Gratuité de la césarienne : des patients se plaignent des pratiques du personnel soignantSamedi 18 Juin 2016 - 16:15 Pour lutter contre le taux élevé de mortalité maternelle constaté pendant des années, le Congo a mis en œuvre, à travers un décret présidentiel, la gratuité de la césarienne dans plus d’une trentaine de structures hospitalières depuis 2011. Malheureusement, depuis un moment, certains agents de santé s’adonnent à de mauvaises pratiques consistant à détourner des kits destinés aux malades, et les vendre à d’autres patients qui sont dans le besoin. L’élément déclencheur de cette dénonciation, c’est celui d’une jeune femme qui devait subir une césarienne à l’hôpital de base de Makélékélé, après que le gynécologue ait constaté qu’il était impossible pour elle d’accoucher par voie basse. Pour sauver sa fille, la mère qui l’accompagnait était obligée de se soumettre aux exigences du personnel soignant en déboursant une forte somme, alors que le kit réservé pour réaliser l’acte de césarienne existait bel et bien dans le magasin. Il s’agit entre autres, des compresses, du perfuseur, des gants, du SGI 5%, du RI 500ml, etc. Après avoir été mis au courant, le directeur de cet hôpital, le docteur Antoine Loussambou qui s’est dit gêné, n’a pas hésité de condamner ce genre de comportement qui vient ternir, a-t-il dit, l’image d’un hôpital exemplaire qui, « nonobstant le manque de dotation en kits depuis un certain temps, s’efforce à sa manière de faire en sorte que la gratuité de la césarienne se réalise tous les jours ». Pour la victime, il s’agit de détecter les agents de santé racketeurs et vendeurs clandestins de produits pharmaceutiques aux patients sans prescription médicale au sein des Hôpitaux. « Notre devoir, c’est de prodiguer des conseils et de redresser, et dans le cas présent, nous avons instruit le chef de service de commencer à conseiller les sages-femmes. Mais, moi-même aussi, à plusieurs reprises j’ai eu à tenir des réunions au cours desquelles je continue à faire un travail d’éducation. Nous continuerons à éduquer afin que d’autres personnes ne puissent pas en pâtir », a déclaré le directeur. « Nous avons 674 agents dans cet hôpital. Chacun vient avec sa culture, son éducation et ses objectifs. Lorsque vous dirigez ce genre d’administration, il faut mettre en place un règlement intérieur permettant de situer tout le monde pour éviter le désordre, malheureusement, on trouvera toujours les gens malhonnêtes. Si la personne récidive, nous lea mettons à la disposition de la direction départementale comme on l’a déjà fait dans le passé ». Et, pour le cas d’espèce, « réparation sera faite », a promis le directeur. Certains de ses agents sont dans le faux certes, mais le directeur de cet établissement sanitaire a toutefois loué les efforts que fourni cet hôpital dans la mise en œuvre de la gratuité de la césarienne. Au départ, a-t-il expliqué, c’était le ministère de la Santé qui dotait les hôpitaux des kits, mais, depuis fin 2015, ils ne reçoivent plus de produits. « Face à ce vide, nous nous débrouillons pour réaliser la gratuité de la césarienne ». « Le fait que la sage-femme ait suivi la patiente pour l’empêcher d’acheter les médicaments en pharmacie, parce qu’elle en avait, est condamnable. Mais ce geste illégal ne peut pas venir effacer le rôle clé que joue cet hôpital. Car l’hôpital de Makélékélé est l’unique jusqu’à ce jour à pratiquer la césarienne gratuite », s’est défendu le directeur. La vente illicite des médicaments et la corruption gangrènent tous les hôpitaux Tous les jours, la population victime ne cesse de dénoncer ce genre de pratiques, mais en vain. Le phénomène de la vente illicite des médicaments par le personnel soignant a déjà pris des proportions inquiétantes. Il n’est pas exagéré d’affirmer qu’il n’y a pas de service de santé qui soit épargné de ces pratiques corruptrices. En dehors de la vente des médicaments par le personnel soignant, s’ajoute la corruption qui est devenue une norme de conduite souvent sur l’initiative même des professionnels de santé. Les hôpitaux sont particulièrement vulnérables. La solution, la mieux indiquée pour lutter contre la vente illicite des médicaments par le personnel soignant, a dit le directeur de l’hôpital de Makélékélé, est d’ouvrir les pharmacies hospitalières qui auront pour rôle d’inclure la prise en charge du malade jusqu’à sa sortie de l’hôpital. Le secteur sanitaire est par essence celui dans lequel ce genre de comportement devrait être absent dans la mesure où il est incompatible avec le rôle social que doivent jouer les structures de soins. Une fois débarrassés de toute forme de corruption, les hôpitaux deviendront plus performants et joueront réellement leur fonction sociale en offrant des prestations de qualité. En plus les gains financiers pourraient être efficacement affectés dans les investissements hospitaliers, la motivation et l’amélioration des conditions de travail du personnel. Yvette Reine Nzaba Légendes et crédits photo :-Vue partielle du centre hospitalier de Makélékélé Notification:Non |