Diasporas et business : une bonne gouvernance des migrations est un facteur incontournable de développementVendredi 6 Décembre 2013 - 10:13 L’apport multiforme des migrants pour les pays d’accueil et d’origine est d’ordre financier, social, culturel ou simplement humain L’Organisation internationale pour les migrations (OIM), acteur majeur de la gestion des questions migratoires, a souligné, lors de la première conférence ministérielle sur la diaspora en juin 2013 à Genève, que les diasporas constituaient un pont entre les sociétés d’origine et d’accueil et étaient un véritable facteur clé du développement. Cette affirmation s’illustre par les transferts de fonds des diasporas, par leur volonté d’investir ou d’attirer des investisseurs dans le pays d’origine, donc par le business. Diaspora, expertise et entrepreunariat Lorsqu’on parle des avantages de la diaspora dans l’entrepreneuriat, allusion est souvent faite à la formation et l’expertise acquises dans les pays à grande tradition entrepreneuriale (souvent les pays du Nord). Mais ces avantages sont-ils les uniques atouts de ceux qui vivent hors des frontières nationales ? Ces atouts suffisent-ils à stimuler la création d’entreprises dans les pays d’origine (souvent les pays en développement du Sud) ? En réfléchissant sur les prérequis à établir afin de favoriser l’esprit d’entreprise dans les diasporas, plusieurs mécanismes facilitateurs s’imposent : les États doivent prendre des mesures de protection et de soutien pour le bien-être de leurs diasporas, mises en pratique par les représentations diplomatiques et consulaires ; la circulation d’une information utile et fiable par le biais de sites dédiés à la création d’entreprises et la vulgarisation des lois et règlements relatifs au business dans le pays ; le climat et l’environnement des affaires dans le pays d’origine ainsi que l’accès au crédit s’avèrent être des éléments facilitateurs de l’investissement de la diaspora. Création d’un fonds d’investissement À l’issue du premier sommet de la diaspora africaine tenue en Afrique du Sud en mai 2012, l’un des projets phares retenus était la création d’un fonds d’investissement de la diaspora. Les transferts de fonds des diasporas, maillon essentiel dans la chaîne de la lutte pour la réduction de la pauvreté et élément stimulant la création de PME et TPE, doivent faire l’objet d’une évaluation systématique pour en mesurer l’impact sur le développement et pouvoir légitimement en exiger la baisse des frais. Pour parler des avantages qu’apporte la diaspora dans le business, les échanges d’expérience entre les pays ont révélé qu’au-delà de la formation de pointe reçue et de l’expertise acquise, les diasporas possèdent un atout non négligeable qui doit être pris en compte dans les stratégies de développement : le lien culturel, d’appartenance et d’identité avec le pays d’origine qui souvent permet d’atteindre plus efficacement la cible et donne un visage humain au business. Certains investisseurs se sentent en confiance à l’étranger, quand ils y sont introduits par la diaspora, avec laquelle ils sont proches culturellement. Par ce biais, les diasporas apportent des idées innovantes et ouvrent leurs pays aux capitaux étrangers, devenant ainsi, selon les conclusions de la conférence de l’OIM sur la diaspora : « L’élément fédérateur des différences culturelles, des valeurs, des croyances, des systèmes politiques sur lesquels on arrive à faire des affaires, du commerce et également à nouer des partenariats culturels et diplomatiques. » Le cas de la République du Congo Pour ce qui est de la République du Congo, l’État réalise d’importantes réformes structurelles et a pris plusieurs mesures en vue de l’amélioration de l’environnement et du climat des affaires : le ministère des Petites et Moyennes Entreprises met en place la Maison de l’entreprise ; la transparence est le maître mot dans l’exploitation et la gestion des industries extractives. Pour faciliter la création et le développement des PME a été créé le fonds de garantie et de soutien aux petites et moyennes, destiné à faciliter le démarrage et le fonctionnement des PME. Ces différentes mesures prises dans le domaine des affaires sont susceptibles de faciliter l’investissement en général. Cependant, il n’existe pas de mécanismes dédiés exclusivement à l’éclosion de l’investissement de la diaspora. Le plan national de développement ne met pas l’accent sur l’apport de la diaspora. Le système bancaire en surliquidité au Congo pourrait être exhorté à accorder des crédits à la diaspora qui investit, en mettant en place des mécanismes étatiques qui apporteraient des garanties. Des mesures incitatives et motivantes, visant à attirer les opportunités que peut apporter la diaspora congolaise, doivent être examinées à court, moyen et long terme : un fonds de soutien à l’investissement de la diaspora ; une Maison des Congolais de l’étranger ; des mesures d’exonération ou de réduction de taxes liées à la création et au fonctionnement de l’entreprise d’un Congolais de l’étrange ; clarifier le lien entre diaspora et développement dans le cas du Congo et faire de la migration un sujet national. En conclusion, la question du lien entre la migration et le développement est relativement nouvelle dans le monde globalisant du xxie siècle. Pour ce faire, chaque pays doit bâtir une politique en cohérence avec celle de sa sous-région et celle du monde relative à ce lien et en évaluer l’impact sur son propre développement. Les États ont un rôle important à jouer dans la mise en place de conditions favorables à l’investissement des diasporas. Les mécanismes susceptibles de stimuler l’investissement des diasporas sont autant de moyens mis dans l’émergence d’une classe moyenne avec une culture de créateurs d’emploi dans les pays qui en sont dépourvus. L’économie italienne reprend de la vigueur grâce à l’immigration La présence de cinq millions d’étrangers s’est accompagnée de la création de près de 500 000 nouvelles entreprises L’étude, renforcée par un rapport conjoint de l’Idos, une institution religieuse et du Département gouvernemental contre la discrimination raciale, l’Unar, révèle par ailleurs que la population immigrée rapporte plus qu’elle ne coûte à l’économie italienne. Car, mis à part les interventions d’urgence dans le domaine de la lutte contre l’immigration clandestine, l’État italien a encaissé en 2011 environ 13,3 milliards d’euros en impôts, taxes et autres versements de la part des immigrés. À l’inverse, il a dépensé 11,9 milliards en leur faveur : le bénéfice net est donc en faveur des caisses de l’État, avec un solde de 1,4 milliard d’euros. Lucien Mpama Édith Itoua Légendes et crédits photo :Édith Itoua, Conseillère au département des Congolais de l’étranger de la Présidence de la République du Congo-Brazzaville
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