Centrafrique : des soldats français, soupçonnés de sévices, dans le collimateur de la justiceMardi 21 Juin 2016 - 14:30 Le parquet de Paris a ouvert la semaine dernière une enquête contre des soldats français de l’opération Sangaris, soupçonnés d’avoir passé à tabac deux Centrafricains à Bangui ou d’avoir laissé faire. Les intéressés sont visés notamment pour « violences volontaires en réunion », « menaces avec armes » et « non-assistance à victime ». L’enquête doit tenter de comprendre pourquoi ces soldats s’en sont pris à des Centrafricains et pourquoi le ou les officiers présents n’ont pas empêché les faits. Ouverte à la suite d’un rapport de commandement du ministère français de la Défense transmis à la justice, cette enquête a été confiée à la gendarmerie prévôtale, chargée des investigations sur les crimes et délits commis par des militaires lors d’opérations extérieures. En attendant la suite de l’enquête, une procédure disciplinaire a également été engagée et pourra aboutir, selon le ministère français de la Défense, « à une éviction de l’armée ». Ces « mesures de suspension » à l’encontre des soldats soupçonnés avait été annoncées en début juin par le ministère, notamment dès que l’affaire avait été révélée par le quotidien régional Ouest-France. Dans l’entourage du ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, on parle de quatre autres militaires qui font aussi l’objet de sanctions parce qu’après avoir pris connaissance des faits, « ils n’en n’ont pas rendu compte » à leur hiérarchie. Cette nouvelle affaire embarrassante pour l’armée après les récents scandales d’abus sexuels est sérieuse, en ce sens que les violences qui sont reprochées à ces soldats auraient entraîné une incapacité totale de travail de plus de huit jours aux victimes. Avant cette nouvelle affaire, les éléments de l’opération Sangaris et les Casques bleus d’autres contingents étaient déjà mis en cause dans des scandales de viols, d’abus ou d’exploitation sexuels présumés, notamment sur des mineurs. Pour ce qui est des militaires français, ils sont notamment visés par trois enquêtes judiciaires en cours à Paris. La première porte sur une information judiciaire confiée à un juge d’instruction alors que les deux autres enquêtes préliminaires du parquet doivent faire la lumière sur ces accusations portées contre des soldats. Déployée en Centrafrique en décembre 2013 avec l’accord de l’ONU, la force Sangaris a pour mission de rétablir la paix dans ce pays en proie à l’anarchie et aux massacres communautaires. Son mandat prendra fin en décembre prochain, au terme d’un désengagement progressif : ses effectifs sont passés de plus de 2.500 militaires au plus fort de la crise à 650 présentement. C’est grâce à la présence de la force française et au déploiement de 12 000 Casques bleus de la Mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation des Nations unies en République Centrafrique (Minusca) que les violences sont retombées dans ce pays. Nestor N'Gampoula Notification:Non |