instar d'autres pays d’Afrique centrale, le Tchad est frappé par une crise économique consécutive à la chute des cours du baril en 2014 mais des tentatives de diversification économique sont en cours.

Allié de l’Occident dans la lutte contre les djihadistes, le Tchad fournit des soldats et des appuis financiers à des forces internationales comme le G5 Sahel, la Force multinationale mixte au Lac Tchad et se bat aux côtés des Français au Mali, dans le cadre de l’opération Barkhane dont le siège est à N’Djamena.

 

Nestor N'Gampoula

Notification: 

Non