Bruxelles : rassemblement de contestation contre l’hommage à Léopold II

La ville de Bruxelles prévoyait d’organiser, le17 décembre, au pied de la statue du souverain à la place du Trône une cérémonie en vue de commémorer les 150 ans de l’accession au trône du roi Léopold II. L’évènement a finalement été annulé à la dernière minute, à la suite de la pression exercée par des associations congolaises regroupées au sein du « Collectif mémoire coloniale et lutte contre les discriminations » (CMLCD) qui regroupe des organisations comme « Nouvelle voie anticoloniale » (NVA) » et « Change ASBL ». Certaines personnalités du monde politique belge avaient également exprimé leur réserve en rapport avec cette commémoration. Néanmoins, malgré l’annulation, la place du trône à Bruxelles, où est érigée une statue de Léopold II, a été prise d’assaut par des membres de la communauté congolaise et quelques belges venus manifester leur indignation, leur colère et demander à la ville de Bruxelles de s’excuser pour cette « initiative insultante qui a choqué toute personne attachée à la dignité humaine ». Initié par le CMLCD, ce rassemblement a été avant tout l’occasion de commémorer la mémoire des millions de morts victimes du régime de Léopold II au Congo.

Ériger un monument à la mémoire de Lumumba

Pour ce faire, les organisateurs ont exigé que la ville de Bruxelles ainsi que les autorités belges clarifient leur position vis-à-vis des exactions durant la colonisation. Ils ont également demandé la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire qui porte sur ces exactions commises contre les populations congolaises par l’État indépendant du Congo. Par ailleurs, le CMLCD exige que la ville de Bruxelles réforme l’enseignement par rapport à l’histoire de la colonisation en mettant en exergue la violation des droits de l’Homme, la résistance des peuples et l’apport de ces peuples à l’essor économique de l’Europe. « Par rapport à l’éducation et à la citoyenneté qu’un accent soit mis sur la propagande coloniale qui a construit le racisme structurel qui perdure jusqu’aujourd’hui », explique le CMLCD qui exige également que soient érigés un monument et une place à la mémoire de Lumumba « comme un début de la reconnaissance et de la réparation des exactions perpétrées au Congo ». Des photos de Patrice Lumumba ont ainsi été placardées sur la statue de Léopold II.

Refuser de jouer le jeu de l’invisibilité

Les membres de la Nouvelle voie anticoloniale se définissent comme des immigrés et des enfants d’immigrés refusant de jouer le jeu de l’invisibilité et de l’assimilation qu’on leur impose ; refusant également de rester muets « face à cette culture coloniale et raciste qui vient nous frapper au visage quotidiennement ». Du boulevard Léopold II à la rue des colonies, explique l’organisation, la capitale européenne ne manque pas de références et d’allégeances à un passé sanglant. « Et le sang qui a coulé, c’est celui des nôtres, les morts oubliés, ce sont les nôtres, c’est notre histoire qu’on insulte », martèle la NVA.  Le mouvement se dit ainsi déterminé à faire apparaitre au grand jour les mécanismes racistes, à s’opposer à toute forme de paternalisme, à s’opposer aussi à un antiracisme institutionnel et/ou moral qui n’a fait jusqu’alors que rendre invisible la question structurelle du racisme.