Afrique du Sud : Jacob Zuma échappe à une nouvelle motion de défiance

Mercredi 9 Août 2017 - 13:15

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Après huit motions de défiance à son encontre, le président sud-africain, Jacob Zuma, échappe une nouvelle fois à la démission forcée. Les parlementaires sud-africains ont rejeté mardi une sixième motion de défiance visant à démettre de ses fonctions le président Jacob Zuma impliqué dans les affaires de corruption.

Sur 384 députés présents, 198 ont réitéré leur confiance au président lors d’un vote, après-midi au Cap.177 parlementaires ont voté en faveur de la motion, et 9 abstentions d’après la présidente de l’Assemblée, Baleka Mbete.

Au pouvoir depuis 1994, le parti de Nelson Mandela, le Congrès national africain (ANC), a sauvé les meubles au prix de fortes divisions internes en déboutant l’initiative portée par les partis d’opposition.

« Nous avons prouvé une nouvelle fois que l’ANC est le parti du peuple », a déclaré le président Zuma devant le Parlement, peu après l’annonce des résultats du vote. « Nous représentons la majorité, l’opposition inonde les médias de propagande selon laquelle l’ANC n’aurait plus le soutien du peuple », a-t-il lancé sous les acclamations de ses partisans.

Pour la première fois, le vote s’est tenu à bulletin secret, comme le réclamait l’opposition, et non à main levée, comme c’est le cas habituellement. Annoncé par surprise la veille du scrutin, le caractère secret du vote nourrissait les espoirs des anti-Zuma et des marchés financiers. Le rand sud-africain s’est ainsi apprécié face au dollar, lundi, le président étant perçu comme l’artisan de la débâcle économique du pays, plongé depuis juin en récession. Il a reperdu 1,3 % face au dollar dès la publication des résultats du vote.

Les députés d’opposition se sont succédé à la tribune avant le vote pour dénoncer la « capture de l’Etat » par les Gupta, la richissime famille d’origine indienne qui alimente la chronique politique en Afrique du Sud depuis des mois. Fin mai, les révélations des GuptaLeaks entre 100 000 et 200 000 courriels auxquels plusieurs journaux ont eu accès ont levé le voile sur les schémas de corruption par lesquels les frères Gupta pèsent sur les décisions du sommet de l’Etat.

De leur côté, les députés de l’ANC ont tenté de défendre leur chef de file, accusant plutôt l’opposition d’orchestrer un « coup d’Etat ». « Il s’agit d’une machination impérialiste visant à demander des changements de régime un peu partout dans le monde, le but étant d’obtenir le départ de dirigeants qui refusent une hégémonie globale répressive », a déclaré le ministre des Arts et de la culture, Nathi Mthethwa.

Nommé par l’Assemblée nationale en 2009 puis réélu en 2014, Jacob Zuma n’avait pourtant plus l’approbation des institutions et d’une partie de ses alliés politiques. En mai, déjà, il avait échappé de justesse à une motion de défiance au sein de son propre parti, l’ANC, après le remaniement ministériel controversé de mars. Sa formation lui reprochait notamment son népotisme.

Yvette Reine Nzaba

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