Migrants: l’hécatombe (suite, mais pas fin)

Dans les rédactions, la question de l’immigration a élu domicile au secteur des chroniques indéboulonnables. Pas même le temps de sécher l’encre des rotatives ou de chercher des titres que de nouveaux drames arrivent. Dilemme : faut-il annoncer la découverte de 9 nouveaux corps de samedi; des 21 d’avant-hier ou des 200 morts de ce mercredi ? On affleure littéralement la capacité humaine de saturation dans l’horreur. Les chiffres ne veulent plus rien dire, même s’ils quantifient pourtant des drames humains. Depuis le 19 avril dernier, quelque 700 migrants sont toujours prisonniers d’une embarcation qui a coulé au large des côtes siciliennes. Ils gisent par plus de 3000 mètres de fond !

Le nouveau drame est survenu mercredi après-midi au large des côtes libyennes. Un  bateau, en principe de pêche, mais chargé à ras-bord de migrants, connaît une avarie et lance un appel de détresse. À l’arrivée des secours, tout le monde afflue du côté d’où viennent les sauveteurs. Sous le poids le bateau chavire. Classique et remake, car ce n’est pas la première fois qu’un tel accident survient dans les mêmes circonstances. Une opération de secours massive a permis de récupérer 400 survivants et 25 corps mercredi soir, mais il y avait plus de 600 personnes à bord, selon les témoignages.

Les secours se sont montrés de grande efficacité ; tous les navires croisant dans la zone se sont portés au secours des infortunés qui quittaient les côtes libyennes pour gagner l’Europe par l’Italie du sud. Un bébé fiévreux et un migrant ayant une jambe cassée, ont pu être hélitreuillés vers l'île voisine de Lampedusa. Les secouristes craignent que ce naufrage ne soit parmi les plus grandes catastrophes de ce type depuis celui d’avril. Les recherches se poursuivaient dans la zone jeudi.

Les organisations humanitaires se plaignent d’un manque de moyens pour sauver plus de vies. Mais l’Europe semble groggy devant l’ampleur de tous les chiffres. Près de 200.000 migrants sont arrivés en Europe, en Italie et en Grèce principalement, depuis le mois de janvier. Plus de 2000 migrants sont morts dans leur tentative de traverser la Mer Méditerranée à bord d’embarcations de fortune, selon l’Organisation internationale des migrations (OIM). L’Italie se dit débordée et appelle à l’aide. France et Grande-Bretagne se barricadent à leurs frontières intérieures alors que des migrants passés sans doute par l’Italie font le forcing pour gagner Londres par le port français de Calais.