Italie : voir Lampedusa et mourir…

Samedi 12 Octobre 2013 - 14:54

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Plus d’une cinquantaine de noyés dans une autre tragédie de l’immigration aux approches de l’île italienne de Lampedusa

Seulement une semaine après une précédente et effroyable catastrophe, l’île italienne de Lampedusa et la République de Malte s’apprêtent de nouveau à enterrer des dizaines d’autres immigrés noyés en mer. Cette fois, la tragédie s’est nouée vendredi, et elle a concerné encore une fois quelques 300 désespérés éthiopiens et érythréens entassés dans une embarcation de fortune et partie des côtes libyennes ou tunisiennes. Au survol de leur bateau par un avion militaire, les immigrés se seraient amassés d’un seul côté du bateau pour tenter d’attirer l’attention sur eux, faisant involontairement chavirer leur embarcation.

Plus de 140 rescapés sont arrivés vendredi à La Valette, capitale de Malte, qui se situe à mi-chemin entre les côtes libyennes (ou tunisiennes) et Lampedusa, la porte d’entrée la plus proche pour des centaines d’intrépides voulant à tout pris gagner l’Europe. Il y a une semaine, plus de 500 d’entre eux avaient quitté les côtes tunisiennes et vu s’embarquer l’eau sur leur rafiot, à quelques 500 mètres seulement de Lampedusa. Les recherches menées jusqu’à ces dernières heures par les secouristes italiens ont permis de récupérer 330 corps parmi les passagers qui provenaient déjà en majorité d’Érythrée et d’Éthiopie.

Alors que la maire de Lampedusa, Giusi Nicolini, appelle désespérément à l’aide, sa petite île n’ayant « plus de place ni pour les vivants ni pour les morts », le Premier ministre maltais déplore quant à lui que la « Méditerranée soit en train de devenir un cimetière ». Le constat est poignant, mais il faut une bonne dose de cécité pour ne s’apercevoir qu’en 2013 d’une tragédie sans fin qui a fait, disent les humanitaires, plus de 25 000 morts en une vingtaine d’années. Lampedusa a attiré les projecteurs de l’actualité sur une question qui attend des sérieuses réponses d’humanité et d’équité, mais combien d’anonymes gisent au fond de la mer, ou « reposent » avec un simple caillou comme pierre tombale dans les cimetières du littoral ou le désert en Libye, en Tunisie, au Maroc ou en Espagne ?

Lucien Mpama