Justice : Hissène Habré placé en garde à vue au Sénégal

Son avocat, M^e El Hadji Diouf, a confirmé son arrestation « par des gendarmes à son domicile à Dakar et conduit vers une destination inconnue ». Il a qualifié l’arrestation de son client d’« acharnement » et s’interroge sur son « urgence ».

« C’est inacceptable. Habré a des droits qui ont toujours été violés », a-t-il déclaré.

L’ex-président tchadien a été placé en garde à vue à la suite des récentes visites du procureur spécial des chambres spéciales, Mbacké Fall, à Bruxelles (Belgique) et à Ndjamena (Tchad) en vue de préparer son dossier d’accusation, qui sera soumis aux juges d’instruction pour un réquisitoire.

Accusé de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture, Hissène Habré sera jugé, à la demande de l’Union africaine, au Sénégal, où ont été créées des chambres africaines extraordinaires au sein des juridictions sénégalaises pour son jugement. La garde à vue au Sénégal est de 48 heures, renouvelable une fois.

Pour l’avocat américain, Reed Brody, porte-parole de l’organisation de défense des droits de l’homme Human Right Watch, il s’agit d’une « étape majeure ». Le président de l’Association des victimes des crimes du régime de Hissène Habré, Clément Abaïfouta, a fait part de la joie des victimes de « recouvrer [leur] dignité en tant qu’êtres humains ».

En visite à Dakar du 26 au 28 juin, le président américain Barack Obama a abordé le dossier avec son homologue sénégalais, Macky Sall, saluant les efforts de ce dernier pour la tenue du procès.

Une commission d’enquête a estimé à plus de 40 000 le nombre de personnes mortes en détention ou exécutées sous Hissène Habré, dont 4 000 identifiées. Première juridiction africaine pour juger un Africain, le tribunal spécial a été doté d’un budget de 7,4 millions d’euros, financé notamment par l’Union européenne et les États-Unis.