Burundi : vers la fin de la limitation des mandats présidentiels

Samedi 13 Mai 2017 - 13:45

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Après avoir reçu un rapport sur les consultations menées depuis près d’un an, le président burundais, Pierre Nkurunziza, a mis en place le vendredi 12 mai, une commission pour réviser la Constitution du pays.

Cette commission est chargée de proposer dans un délai de six mois une révision de l’actuelle loi fondamentale, qui pourrait notamment inclure la fin de la limitation des mandats présidentiels. Elle est constituée de 14 hommes et une femme, tous membres ou proches du CNDD-FDD, le parti au pouvoir, selon des sources concordantes.

Le rapport des consultations affirme notamment que la « majorité » des personnes sur les 26 000 consultées ont en commun « la volonté de supprimer la limite des mandats ». Ce qui ne surprend guère puisque Pierre Nkurunziza avait laissé entendre en décembre 2016 qu’il pourrait se représenter en 2020, « si le peuple le demande ». « Le peuple peut décider chaque fois qu’il le désire (de réformer) la Constitution », avait-il déclaré, suggérant ainsi qu’il était prêt à réviser l’actuelle Constitution, dont l’article 96 prévoit que le chef de l’État « est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois ».

La réélection de Pierre Nkurunziza en 2015, à un troisième mandat controversé, a déclenché une grave crise politique au Burundi, qui n’est toujours pas réglée. Des divergences sur l’interprétation de l’article susmentionné de la Constitution sont à l’origine de cette crise actuelle. Quant à Pierre Nkurunziza, il avait été élu une première fois par le Parlement en 2005, dans le cadre d’un mécanisme de sortie de guerre civile (1993-2006) prévu par l’accord d’Arusha (2000), puis une deuxième fois au suffrage universel en 2010. Il considère donc que son premier mandat ne compte pas, ce qui l’a autorisé à se représenter fin avril 2015 à un troisième mandat, avant d’être réélu en juillet de la même année.

Du côté de l’opposition, de la société civile et une partie de son camp, l’on juge au contraire que ce troisième mandat est contraire à la Constitution et à l’accord d’Arusha, ce qui précipite le pays dans une grave crise qui perdure. Les opposants au régime ont dénoncé cette velléité de révision de la Constitution. « Ce n’est pas une surprise car ceci est la consécration d’un projet mûri de longue date par M. Nkurunziza en vue de régner à vie, à cause de sa vision messianique », a réagi Charles Nditije, le président du Cnared, plateforme de l’opposition. « Son objectif est de casser le verrou des deux mandats et d’enterrer l’accord de paix d’Arusha. C’est une déclaration de guerre au peuple burundais, qui ne va pas se laisser faire », a-t-il poursuivi.

L’ONU estime que la crise burundaise a déjà fait entre 500 et 2.000 morts, et poussé plus de 400.000 Burundais à l’exil.

Nestor N'Gampoula

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