Centrafrique : Amnesty International dénonce « un nettoyage ethnique et les violences interreligieuses »

Mercredi 12 Février 2014 - 11:30

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Dans un rapport rendu public le 12 février, Amnesty International, une ONG de défense des droits de l’homme, appelle la communauté internationale à tout mettre œuvre pour empêcher les nombreux massacres attribués aux anti-balaka qui se poursuivent dans le pays

« Les soldats de la force internationale de maintien de la paix n’ont pas réussi à empêcher le nettoyage ethnique des civils musulmans dans l’ouest de la République centrafricaine », écrit Amnesty International. L’ONG souligne qu’afin « de protéger les communautés musulmanes encore présentes dans le pays, les soldats de la paix doivent faire barrage au contrôle des milices anti-balaka et déployer des troupes en nombre suffisant dans les villes où les musulmans sont menacés »

Selon l’ONG, la situation en Centrafrique, et particulièrement dans la ville de Bangui, ne s’est pas améliorée du fait de la « réponse trop timorée de la communauté internationale », qui a échoué à prévenir la violence et à y mettre un terme.

« Les forces armées chargées de la protection des civils ont hésité à affronter les milices anti-balaka. Elles ont par ailleurs autorisé le déferlement de violence, car elles n’ont pas cherché à combler le vide du pouvoir suscité par le départ des ex-Seleka », affirme le rapport.

« Les troupes internationales de maintien de la paix n’ont pas réussi à stopper la violence. Elles y ont consenti dans certains cas, en laissant les milices anti-balaka remplir au niveau du pouvoir le vide créé par le départ de la Séléka », a déclaré Donatella Rovera, conseillère d’Amnesty International pour les situations de crise.

Selon Amnesty International, toute la communauté musulmane déserte les villes et villages du pays pour « échapper à la folie meurtrière des anti-balaka ». « L’urgence de la situation exige une réponse immédiate, a déclaré Joanne Mariner, conseillère d’Amnesty International pour les situations de crise. Il est temps que l’opération de maintien de la paix en République centrafricaine protège la population civile, se déploie dans les zones à risques et stoppe cet exode massif. »

Même après le départ de Michel Djotodia, les groupes de l’alliance Séléka, qui l’avait conduit à prendre le pouvoir par les armes, ont poursuivi leurs attaques violentes contre les civils chrétiens et leurs biens. Des membres armés de communautés musulmanes, agissant aux côtés de la Séléka, se sont également livrés à des attaques de grande ampleur contre des civils chrétiens.

L’inquiétude de la communauté internationale face aux violences en Centrafrique avait amené le Conseil de sécurité de l’ONU à autoriser, en décembre 2013, le déploiement des forces de maintien de la paix dans le pays. Ces forces, composées de 5 500 soldats de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca), sous mandat de l’Union africaine, et de 1 600 soldats français, de l’opération « Sangaris », se trouvent à Bangui et dans plusieurs villes au nord et au sud-ouest de la capitale.

La violence, la haine et l’instabilité en Centrafrique sont une conséquence directe de la crise qui a débuté en décembre 2012, lorsque la Séléka, très majoritairement musulmane, a lancé une offensive armée qui s’est terminée par la prise du pouvoir en mars 2013. À la tête du pays pendant près de dix mois, les forces de la Séléka ont commis des massacres, des exécutions extrajudiciaires, des viols, des actes de torture et des pillages, et ont incendié et détruit de nombreux villages chrétiens.

Nestor N'Gampoula