Terrorisme nucléaire : Washington accueille un sommet international pour combattre la menace

Jeudi 31 Mars 2016 - 13:51

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Cinquante chefs d’Etat et de gouvernement se sont rencontrés jeudi le 31 mars à Washington, aux Etats-Unis, à la faveur d’un sommet sur la sécurité nucléaire, en grande partie consacré à la menace du terrorisme nucléaire. Une occasion qui réunit la communauté internationale jusqu’au 1er avril dans le but de combattre la menace que représente le terrorisme nucléaire dans le monde.

Obsédés par la menace du terrorisme nucléaire depuis les attentats du 11 septembre, les Etats-Unis et d’autres pays redoutent qu’un groupe terroriste fasse un jour exploser une bombe atomique parce que le risque de terrorisme radiologique ou d’attentats « à la bombe sale » est bien réel.

Pour ce faire, la rencontre de Washington devra offrir aux dirigeants mondiaux un forum pour renforcer, devant les plus hautes instances, leur engagement à améliorer la sécurité de leur matériel nucléaire et radiologique, et à combattre le terrorisme nucléaire. Les Etats-Unis ont organisé ce sommet afin de continuer à coordonner les efforts internationaux dans la lutte contre cette forme de terrorisme.

« Le sommet prévoit la poursuite des discussions sur les menaces à la sécurité nucléaire et l’élaboration de mesures conjointes à prendre afin de réduire autant que possible l’utilisation d’uranium fortement enrichi, de sécuriser les matériaux vulnérables, de lutter contre la prolifération nucléaire et de prévenir les tentatives de terrorisme nucléaire », selon un communiqué.

Les Etats-Unis sont axés sur « le renforcement de l’architecture internationale de sécurité nucléaire basée sur les normes internationales », a assuré la Maison Blanche. Déjà dans son discours prononcé en 2009 à Prague, le président américain Barack Obama, fort de la politique de son pays dans ce cadre, avait qualifié le terrorisme nucléaire de « menace la plus immédiate et la plus extrême à la sécurité mondiale ».

Pour le Premier ministre canadien, Justin Trudeau qui participe aux assises de Washington, son pays « appuie la mise en place d’un cadre multilatéral solide pour lutter contre le terrorisme nucléaire dans le monde, l’une des plus graves menaces qui pèsent sur la sécurité internationale ». «Nous sommes déterminés à travailler en collaboration avec la communauté internationale afin de prévenir le terrorisme nucléaire, qui représente une menace sociale, politique, économique et environnementale très réelle », a-t-il déclaré. « Nous devons prendre les mesures nécessaires pour améliorer notre sécurité collective pour que les Canadiens et la population mondiale puissent se sentir en sécurité et libres dans leur communauté.», a ajouté Justin Trudeau.

La Russie a annoncé qu’elle ne participera pas au Sommet sur la sécurité nucléaire à Washington. Réagissant à cette décision, la Maison Blanche l’a qualifiée d’occasion manquée et déclaré que Moscou s’isolait dans ce domaine. « La Russie ne fait que s’isoler des discussions sur de tels sujets », a déclaré Ben Rhodes, conseiller adjoint de la Sécurité nationale de la Maison Blanche, ajoutant que la Russie et les Etats-Unis continuaient de collaborer dans le domaine de la sécurité nucléaire.

Le danger du terrorisme nucléaire est permanent, estime le secrétaire général de l’AIEA

Quelques jours avant ce sommet, le secrétaire général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Yukiya Amano, a évoqué la menace grandissante du terrorisme nucléaire et appelé le monde à se prémunir contre cette forme de terrorisme. « Les Etats membres doivent manifester un intérêt accru à renforcer la sécurité nucléaire », a-t-il déclaré, ajoutant que  « Le terrorisme se répand et la possibilité que des matériaux nucléaires soient employés ne peut pas être exclue ». Le chef de l’autorité nucléaire des Nations unies a souligné que la possibilité d’un attentat de ce type, aux conséquences dévastatrices, peut de moins en moins être exclue. « C’est désormais une technologie ancienne et de nos jours les terroristes ont les moyens, les connaissances et les informations » pour réaliser une telle bombe, a-t-il estimé.

Le risque qu’un groupe terroriste se dote d’une arme nucléaire est certes aujourd’hui faible, mais il n’est pas nul, en particulier si ce groupe terroriste bénéficiait de l’aide d’un État. Les terroristes pourraient surtout envisager une agression contre des installations accueillant des matières nucléaires ou radioactives ou un attentat par dispersion de matières radioactives.

C’est pour cela que le secrétaire général de l’AIEA a dit qu’outre le risque d’attaque directe sur l’une des installations nucléaires dans le monde, la principale menace provient du vol de matériaux radioactifs. Pour illustrer son propos, Yukiya Amano a fait savoir que durant ces deux dernières décennies, l’organisation qu’il dirige a recensé près de 2 800 cas de trafic, de détention illicite ou de perte de telles substances.  

Le danger est permanent puisqu’il existe dans le monde suffisamment de plutonium et d’uranium enrichi pour fabriquer l’équivalent de 20 000 bombes utilisées à Hiroshima, selon le Panel international sur les matériaux fissiles, un groupe d’experts. Et l’Etat islamique pourrait facilement fabriquer de telles armes qui répandraient des substances radioactives au moyen d’un explosif classique. « Des bombes sales seraient suffisantes pour semer la panique dans n’importe quelle grande ville dans le monde », a poursuivi le secrétaire général de l’AIEA, précisant que ce genre de bombe pourrait être confectionné avec des matériaux nucléaires largement répandus dans les hôpitaux ou les universités.

Rappelons que le premier sommet sur la sécurité nucléaire avait été organisé à Washington en 2010. Les deuxième et troisième sommets ont été organisés respectivement à Séoul en 2012, en Corée du Sud, et à La Haye, au Pays-Bas en 2014. Ce processus a permis de mobiliser les États au plus haut niveau politique pour que les moyens suffisants soient consacrés au renforcement des régimes nationaux de sécurité nucléaires ainsi qu’à renforcer les coopérations internationales pour prendre en compte les risques identifiés.

 

 

 

 

 

Nestor N'Gampoula

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