Gambie : le président de la commission électorale s’est enfui au Sénégal

Mercredi 4 Janvier 2017 - 10:30

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C’est par crainte pour sa sécurité que le président de la Commission électorale indépendante gambienne, Alieu Momar Njie, s’est réfugié au Sénégal, selon des sources concordantes.

 

Cette fuite intervient alors que la Gambie est plongée dans une impasse électorale après l’élection présidentielle officiellement remportée par l’opposant Adama Barrow, face à Yahya Jammeh qui dirige la Gambie d’une main de fer depuis 22 ans.

D’après un membre de sa famille qui a requis l’anonymat, cité par les mêmes sources, Alieu Momar Njie a fui après avoir appris que « les autorités gambiennes complotaient contre lui et son équipe ». C’est pour la même raison que certains membres de son équipe sont également partis pour le Sénégal.

Pour certains observateurs, la fuite du président de la commission électorale gambienne à Dakar pourrait justifier les malentendus  existant entre les deux pays, dont les relations ont toujours été compliquées.

Yahya Jammeh avait, dans un premier temps, reconnu sa défaite au scrutin présidentiel du 1er décembre et félicité l’homme d’affaires Adama Barrow vainqueur de l’élection, selon les résultats proclamés le 2 du même mois par la Commission électorale indépendante. A la grande surprise des Gambiens, il rejeta catégoriquement ces résultats le 9 décembre et réclama un nouveau scrutin, en assurant qu’il demeurait président tant que la Cour suprême ne se serait pas prononcée sur son recours, qui doit être examiné le 10 janvier prochain.

Depuis son revirement, Yahya Jammeh est condamné par la communauté internationale, qui lui demande de céder le pouvoir au président élu à l’expiration de son mandat le 19 janvier. Plusieurs pays lui demandent, en effet, de permettre une transition apaisée. Une délégation de la Cédéao s’était rendue à Banjul pour l’en convaincre, mais en vain.

Le 13 décembre dernier, les forces de sécurité gambiennes avaient fermé le siège de la commission électorale sur ordre des autorités. Et son personnel s’en était vu interdire l’accès, sans explications. Tenant compte de la situation qui prévaut dans ce pays, le président de la Commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), Marcel Alain Souza, a évoqué récemment des décisions « les plus draconiennes » possibles si la diplomatie échouait à ramener Yahya Jammeh à la raison. Il qualifiait l’option militaire de « solution envisageable » pour investir Adama Barrow, le président élu dans ses nouvelles fonctions.

Réagissant dans un message télévisé à la nation à l’occasion du Nouvel An, le président gambien qui conteste sa défaite à l’élection du 1er décembre face à l’opposant Adama Barrow, a estimé qu’en le pressant de quitter le pouvoir, la Cédéao lui a fait « une déclaration de guerre ».

« C’est, en fait, une déclaration de guerre et une insulte à notre Constitution. C’est donc totalement inacceptable », a déclaré le chef de l’Etat gambien. « Nous sommes prêts à défendre le pays contre toute agression et il n’y aura aucun compromis à ce sujet », a averti le président, qui réitère sa demande d’annulation de l’élection présidentielle.

Pour ce faire, il a exclu de participer à toute négociation avec la Cédéao en raison de sa « partialité », tant qu’elle maintiendrait sa position d’envisager voies et moyens de le pousser à quitter le pouvoir.

Pour Yahya Jammeh, la décision de la Cédéao d’imposer les résultats de la présidentielle « par tous les moyens possibles est totalement illégale, car elle viole le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures de ses Etats membres ». « Sans la quête de la justice dans le cadre de la Constitution gambienne et sans la levée de la menace d’usage de la force dans la position de la Cédéao, l’impasse demeurera, avec le risque d’une escalade en confrontation militaire », a-t-il prévenu.

 

    

 

 

 

Nestor N'Gampoula

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