Traque de la LRA : la force africaine poursuit ses opérations

Mercredi 11 Décembre 2013 - 14:19

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La Force régionale d’intervention (FRI) de l’Initiative de coopération régionale conduite par l’Union africaine pour l’élimination de l’Armée de résistance du Seigneur (ICR-LRA) continue d’enregistrer des progrès, notamment en République centrafricaine (RCA), annonce un communiqué de la Commission de l’UA

Selon le communiqué, le 6 décembre, dix-neuf membres de la LRA appartenant au groupe commandé par le « lieutenant-colonel » Obur Nyeko, alias Okuti, avait fait défection et s’étaient rendus à un détachement du contingent ougandais de la FRI à Zemio, en RCA. « Les transfuges se sont rendus avec des armes et des munitions », est-il précisé.

La Commission de l’UA souligne que « cette évolution est une illustration de la dynamique croissante que connaît la mise en œuvre du mandat de l’ICR-LRA, en particulier après le lancement de l’opération Monsoon. »

« Depuis août 2013, la FRI a libéré nombre de personnes enlevées, détruit plusieurs camps de la LRA en RCA et en République démocratique du Congo (RDC), désorganisé les réseaux logistiques du groupe et diminué sa capacité de combat », poursuit l’UA. Elle a saisi cette occasion pour réitérer sa gratitude à la FRI et aux pays membres de l’ICR-LRA pour leurs efforts et leur engagement.

La force africaine fait état des progrès enregistrés dans la lutte contre la LRA alors que tout récemment, le 22 novembre, le porte-parole de la présidence centrafricaine avait assuré que des négociations étaient en cours entre les autorités du pays et le chef rebelle ougandais pour aider les nombreux civils qui le suivent. Guy-Simplice Kodégué avait apporté cette précision après les doutes exprimés par les États-Unis sur le fait que le président centrafricain Michel Djotodia serait en contact avec Joseph Kony qui, d’après Bangui, souhaiterait déposer les armes et se rendre. « Il y a des enfants, des femmes, des vieillards, qui sont des apatrides : tout cela a amené les autorités centrafricaines, et le chef de l’État en premier lieu, à envisager une phase de négociation afin de leur porter secours », avait déclaré le porte-parole de la présidence, ajoutant que toutes ces personnes vivaient avec les combattants dans une région isolée de la Centrafrique.

Guy-Simplice Kodégué avait aussi indiqué que le temps était arrivé de trouver une solution à la situation de Joseph Kony. « Le président Michel Djotodia appelle la communauté internationale à se saisir de cette situation parce que la Centrafrique a déjà trop de problèmes. L’État n’a pas les moyens de faire face à ses propres problèmes pour en rajouter d’autres, et les charges qui pèsent sur Joseph Kony sont lourdes », soulignait-il. Et de poursuivre : « Les États-Unis ont mis beaucoup de moyens, notamment de l’argent, du matériel et des hommes pour traquer Kony. Cela dure encore. C’est une position qu’ils défendent, mais nous pensons qu’il faut donner tout son sens à la démarche du chef de l’État, afin d’éviter à la Centrafrique de sombrer dans un autre cycle de violences […]. Si les États-Unis sont parvenus à mettre la main sur Ben Laden, c’est parce qu’ils ont envisagé plusieurs options et il faut mettre toutes les options en jeu en ce qui concerne Joseph Kony. S’ils veulent entrer en contact avec lui, il y a des moyens à mettre en œuvre. »

Mais toute l’attention de la communauté internationale se porte plutôt sur la Centrafrique, qui est elle-même plongée dans des violences. Faute d’une solution négociée annoncée par Bangui, la traque de Joseph Kony et de ses partisans doit donc se poursuivre dans le but de chercher à ramener la paix dans les pays où ses troupes sèment la terreur et la désolation.

Depuis 2008, l’armée ougandaise, appuyée par une centaine de soldats américains des forces spéciales, pourchasse les rebelles de la LRA, un mouvement armé originaire d’Ouganda. Cette chasse à l’homme, pour laquelle Washington a offert cinq millions de dollars, s’est poursuivie loin du territoire ougandais, en RDC, au Soudan et en RCA sans parvenir à aucun résultat. Elle s’exécute désormais dans le cadre d’une opération de l’Union africaine et rassemble quelque trois mille hommes.

Un rapport de l’ONU estime que la LRA a tué plus de cent mille personnes en Afrique centrale ces vingt-cinq dernières années. Le texte souligne que le mouvement a enlevé soixante à cent mille enfants et déplacé 2,5 millions de personnes depuis 1987. Joseph Kony et plusieurs de ses lieutenants sont depuis lors recherchés par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Active dans le nord de l’Ouganda depuis 1988, la LRA a lancé ses opérations en 2005 dans le nord-est de la RDC, ainsi qu’en Centrafrique et au Soudan du Sud. Ses combattants sont tristement célèbres pour se livrer à des pillages, des viols, mutilations, meurtres et enrôlements forcés d’enfants utilisés comme soldats ou esclaves sexuels.

Nestor N'Gampoula