Centrafrique : l’ONU retrace les trafics d’armes des groupes armésJeudi 3 Août 2017 - 14:36 Un rapport des experts de l’ONU, rendu public le 1er août, a dévoilé les circuits des trafics d’armes que font les groupes armés dans le pays. Les experts des Nations unies s’inquiètent des conséquences de ces trafics sur la population civile. Ce rapport, d’au moins 126 pages, est rendu public dans un contexte où les transgressions des droits humains et les violences armées continuent de se faire enregistrées dans le pays, et intervient après celui des violations des droits de l’Homme appelé « Mapping ». Selon ce document, le trafic d’armes et le recrutement des combattants locaux et étrangers se poursuivent entre les frontières avec les deux Soudan, le Tchad et les deux Congo. A sa limite avec le Tchad, le rapport révèle que Haroun Gaye, sous le coup de sanctions, « continue de superviser le trafic d’armes mené par la coalition à Tissi, principale plaque tournante du trafic pour le FPRC où se rend occasionnellement Noureddine Adam. Des véhicules venant d’Um Dukhun (Soudan) transitent par le Tchad puis par Tissi », où les armes se vendent au vu et au su de tout le monde, deux fois par semaine. il note aussi qu’en janvier 2017, Abdoulaye Hissène a reçu d’importantes quantités de matériel militaire en provenance de Ngarba, à la frontière tchadienne, qui ont ensuite été acheminées vers Ndélé, Kaga-Bandoro, Bria et Ippy, via Akoursoulbak. Dans la préfecture de l’Ouham, la faction al-Khatim du MPC conserve ses réseaux de trafic, et, pour le MPC, les villes frontalières de Sido, Kabo et Markounda sont considérées comme les principaux points d’entrée. Le FPRC semble également avoir réactivé ses contacts au Soudan du Sud pour acquérir des armes. Des véhicules qui viendraient du Soudan du Sud, auraient livré des armes et des munitions à Issa Bachir à Ndélé. Plusieurs sources affirment au groupe d’experts onusiens que Moussa Assimeh, qui était l’un des plus importants généraux de la Séléka en 2013, recrute des combattants soudanais armés et fait entrer des armes dans le pays. L’UPC lutte pour sa survie Ce document souligne que sous la pression de la coalition dirigée par le FPRC, les revenus et le stock d’armes de l’UPC ont diminué. Pour les experts de l’ONU, l’UPC continue donc d’acquérir des armes et munitions depuis la République démocratique du Congo (RDC), ce qui est essentiel pour sa survie. L’UPC a également réactivé ses contacts au Soudan et au Soudan du Sud pour se procurer des armes par l’axe Djema-Obo-Zemio-Mboki-Bangassou. En rappel, le 8 décembre 2016, la Minusca a saisi 27 chargeurs de fusils d’assaut de type AK47 et plus de 6 478 cartouches auprès de trafiquants à Rafaï, dont deux étaient de nationalité soudanaise. Arsenal des anti-Balaka Les miliciens Anti-balaka n’ont pas été épargnés par ce rapport. Si ces combattants sont équipés d’armes artisanales et de munitions de chasse, de nouveaux réseaux d’approvisionnement activés leur ont permis d’acquérir des armes conventionnelles, principalement des fusils d’assaut de type AK-47 et des lance-roquettes. Des armes et munitions sont également acheminées clandestinement depuis la RDC et le Congo-Brazzaville, par le fleuve Oubangui et le port fluvial de Ouango dans le 7e arrondissement de Bangui. Les trafiquants ont indiqué au groupe d’experts qu’en décembre 2016, ils avaient collecté des armes à Géména (RDC) et en mai 2017, les autorités centrafricaines ont saisi 6 000 cartouches de chasse provenant de Zongo à Port Beach à Bangui. Depuis novembre 2016, des armes sont chargées à bord d’embarcations dans le port d’Impfondo cette fois-ci au Congo et livrées à Bangui. La Minusca a saisi en avril dernier dans des boutiques locales de Bangassou, actuelle plaque tournante principale du trafic d’armes, 11 275 cartouches Macc et 136 machettes vendues par des personnes venues de la RDC. Cette saisie montre que les combattants anti-Balaka se sont mis au trafic dans la préfecture de Mbomou. Depuis le déclenchement de la crise en Centrafrique, le pays a été frappé par un embargo sur l’importation d’armes à destination de Bangui, qui empêche l’armée nationale d’en procurer et de jouer pleinement son rôle. Paradoxalement, les groupes armés continuent de s’armer et causent d’énormes violations des droits humains. Josiane Mambou Loukoula et RJDH Notification:Non |