Lutte contre le financement de Daech : le décloisonnement de l’information et le partage de bonnes pratiques débattus à ParisJeudi 26 Avril 2018 - 13:00 Plus de soixante-dix pays, cinq cents experts et une vingtaine d’organisations prennent part à la conférence internationale sur le terrorisme « No Money for Terror » qui se tient du 25 au 26 avril, dans la capitale française.
La première journée a été consacrée à l’échange entre les experts du renseignement, de la justice, des procureurs spécialisés, des enquêteurs et des institutions internationales. Le procureur de la République de Paris, François Molins, et le directeur de Tracfin, Bruno Dalles, ont décrypté les enjeux de la rencontre, lors d’une table ronde. Bruno Dalles a expliqué les objectifs de la conférence. Le premier étant de dresser un diagnostic sur l’évolution du terrorisme ainsi que ses sources de financement et le second consistant à établir une meilleure coopération pour anticiper les risques. Sachant que la menace terroriste est « globale », a précisé François Molins, qui a insisté sur « le décloisonnement de l’information, l’incitation des services des différents pays à une meilleure coopération pour obtenir une meilleure judiciarisation du renseignement » et le partage de bonnes pratiques. Le directeur de Tracfin a martelé sur l’évolution des modes de financements de Daech, en contrôlant un territoire, en pillant l’or de Mossoul, en prélevant sur certaines activités économiques, notamment le coton, le pétrole, les biens culturels… avant de revenir sur « la clandestinité et des sources de microfinancements extérieurs », utilisant des collecteurs de fonds, des banquiers clandestins. Le procureur de la République de Paris a noté deux vecteurs de financement de Daech : lazakat, la charité et la ghanima, le butin de guerre. Selon certaines estimations, les terroristes ont eu besoin de vingt cinq mille euros pour les attentats de janvier 2015 et environ quatre-vingt mille euros pour les attentats du 13 novembre. François Molins a insisté sur la recherche et le suivi de l’argent permettant d’identifier et de localiser des terroristes. Ainsi, trois cent vingt collecteurs auraient été identifiés dans le monde. Ils auraient reçu de l’argent en provenance de France. Au-delà de l’aspect financier, quel est l’intérêt de la lutte contre le financement du terrorisme? Bruno Dalles a présenté le nouveau dispositif de Tracfin, la création, en octobre 2015, d’une division de lutte contre le financement du terrorisme, un renforcement des liens au sein de la communauté du renseignement, la sensibilisation du secteur privé (Banques, compagnies de transfert de fonds). A en croire les services de renseignement, Daech détiendrait un butin de trois milliards d’euros. Cet argent serait le fruit de rackets de la population, de trafic d’êtres humains, des puits de pétrole et d’autres exploitations de richesse. Une partie de ce magot serait réinvestie dans des fermes piscicoles. En visite d’Etat aux Etats-Unis, le président Emmanuel Macron a déclaré : "Nous voulons réduire à néant le groupe État islamique". Une preuve que ce groupe n’a pas été entièrement éliminé, bien qu’affaibli militairement. Noël Ndong Notification:Non |