Les Africains prennent pied dans la diplomatie du Vatican

C’est un trait commun des trois derniers pontificats : la diplomatie du Saint-Siège fait de plus en plus la part belle à l’Afrique. Le Vatican y noue des rapports officiels avec les États (dernier exemple, le Tchad), au point qu’une infime minorité d’entre eux seulement (Mauritanie, Comores et Somalie notamment), tous musulmans, n’entretiennent pas de relations diplomatiques avec lui. Mais les Africains sont eux-mêmes de plus en plus présents dans les rangs des ambassadeurs du Vatican dans le monde. Cette réalité ira très certainement en se consolidant, car les prêtres africains sont désormais en quantité non négligeable en formation à l’institut ecclésiastique pontifical.

D’ailleurs, ce prestigieux établissement, situé en plein centre historique de Rome, qui forme les ambassadeurs du Vatican, les nonces apostoliques, était dirigé récemment encore par un ancien d’Afrique, Mgr Beniamino Stella, dont le premier poste en tant qu’ambassadeur a précisément été le Congo-Brazzaville. En septembre dernier, il est monté en grade, le pape l’ayant nommé préfet de la congrégation pour le clergé, c’est-à-dire le ministère chargé des prêtres catholiques du monde entier. Jusqu’au mois dernier aussi, c’est un fils d’Afrique, le Nigérian Jude Thaddeus Okolo, qui était l’ambassadeur du Vatican en Centrafrique et au Tchad ; il vient à peine d’être affecté en République dominicaine. De même, le nonce apostolique au Bénin et au Togo est également aujourd’hui un Africain – un autre Nigérian -, Mgr Brian Udaigwe. Nommé en avril dernier, il a été accueilli avec une liesse non feinte par la communauté igbo de Cotonou, « en tant que frère et voisin ».

La liste des Africains commence à s’allonger depuis que le premier d’entre eux, l’Ougandais Augustine Kasuja (un autre ancien de Brazzaville !) a inauguré la voie sous le pape Jean-Paul II qui le nomma nonce apostolique à l’île Maurice et aujourd’hui au Nigéria (après l’Algérie). Le rang des diplomates nigérians du Vatican se renforce par ailleurs aussi de Mgr Fortunatus Nwachuku, qui fut le chef du protocole du pape Benoît XVI.

Mais l’Afrique centrale n’est pas en reste ! Mgr Léon Badikebele Kalenga (notre photo), originaire de République démocratique du Congo, a eu le Ghana comme premier poste d’affectation. Il est aujourd’hui nonce apostolique au Salvador et à Belize, alors que Mgr Novatus Rugambwa, Tanzanien, qui a rang de nonce lui aussi, a été rappelé au Vatican où il travaille à la Curie romaine. Naturellement, le Vatican affirme toujours que les nominations ne font pas partie de plans de carrière. Et, donc, si des papes ont d’abord été nonces apostoliques, ce n’est pas forcément par ce biais qu’un Africain deviendra pape. Mais, même au Vatican, on sait que les voies du Seigneur sont insondables…