Rencontre cordiale entre le pape François et France Hollande

Vendredi 24 Janvier 2014 - 18:23

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Les deux François se sont entretenus vendredi au Vatican de tous les sujets, même de ceux qui les divisent quoique plus diplomatiquement

Côté presse occidentale, on l’annonçait comme la visite de tous les dangers… pour François Hollande ! Empêtré dans des affaires personnelles qu’il a du mal à cantonner dans la seule sphère du privé, engagé dans une politique qui, bien que promise à ses électeurs, n’en déplaît pas moins par certains aspects au Saint-Siège, François Hollande, qui a récemment qualifié le pape François « d’utile », a pourtant achevé le plus normalement du monde sa visite au Vatican.

La rencontre entre le « président normal » et le pape de l’humilité s’est déroulée dans la plus parfaite des cordialités. Une petite bombe a bien explosé quelques heures auparavant à proximité de l’église Saint-Yves-des-Bretons, gérée par la France, endommageant la vitrine d’un immeuble et trois voitures stationnées à proximité. Mais elle n’est pas parvenue à altérer le déroulement millimétré de cette première rencontre entre les deux François.

Le communiqué publié ensuite par le Vatican a été découpé dans le bristol habituel des communiqués solennels de ce type d’événements :  « bonnes relations entre la France et le Saint-Siège » ; « convergence sur les grands sujets internationaux » ; « engagement mutuel à maintenir un dialogue régulier entre l’État et l’Église catholique et à coopérer de manière constructive dans les questions d’intérêt commun »… Même là où les médias s’attendaient à quelque éclat de voix du Vatican, notamment à propos des unions homosexuelles ou de la liberté d’avorter que Paris vient de renforcer, la réprobation du Vatican, si elle a eu lieu, est à trouver dans un très diplomatique énoncé.

« Dans le contexte de la défense et de la promotion de la dignité de la personne humaine, quelques arguments d’actualité ont été examinés, comme la famille, la bioéthique, le respect des communautés religieuses et la protection des lieux de culte », dit le communiqué. Par contre, les positions des deux parties sur la situation de pays comme la République centrafricaine ou la Syrie ont été rapportées avec une parfaite clarté. Sur ce dernier pays, le président a même émis le vœu que le Vatican reçoive une délégation d'opposants syriens. Pour la RCA, aucune ombre : « Les risques d'un conflit interreligieux sont réunis », a déclaré François Hollande ; il faut « tout faire pour appeler au dialogue et à la réconciliation » ; « La France défend partout la liberté religieuse, c'est la patrie de la liberté de conscience, de conviction » ; elle défend cette liberté « par rapport à tous les actes antireligieux qui peuvent être commis. Nous avons la même détermination contre tous les actes, sans distinction », a affirmé le président français.

Les commentateurs, qui s’attendaient à quelques froncements de sourcils de la part du pape argentin devant un chef de l’État dont les déboires conjugaux font les unes de la presse mondiale, en sont pour leurs frais. Ou se seront contentés de la caricature du journal Le Monde (largement reprise par la presse italienne de vendredi). Elle montre le président français à scooter avec deux femmes en selle, arrivant devant le souverain pontife qui annonce : « Qui suis-je pour juger ? ». Une allusion à la célèbre phrase par laquelle il avait dit ne pas condamner les homosexuels.

Lucien Mpama