VSV : plaidoyer pour la prise en charge des familles de pécheurs déguerpies des abords du fleuve Congo

Mardi 29 Septembre 2015 - 14:15

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L’ONG a sollicité du gouvernement des mesures urgentes d’accompagnement et de réinsertion sociale en faveur des victimes du déguerpissement forcé et leur indemnisation effective afin de leur faciliter la réinsertion sociale en lieu et place.

Dans une communication du 28 septembre, la Voix des sans-voix pour les droits de l’Homme (VSV) s’est dite vivement préoccupée par le déguerpissement forcé infligé à des centaines de pêcheurs ainsi qu’à leurs dépendants ayant élu domicile aux abords du Fleuve Congo. L’ONG a regretté que ces personnes y soient délogées de force, sans indemnisation ni une quelconque mesure d’encadrement de la part des autorités.

La VSV a fait allusion notamment à des pêcheurs des sites communément appelés « Nganda Mabanga » situés en face du Musée national  (ex-Mont Ngaliema), à côté de l’Hôpital de la Rive, à Kinshasa/Ngaliema ; « Nganda Lilita » situé au quartier Basoko à Kinshasa/Ngaliema, derrière la Chapelle de l’Église protestante, à côté des installations de la société Chanimetal.

Citant les informations qui lui sont parvenues, la VSV a indiqué que ces différents sites avaient été occupés par des centaines des personnes (hommes, femmes et enfants) toutes catégories confondues et ce, depuis la fin des années 1950 et début 1960. « Lesdits sites avaient été principalement habités par des pécheurs, originaires des provinces de l’Équateur et de Bandundu dont les parents à l’époque, une fois atteints par la maladie de la lèpre, étaient placés en quarantaine dans leurs milieux respectifs, puis renvoyés à Kinshasa en compagnie de leurs familles restreintes et placés en observation à l’Hôpital de la Rive, jadis spécialisé dans la prise en charge des personnes atteintes par ladite maladie », a expliqué cette ONG. Au fil du temps, a-t-elle poursuivi, les enfants de ces malades ont commencé à se marier, procréer et se sont vus ainsi obligés de construire des abris de fortune à côté dudit hôpital, de s’y installer et de pratiquer la pêche artisanale pour leur survie, jusqu’à ce qu’ils y soient délogés, le 25 septembre.

Un préavis de 48 heures

Selon la VSV, une délégation des autorités civiles et militaires congolaises constituée principalement des responsables de la Garde républicaine (GR), des forces armées, de la Police nationale, de l’Agence nationale de renseignements, des représentants de la commune de Ngaliema, des ministères de l’Urbanisme et Habitat, des Affaires foncières…a effectué, le 23 septembre, une descente dans ces différents sites où elle a sommé les occupants de vider les lieux endéans 48 heures, au risque de subir la rigueur de la loi. Ces menaces ont été mises en exécution le 25 septembre, lorsque « tôt le matin, contre toute attente et sans leur accorder un délai de grâce supplémentaire, les forces de l’ordre ont effectué des descentes sur ces différents sites et ont procédé sans ménagement au rasage (démolition) de tous les abris de fortune construits par les pêcheurs, en les délogeant de force et en jetant dans la nature leurs femmes et enfants dont certains sont déjà à l’âge de scolarité ».

Devant cette réalité, la VSV a rappelé qu’autant il est reconnu aux autorités congolaises le droit de garantir l’ordre et la sécurité sur toute étendue du territoire national, autant il incombe aux mêmes autorités l’obligation de prendre en compte la situation sociale des centaines de famille déguerpies manu militari et dont la plupart sont des personnes indigentes ne vivant que de la seule activité de pêche artisanale pour subvenir à la survie de leurs progénitures. Dans cette optique, l’ONG a sollicité du gouvernement de prendre des mesures urgentes d’accompagnement et de réinsertion sociale en faveur des victimes du déguerpissement forcé et de procéder à leur indemnisation effective afin de leur faciliter la réinsertion sociale en lieu et place.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Cette dame et sa petite fille ont vu leur maison de fortune détruite par la police en juin 2012 / Ph. John Bompengo

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