RDC/Centrafrique : les réfugiés en colère contre le Programme alimentaire mondial

Samedi 25 Janvier 2014 - 15:04

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Ces derniers jours, la plus grande organisation humanitaire du monde n’a pas livré autant de nourriture que d’habitude au camp de réfugiés de Boyabo, à une trentaine de kilomètres de la frontière entre les deux pays

En six mois, plus de 8 000 Centrafricains ont été enregistrés dans ce camp, le premier à avoir ouvert en juillet 2013 en RD-Congo. La logistique est mise en place, principalement par le Haut-Commissariat aux réfugiés. À l’heure de la distribution de la nourriture, chaque personne a eu droit à 7 kg de farine, au lieu de 12 kg comme d’habitude. « Le Programme alimentaire mondial (PAM) nous a livré seulement 60 tonnes, or il nous faudrait 90 tonnes. Cela fait très mal, on voit les réfugiés se plaindre », a expliqué Dieumerci Momboi, chargé de la distribution alimentaire.

Le PAM, de son côté, ne cesse de se plaindre du fait que, cette année, les donateurs n’ont pas distribué assez de stocks pour la RD-Congo, raison pour laquelle il est obligé de revoir son aide à la baisse. La semaine dernière, l’organisation annonçait déjà qu’elle commençait à être à court de nourriture à distribuer aux déplacés en République centrafricaine à cause de l’insécurité. Trente-huit camions du PAM transportant du riz sont actuellement bloqués à la frontière de la RCA avec le Cameroun, avec des centaines d’autres véhicules, les conducteurs de camions refusant de traverser la frontière. En conséquence, les stocks de céréales du PAM sont presque épuisés, comme les stocks de légumineuses, selon un communiqué de l’agence humanitaire de l’ONU.

Pendant ce temps, les violences meurtrières continuent à faire rage au nord de Bangui malgré l’appel au calme lancé par la nouvelle présidente de transition, Catherine Samba-Panza lors de sa prise de fonction. Au total, quinze personnes ont été tuées le 24 janvier. Parmi elles, l’ancien ministre, proche de l’ex-rébellion Séléka, Joseph Kalité, assassiné le 24 janvier à coup de machette en pleine rue. Au PK13, dans le nord de la capitale, des pillages ont été également signalés, sur fond de manifestations de haine entre chrétiens et musulmans, entraînant l’intervention de soldats rwandais de la Misca pour calmer la tension.

Les nouvelles séries de violences enregistrées ces derniers jours rappellent que, pour l’instant, il reste encore beaucoup à faire même si l’élection de la nouvelle présidente qui a fait de la pacification du pays sa priorité a été favorablement accueillie dans son pays et ailleurs.

Yvette-Reine Nzaba