Vatican et États-Unis ensemble dans la lutte pour la paix en Afrique

Vendredi 17 Janvier 2014 - 13:51

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Parfaite concordance de vues entre les deux États, parfait accord pour la fin urgente de la guerre au Soudan du Sud et des violences en Centrafrique

La rencontre de mardi dernier, au Vatican, entre le secrétaire d’État américain et le secrétaire d’État du Saint-Siège, le futur cardinal Pietro Parolin, a eu pour thème la paix en Afrique. Outre les autres questions de brûlante actualité comme la Syrie et la situation au Moyen-Orient, les deux hommes ont conversé sur l’urgence de ramener la paix dans des pays troublés comme le Soudan du Sud et la République centrafricaine. La rencontre a duré deux heures, un temps inhabituellement long en diplomatie.

Et au-delà des paroles convenues du porte-parole du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, qui a indiqué que cet « entretien s’est déroulé dans une atmosphère fructueuse et positive », on déduit que plus qu’une simple rencontre, il s‘est agi d’un véritable atelier de travail. Kerry et Parolin, pour parler prosaïquement, semblent avoir « bossé dur », puisqu’ils se sont trouvés en parfaite syntonie sur la plupart des sujets débattus. Un consensus s’est en effet dégagé entre eux pour le retour rapide de la paix en Centrafrique et au Soudan du Sud.

Un premier résultat de cet engagement commun est que, jeudi, c’est l’armée américaine qui a convoyé vers Bangui les 850 soldats rwandais venus renforcer les effectifs de la Misca, la mission de l’Union africaine en Centrafrique. Aux côtés des contingents congolais (des deux rives), burundais, équato-guinéen ou camerounais de cette force, ils vont œuvrer ensemble avec la mission française Sangaris pour un retour de la paix en Centrafrique.

Le même volontarisme est également visible au Soudan du Sud. L’indépendance du pays en juillet 2011, après scission d'avec le Soudan, a été fortement soutenue de part en part par les Américains. Et la bienveillance du Vatican n’a pas fait défaut, lui qui quêtait un havre de paix pour les chrétiens jadis persécutés par les populations musulmanes du Soudan. Dans le courant de la semaine, l’Ouganda, généralement proche des États-Unis, a annoncé disposer de soldats sur le terrain pour épauler les forces du président sud-soudanais Salva Kir, engagé dans une lutte féroce contre les partisans armés de son ex-vice-président Riek Machar. De là à penser que l’amicale pression des États-Unis a eu des effets à Kampala, il n’y a qu’un pas, allégrement franchi par maints commentateurs.

Mais le colloque entre John Kerry et Mgr Parolin a aussi porté sur d’autres aspects de la situation africaine. Notamment la question des persécutions religieuses dans le monde. Un récent rapport de l’institut Pew de Washington indique que les conflits religieux ont atteint, l’an dernier, un niveau jamais atteint auparavant. Sur le continent africain, où les violences en Centrafrique font constamment craindre un basculement vers la confrontation entre musulmans et chrétiens, la situation a continué à empirer au Nigéria, en Égypte, en Somalie, au Kenya…

La baisse constatée des conflits de cette nature en Éthiopie et en Côte d’Ivoire ne doit pas faire diversion, note Pew, puisque la région d’Afrique du Nord continue de se situer dans les mauvais classements en matière de respect des communautés religieuses diverses. Églises et édifices chrétiens ont été attaqués dans le monde en 2012 ; chrétiens et musulmans (plus de la moitié de la population mondiale) comptant parmi les victimes majoritaires des violences sur fond religieux même en Afrique.

Le Saint-Siège et les États-Unis ont montré une parfaite identité de vues sur toutes ces questions lors de la rencontre Kerry-Parolin au Vatican. Les approches peuvent diverger, mais les buts poursuivis sont les mêmes. Là où le Vatican prône de préférence le dialogue et la paix par la négociation, les États-Unis ajoutent que l’usage de la force, de préférence sous mandat de l’ONU, ne sera pas dédaigné pour accélérer la réalisation de ces nobles objectifs.

Lucien Mpama