Défense et sécurité : le concept de « capacité africaine de réponse immédiate aux crises » sera débattu au sommet de l’UA

Vendredi 31 Janvier 2014 - 12:28

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Réunis depuis le 30 janvier à Addis-Abeba (Éthiopie), les dirigeants africains ont une occasion de répondre aux problèmes de sécurité et aux crises que traverse le continent

L’un des enjeux du sommet est de parvenir à un consensus et de donner à l’Afrique, dans un délai raisonnable, la capacité d’assurer elle-même sa sécurité. Mais le concept de capacité africaine de réponse immédiate aux crises (Caric) proposé comme solution n’emporte pas l’adhésion de tous les États africains.

Les événements du Mali et de la Centrafrique pourraient servir de déclic. Au Mali, les forces africaines ont montré qu’elles n’avaient pas les aptitudes pour faire face à l’offensive des groupes jihadistes qui voulaient marcher sur Bamako. En Centrafrique, les ex-Seleka ont pris en otage la population, commettant des exactions, des assassinats.

Le secrétaire général adjoint des Nations unies chargé des opérations de maintien de la paix explique : « Il s’est produit, au cours des mois écoulés, une évolution notable. L’Union africaine travaillait sur le concept de Force africaine en attente (FAA). Ça n’a pas avancé énormément pour diverses raisons. Maintenant, il y a ce concept de capacité africaine de réponse immédiate aux crises, la Caric […] que nous soutenons à fond. »

Selon lui, les Nations unies ont également comme objectif « de pouvoir accélérer les déploiements des forces qui sont celles de [ses] contributeurs », afin de « fluidifier, rendre plus rapide, plus efficace et plus opérationnel » le processus.

La Caric a reçu le soutien de la France lors du Sommet de l’Élysée pour la paix et la sécurité, qui s’est déroulé en décembre 2013 à Paris. Un mois plus tard, au cours d’une réunion des chefs d’état-major africains, les voix semblaient discordantes.

« Il semble se former un véritable bloc contre la Caric. Certains États, et pas des moindres, estiment que la Caric serait une perte d’énergie et de temps et, surtout, de ressources », analyse Paul Simon Handy, chercheur à l’Institut des études stratégiques de Pretoria (Afrique du Sud), qui évoque également des rivalités entre États.

Parmi les États opposés au projet, il y a le Nigeria, peut-être parce qu’il est porté par l’Afrique du Sud. Le ministre tanzanien des Affaires étrangères, Bernard Mbembe, regrette que parfois « les intérêts nationaux prennent le dessus : parfois, ce sont nos difficultés économiques qui guident notre action ». Pour ces raisons, explique-t-il, l’Afrique ne contribue pas beaucoup aux forces de maintien de la paix et ne parvient pas à mettre sur pied « un bataillon militaire au niveau continental capable de réagir rapidement aux crises ».

Contrairement à la FAA, la Caric fonctionne sur le volontariat : chaque État acceptant d’y participer financerait ses bataillons. Mais certains États moins nantis soupçonnent les volontaires de chercher à renforcer leur hégémonie.

Le directeur d’International Crisis Group pour l’Afrique centrale, Thierry Vircoulon, considère que « le budget de l’UA est trop dépendant des contributions non-africaines ». À ce jour, seuls le Sénégal, le Niger, le Tchad, l’Éthiopie, l’Ouganda et l’Afrique du Sud ont adhéré au projet.

Selon le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, le maillon faible de l’appareil sécuritaire africain est sa logistique : « la mobilité stratégique, la capacité d’entretenir les forces sur le terrain une fois qu’elles sont déployées ». Il compte proposer l’aide de son pays dans ce sens. L’absence de standardisation au sein des forces africaines au niveau de l’entraînement, de l’équipement et de la langue est aussi souvent citée comme handicap. D’où l’option de bataillons nationaux.

Le sommet de l’UA pourrait être l’occasion d’adopter un calendrier plus précis sur le projet Caric.

Noël Ndong