Intégration : Cécile Kyenge demande de la visibilité pour tirer les immigrés de l’illégalitéMardi 3 Décembre 2013 - 16:47 Pour la ministre italienne de l’Intégration, acculer les immigrés à la clandestinité, c’est faire l’affaire des réseaux criminels Un drame de l’immigration vient encore de frapper en Italie. Alors que l’on commémore la mort par noyade de plus de 300 immigrés à Lampedusa il y a tout juste deux mois, un incendie s’est déclenché lundi soir dans une fabrique textile de la ville de Prato (Toscane), tuant sept des ouvriers chinois qui y travaillaient et y dormaient. L’émotion a été grande. Beaucoup ont découvert le prix que valent réellement les produits à bas prix fabriqués par les Chinois, parfois pour des marques de luxe, et vendus sur tout le territoire et en Europe. Pour la ministre italienne de l’Intégration, Cécile Kyenge Kashetu, d’origine congolaise, « beaucoup de ces personnes ont été traitées à la limite de la condition humaine, réduites à l’esclavage, et je ne pense pas que ces postes de travail étaient situés sur une autre planète au point de ne rien savoir de leur existence ». Il est un fait que la ville de Prato s’est bâtie une réputation de manufacture italienne du textile. Et que depuis une décennie, la ville qui compte plus de Chinois que de locaux, a vu les usines et fabriques passer totalement aux mains des Asiatiques. L’incendie de lundi s’est déclenché dans un baraquement, sans doute causé par un mégot de cigarette ou un chauffage défectueux en ces temps de grand froid sur la péninsule. La réponse à la répétition de tels drames doit être l’intégration, a estimé la ministre. « Le thème de l’intégration doit redevenir un thème d’actualité fort. Toutes les politiques sur l’immigration doivent partir de l’intégration. Il faut faire sortir les personnes de l’invisibilité qui les fait trop facilement tomber dans les mains de ceux qui les exploitent », a-t-elle poursuivi. Mais la ministre se veut également réaliste, invitant à analyser le problème sous toutes ses facettes. « Pour contrer le phénomène de l’immigration clandestine, nous devons sortir de la seule politique d’urgence. L’engagement de l’Europe doit être plus fort, parce qu’il y a de trop nombreux fils qui relient à des réalités qui peuvent exploser en urgence. Nous devons sortir de cette logique. Cela veut dire : prévention, investissement dans l’accueil, donc investissement dans le futur », a estimé la ministre italienne. Même si les chiffres ne se ressemblent pas, ils se suivent et revêtent quand même un sens de réelle gravité. L’institut universitaire européen de Florence vient ainsi de calculer que depuis 1998, ce sont 620.000 clandestins qui ont débarqué sur les côtes européennes, soit une moyenne de 40.000 par année. Et depuis 2001, la mortalité des clandestins est en forte hausse. Les Chinois décédés à Prato, dont on cherchait toujours mardi à établir l’identité et à retrouver le/les patrons-recruteurs, étaient tous des clandestins, selon la police. Si l’on en croit les chiffres de l’institut de Florence, depuis 2011 les nationalités les plus représentatives parmi les clandestins qui débarquent en Italie ont été les Tunisiens, les Érythréens, les Nigérians, les Somaliens, les Syriens, les Afghans, les Ghanéens et les Maliens. « Des pays d’Afrique sub-saharienne ou d’Asie dans lesquels prendre contact avec une ambassade occidentale pour demander le droit d’asile, peut se révéler périlleux », affirme l’institut. Lucien Mpama |