Terrorisme nucléaire : un sommet d’une cinquantaine de pays prévu fin mars à WashingtonSamedi 26 Mars 2016 - 12:00 Les dirigeants d’une cinquantaine de pays se réuniront à Washington, aux Etats-Unis, les 31 mars et 1er avril prochains, à l’invitation du président américain, Barack Obama, pour réfléchir sur des mesures à prendre conttre le terrorisme nucléaire. En attendant cette rencontre, le secrétaire général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Yukiya Amano, a évoqué la menace grandissante du terrorisme nucléaire et appelé le monde à se prémunir contre cette forme de terrorisme. « Les Etats membres doivent manifester un intérêt accru à renforcer la sécurité nucléaire », a-t-il déclaré à l’AFP, ajoutant que « Le terrorisme se répand et la possibilité que des matériaux nucléaires soient employés ne peut pas être exclue ». Le chef de l’autorité nucléaire des Nations unies a souligné que la possibilité d’un attentat de ce type, aux conséquences dévastatrices, peut de moins en moins être exclue. « C’est désormais une technologie ancienne et de nos jours les terroristes ont les moyens, les connaissances et les informations » pour réaliser une telle bombe, a-t-il estimé. Le risque qu’un groupe terroriste se dote d’une arme nucléaire est certes aujourd’hui faible, mais il n’est pas nul, en particulier si ce groupe terroriste bénéficiait de l’aide d’un État. Les terroristes pourraient surtout envisager une agression contre des installations accueillant des matières nucléaires ou radioactives ou un attentat par dispersion de matières radioactives. C’est pour cela que le secrétaire général de l’AIEA a dit qu’outre le risque d’attaque directe sur l’une des installations nucléaires dans le monde, la principale menace provient du vol de matériaux radioactifs. Pour illustrer son propos, Yukiya Amano a fait savoir que durant ces deux dernières décennies, l’organisation qu’il dirige a recensé près de 2 800 cas de trafic, de détention illicite ou de perte de telles substances. « Il est très possible que ce ne soit que la partie émergée de l’iceberg », a-t-il affirmé. Le danger est permanent puisqu’il existe dans le monde suffisamment de plutonium et d’uranium enrichi pour fabriquer l’équivalent de 20 000 bombes utilisée s à Hiroshima, selon le Panel international sur les matériaux fissiles, un groupe d’experts. Et l’Etat islamique pourrait facilement fabriquer de telles armes qui répandraient des substances radioactives au moyen d’un explosif classique. « Des bombes sales seraient suffisantes pour semer la panique dans n’importe quelle grande ville dans le monde », a poursuivi le secrétaire général de l’AIEA, précisant que ce genre de bombe ne nécessiterait pas d’uranium enrichi ou de plutonium et pourrait être confectionnée avec des matériaux nucléaires largement répandus dans les hôpitaux ou les universités. Cela parce que ces locaux sont généralement beaucoup moins bien gardés qu’une installation classique. En France par exemple, l’on redoute ces risques puisque les centrales nucléaires du pays ont été survolées à plusieurs reprises par des drones non identifiés. Pour Yukiya Amano, ce type de menace reste sous-estimé parce que la Convention sur la protection physique des matières et des installations nucléaires qui seule peut obliger les Etats à protéger ces matières, n’a toujours pas pu entrer en vigueur onze ans après sa signature, faute d’un nombre suffisant de ratifications. « Le plus gros problème provient des pays qui ne reconnaissent pas le danger que représente le terrorisme nucléaire », a souligné le chef de l’autorité nucléaire des Nations unies. Rappelons que les précédents sommets sur la sécurité nucléaire s’étaient tenus successivement en 2010 à Washington, en 2012 à Séoul et en 2014 La Haye. Ce processus a permis de mobiliser les États au plus haut niveau politique pour que les moyens suffisants soient consacrés au renforcement des régimes nationaux de sécurité nucléaires ainsi qu’à renforcer les coopérations internationales pour prendre en compte les risques identifiés.
Nestor N'Gampoula Notification:Non |